Le Journal D'une Blune

13 novembre

Il me jète un coup d'œil, son visage est tout pâle, où est donc passer Mister-Self-Confidence ?
Au passage je remarque qu'il a une très jolie mâchoire et de grands cils que je lui envie tout de suite , je n'avais jamais remarqué ce détail chez lui.
Non vraiment , j'espère qu'il n'est pas là pour me cracher dessus.

Il arrête de me regarder et fixe l'horizon devant lui en avançant d'un air décidé. Je ne dis rien , j'attends qu'il parle, c'est lui qui m'a donné rendez vous ici au départ. Je fixe l'horizon à mon tour , essayant d'y trouver un quelconque intérêt. Du trottoir , des arbres , des gens qui courent pour attraper leurs bus.

Puis soudain il prend la parole tout en continuant à regarder devant lui , un muscle tic dans sa mâchoire , comme si ce qu'il s'apprêtait à dire lui coûtait :

- Je voulais .... - Il s'arrête puis recommence en faisant la grimace - Je voulais .....m'ex-cu-ser... du comportement que j'ai eu avec toi depuis le début. - Il a l'air gêné , c'est adorable - Je veux dire ... je fais la gueule tout le temps ok ? Je suis comme ça , mais ça ne t'est pas particulièrement destiné.

Il s'arrête de parler mais continue d'avancer alors que je suis tellement étonnée de ce qu'il me dit que j'ai arrêté de marcher sans m'en rendre compte. Je fixe toujours devant moi et une personne inquiète de louper son bus me bouscule tellement fort que mon épaule gauche se déplace et c'est tout mon corps qui pivote. Ele ne s'excuse pas , certaines personnes n'ont aucune éducation.
Finalement au bout de quelques mètres il se retourne l'air étonné et ses sourcils se froncent en me voyant à la traine.
Si tu m'avais regardé en me faisant tes excuses tu te serais rendu compte tout de suite que j'avais arrêté d'avancer.

C'est mon déclic et je trottine pour le rejoindre en cherchant quelque chose à dire qui ne sonne pas trop mesquin parce que il est effectivement super désagréable au quotidien. Je le fixe lui , le sol et j'essaie de trouver un échappatoire, un bus , une bouche d'égout, n'importe quoi pour me sortir de là. Je m'éclaircis la gorge une fois que j'ai trouver une excuse bateau qui devrait passer sans m'arracher la gorge. Il n'est pas le seul à détester s'excuser. L'orgueil nous aura tous.

- Tu sais , c'est pas grave. Je ne suis pas un amour non plus en règle générale.

Autant lui passer son comportement moyen, je suis nulle en relation humaine et je me doute de l'effort qu'il fait pour s'excuser. Alors essayons de nous comporter en personnes civilisées. Mais si il veut m'engueuler après je risque bien de revoir mon jugement.

Il se met à rire , sûrement à cause de ce que je viens de lui dire , c'est l'euphémisme de l'année.

Soit dit en passant j'adore son rire , il est silencieux et remue ses épaules et sa cage thoracique pendant que ses yeux se plient. Putain je suis vraiment atteinte. Il faut que j'arrête de le fixer avec les yeux de l'amour, c'est pathétique.
Et pendant que je me renfrogne lui semble se détendre au fur et à mesure qu'on continue d'avancer dans l'avenue, il marche même plus près de moi que nécessaire. Je sais pas trop comment réagir mais son bras sous sa doudoune effleure mon épaule de temps en temps. C'est très bizarre , moi qui ne suis pas tactile du tout j'adore quand sa doudoune touche la mienne. Et c'est flippant parce que vu comme il fait froid une bonne dizaine de couches de vêtements nous sépare et pourtant j'attends avec impatience son prochain contact. Flippant je vous dit.

- Sauf que y'a quand même un petit problème.

Un problème , quel problème ?
J'arrête brusquement de lorgner les gâteaux dans la boulangerie à ma droite et je relève les yeux . Il s'est remis à froncer les sourcils et c'est éloigné de moi. Il a remit son masque de personne hautaine et j'ai soudainement l'envie de lui envoyer un direct dans le sternum. Mais bien sûr il faudrait que j'allonge le bras pare qu'environs 40 centimètres nous sépare maintenant. Je fronce les sourcils à mon tour.