14 novembre

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J'ai un peu repensé à notre conversation d'hier , à Alexandre et moi. Juste un peu ,parce que sinon je n'aurais pas fermé l'oeil de la nuit. Et bien sûr, le peu de temps que j'ai passé a y repenser ne m'a pas empêché de faire des rêves bizarres. Genre qu'il me faisait une déclaration d'amour éternel et que moi je flippais parce que on a pas idée de menacer les gens comme ça. En plus impossible de le prendre au sérieux parce que entre deux mots d'amour il me disait qu'il fallait absolument que je passe à la poissonnerie parce que il pouvait pas y aller , il avait cours de  poterie.

Vous voyez le topo.

En plus de ça , il m'a envoyé une invitation sur facebook, je l'ai accepté et bien que j'ai attendu longtemps , il ne m'a pas envoyé de message pour autant. J'étais super déçue comme une idiote. J'ai fixé la page bleu pendant des heures et je n'ai rien vu à par une photo de profil qui date de l'an dernier. C'est simplement sa tête et il sourit , à l'évidence la photo à été prise à une soirée pendant qu'il parlait à quelqu'un. Quelqu'un qui lui disait un truc drôle.
Bref toujours aucun message.
Remarque vu le peu de publication sur son profil , le gars n'a pas l'air d'être un accro aux réseaux sociaux.
Ni à moi d'ailleurs parce que sinon il aurait donné signe de vie.
Non ?
Si.

Du coup je suis allée en cours ce matin en craignantmais en ayant en même temps envie de le voir... trop bizare. Et surtout flippant , il faut que je me fixe sur les sentiments  , ça va devenir agaçant a la longue , pour lui comme pour moi. Enfin , si il se décide à me reparler (oui ça ne fait même pas 24 heure et je flippe déjà).

Bref, j'étais en sweat XL violet avec des chaussures dorées, le look du samedi matin de la fille qui espère que personne ne remarque que son tee shirt c'est aussi son pijama. Donc en même temps j'avais pas trop envie de croiser Alexandre avec mon look " woke up like this" de fille qui " woke up like this" vraiment.

Juste après ma première heure de cours , une de mes profs n'était pas là. Je me suis finalement retrouvée devant un ordinateur du CDI qui avait du faire la guerre, au moins, en essayant de m'avancer dans mes devoirs. Je ne dirais pas que j'adore aller au CDI mais au moins je peux y venir faire les devoirs tranquille , sans les singes de secondes qui crient partout. Même si malheureusement je dois avouer qu'il n'y a pas que les secondes qui font ça. Alors me voilà au milieu des bouquins d'art énormes qui peuvent facilement vous assomer si ils vous tombent dessu. (Je dis ca je dis rien , mais ça peut servir en cas d'accident volontaire.)

Ça fait bien 10 minutes que j'essaie de faire une recherche internet mais rien à faire, le truc antique mouline et il va bientôt m'annoncer qu'il n'arrive pas à se connecter au réseau Internet, je le sens.
Bingo !
Super ,j'ai plus qu'à perdre une heure de ma vie. Même pas possible de m'avancer dans mes devoirs. Enfin si, mais hors de questions que je révise la philo , je suis pas maso non plus , c'est samedi.
En plus de ça , une heure plus tôt Morgane s'est sentie obligée de m'adresser à la parole. Elle ne l'avait certes pas fait depuis la rentrée mais elle aurait pu persévérer dans ses efforts jusqu'à la fin de l'année.

- Tes cheveux ont éclairci , c'est jolie.

A croire qu'elle ne sait parler que de cheveux , elle a un complexe capillaire ou quoi ?

-Merci.

Voilà , clair , net et précis , n'oubliez pas , c'est infaillible. Par contre il se pourrait que j'ai oublié de sourire.
Mais elle ne s'est pas démontée, elle a continué à me sourire , l'air coincée et moi j'ai ricané en retournant à mes exercices de littérature, sa gentillesse ne m'aura pas.

*

Plus tard, quand Émilie, Lucie et moi sommes dans le tramway je raconte l'entrevue que j'ai eu avec Alexandre la veille. je le fais le plus naturellement possible , genre il ne s'est pas finalement passé un truc dans ma vie. Je ne me tortille pas trop sur mon siège et je les regardes dans les yeux.Elles restent bouche bée pendant une minute et Lucie a l'oeil gauche qui louche même un peu. J'ai vaguement l'impression d'être devant un aquarium remplit de carpes, mais au moins , ça les empêches de me bassiner avec leurs " je te l'avais bien dit".
J'apprécie le geste, même si il est involontaire.
Cependant c'est limite inquiétant, je les ai vraiment surprises. J'attends deux minutes en fixant le paysage qui défile derrière la vitre du tramway. Des maisons , des maisons , un canal , un lycée puis re- des maisons. Quelqu'un qui court pour attraper le tramway , mais il l'aura jamais c'est clair. Elles sont toujours muettes.
Alors je saute sur l'occasion et je leur précise que j'ai vraiment pas envie d'en parler et que elles seraient gentilles de respecter ma volonté. Elles ne disent toujours rien alors je me sens obligée de continuer de parler ,parce que je suis une idiote. Mais rien à faire , elles continuent de me fixer , apparement sidérées. Jusqu'à ce que Émilie se reprenne d'un coup et m'arrête dans ma diarrhée verbale :

- Ça vous dit de passer l'après midi à Paris ?

Je bloque un coup. Jolie changement de conversation.  En plus d'habitude on prévoit longtemps à l'avance avant de sortir à Paris mais on peut toujours faire nos devoirs demain et j'ai vraiment envie d'une après midi avec mes meilleures amies( qui ne sont plus aphones !).

- C'est faisable.

Lucie hésite encore 5 secondes , en regardant alternativement Émilie et moi puis semble arriver à la conclusion générale.

- ok !

Et c'est partit , Paris baby !

*

Du coup on attends le terminus du tramway, hop un coup de RER pendant lequel on choisit notre destination et c'est partit pour Bastille.
Bizarrement - et heureusement - nous avons réussi à éviter le sujet des garçons en général tout l'après midi. On déambule sans but jusque devant une salle de cinéma qui met à l'affiche un nouveau dessin animé.
En temps normal , je n'y serais jamais allé.
Je choisis les films avec soins avant de les regarder , au cinéma comme dans mon salon , sinon c'est deux voire trois heures d'ennui mortel assuré.
Mais avec les filles, c'est différent. Je ris à toutes les blagues, et jeux de mots affligeants qui m'aurait laissés de marbre en temps normal et j'arrive à garder un bon souvenir de la séance plus tard dans l'après-midi.

On fait les touristes et les magasins avant de déclarer la faim générale vers 17 heure. Vu qu'on va bientôt devoir rentrer, Lucie et moi nous dirigeons vers un McDo , parce que c'est connu , ça va vite et c'est bon,et Émilie rigole en nous suivant. Elle finit horrifiée par la taille de nos commandes. Apparemment c'est bizarre de commander 5 cheeseburger et une grande frite avec un Coca-Cola alors qu'on a déjeuné 3h30 plus tôt.
Je m'en souviendrai la prochaine fois que j'en aurais quelque chose à faire de ce que pense les gens.
Lucie , elle,prend deux McFlurry et Émilie une glace nature ( quand même ). Puis alors que j'entame mon troisième cheeseburger avec plaisir ,Lucie écarquille soudainement les yeux et hurle:

- John !!!

Première réaction : Mais ? Qu'est-ce qui lui arrive ? Deuxième réaction , bah action en fait : Je me retourne, et là je vois un type. Plutôt moche, et très grand ,  regarder Lucie avec de grands yeux agréablement surpris.
Remarque moi aussi j'aurais été surprise si une fille, qui n'était pas avec moi au départ, hurlait mon prénom au milieu d'un McDo. Surtout si j'avais été en présence de ma petite amie.
Ladite petite amie suit donc le géant de près et tire une tronche de 6 pieds de long. Elle a l'air vraiment super sympas .On avait interrompu son rencard, la pauvre.
Pendant la demi-heure qui a suivi, Lucie et John  parlèrent et re-parlèrent de leur semaine au BAFA, c'est apparemment là qu'ils s'étaient rencontrés. C'était aussi ,visiblement , leur seul point commun.
Émilie et moi on  en a profiter pour regarder la petite amie à l'air hostile, et au prénom trop banal pour être retenu, qui elle même regardait Lucie avec des yeux mauvais. Finalement ,après une ou deux tentatives de john pour nous inclure dans la conversation il a laissé tomber ( on ne lui répondait que par des grognements) et il a cette fois tenter d'inclure sa charmante petite amie qui avait à mon avis ,et vu sa tête , très envie de lui mettre un Mcflurry la où je pense.

Lucie a finalement mis fin à la discussion avec John, un peu plus grossièrement que nécessaire . Mais même si il a eu l'air surpris, il a prit sa charmante petite amie est la rassise à sa place, en face de lui ,au fond de la salle.

Lucie s'est alors penchée vers nous en murmurant:

- il est gentil hein, mais bon il est pas très fufute non plus en plus sa dulcinée avait pas l'air ravi. Donc je me suis dit qu'on pouait continuer à manger ?

Du coup je me suis jetée sur mes cheeseburgers.

Le Journal D'une BluneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant