Le Journal D'une Blune

16 octobre

Comme prévu , j'ai des cernes jusqu'aux genoux et je commence par deux heures de philo où le prof décide de refaire notre 1 er cours de l'année. Apparemment nous sommes trop mal parti et il faut donc reprendre les bases...
Il parle , il parle encore et toujours à croire qu'il ne va jamais se taire. Et la notion de croyance et blablabla.
J'ai une envie folle de dormir, ça m'arrive souvent en ce moment. En plus tout le monde dort plus ou moins autour de moi. Je fixe le tableau blanc sans le voir et mes pensées dérivent. Y a t-il une raison particulière pour laquelle ce prof se touche toujours le nez à la fin de chaque phrase ? Et qu'est ce que je vais faire de ma vie ? Ça paye bien écrivain ? Et puis , ça paye bien mauvais écrivain ?
Je fixe mon cahier de cours du coup. Qui demande encore un cahier à ses élèves en terminale ? Laissez nous fêter cette année de futur délivrance comme on veut , mince ! Je m'en sort super bien avec des feuilles volantes et un trieur, on est plus en CE2.
Cela dit , mon cahier est plutôt pas mal , je veux dire , il est bleu avec de jolis petits triangles verts et puis comme j'écris pas tous les cours dedans il est tout propre et super bien tenu.

- Mademoiselle Clavel ?
Je relève ma tête brusquement au risque de me faire un torticolis. Comment est ce qu'elle a atterri sur mon cahier celle là ? J'espère que je n'ai pas de trace des triangles en relief de mon cahier, ce serait vraiment , vraiment la honte.
Je me touche le front du bout des doigts, ah si j'ai deux ou trois triangles imprimés sur la tête. Super. Je pourrais lancer une nouvelle mode. Des rires de poufs fusent du devant de la salle. Classe. A défaut d'avoir des bonnes notes au moins je fais l'animation.

- Mlle Clavel ?
-Oui ?
- Quelle est la différence entre un philosophe et un sophiste ?

Je ne peux pas m'empêcher de ricaner , on dirait le début d'une mauvaise blague.

-Je ne sais pas monsieur.

Et hop , un nouveau monologue, c'est dingue ce qu'il aime s'écouter parler ce prof.  Je dirais bien que c'est de ma faute, que je n'aurais jamais dû m'endormir en cours, mais je vous jure que le sien est soporifique.
Aidez moi.

*

Finalement le prof de philo ne m'a pas collée , me faire la morale est apparemment une assez bonne punition, et il a bien raison. Du coup je suis sorti en même temps que les autres filles de ma classe , sans leur adresser la parole évidemment. De toute façon on ne se parle tellement pas qu'elles doivent vouloir m'adresser la parole autant que j'ai envie de leur parler. C'est à dire : pas la moindre envie.
Bref, je suis maintenant  dans le couloir pour aller à mon prochain cours. C'est un peu comme l'heure de pointe dans le métro parisien, y'a tellement de monde qu'on se fait marcher dessu, et que tout le monde donne des coups de coude à tout le monde. Je soupire plusieurs fois et je donne des coups de coude. Les gens seraient gentils d'éviter de s'arrêter pour faire la bise leurs amis dans le couloir en pleine heure de pointe. Je comprends bien qu'ils sont populaires et que ce n'est pas de leur faute , sauf que nous les impopulaire on doit subir le fait d'être impopulaire et en plus nous prendre des coups de coude. Quelle injustice.
J'ai vaguement l'impression que tout le monde ricane sur mon passage. C'est de la paranoïa, je sais, sauf que quand on est impopulaire il faut toujours laisser la place au doute dans ces moments là. Ais-je une crotte de nez qui dépasse? Est ce qu'on voit la marque de ma culotte?
Sauf que normalement j'ai vérifié ce matin et il n'y a rien de tout ça.
Le manque de sommeil ,sûrement.

*

L'UNIVERS SE LIGUE CONTRE MOI.
Comme par hasard, il y a un embouteillage dans le couloir et devinez à côté de quoi j'ai du rester pendant 2 minutes ? Tenez vous bien : Une baie vitrée.
D'habitude j'évite mon reflet au maximum pour éviter toute réaction négative comme un évanouissement ou autre.
Sans surprise le verdict tombe. Je suis persuadée que 90% des filles de mon lycée sont plus belles et mieux foutues que moi.