Chapitre 25 - CONFIANCE (J25)

59 10 33
                                    


Steph passe me prendre le lendemain pour rendre visite à sa mère. Les garçons s'occuperont de récupérer le matériel afin que nous mesurions nos expériences en toute autonomie.

Nous nous garons cette fois devant l'entrée principale, d'immenses sapins longent la bâtisse dont les toits d'ardoises émergent tout juste. Nous franchissons cette muraille et je me rends compte alors de la taille du bâtiment. Orné de fenêtres montées de barreaux, celui-ci me donne froid dans le dos.

Nous foulons le chemin gravillonné, montons quelques marches et passons la grande porte haute d'au moins deux mètres. Ses vitres agrémentées de montants en fer, me font penser aux vitraux des églises, sans la couleur car celles-ci sont blanches, enfin à l'origine car désormais usées par le temps, elles sont plutôt jaunies. On ne distingue rien à travers et une fois entrée, je peine à avancer.

La grandeur du hall  me surprend mais par dessus tout c'est l'atmosphère qui y règne qui me gêne le plus. Quelques lignes de chaises sont disposés ça et là, toutes attachées les unes aux autres, de petites tables séparent ces lignes, jonchés de vieux magasines complètement défraichis. On dirait presque un hall d'hôpital suspendu dans le temps.

Au fond se trouve un bureau vitré, probablement censé protéger ses occupants. Le comptoir est émaillé mais Steph semble s'y être accommodée, à force de passage.  Elle s'adresse à l'infirmière qui y est logée, afin d'annoncer notre venue. Celle-ci relève ses lunettes en demi-lune pour m'examiner mais ne pose pas plus de questions. J'entends Steph l'interroger quant aux autorisations d'accès internet pour les résidents, je me demande soudain s'ils en sont seulement équipés.

Échappant à leurs dialogues, j'observe les alentours. Deux couloirs s'étendent de part et d'autre du bureau. Au bout de ceux-ci, je distingue un jardin sous serre, une flore magnifique y est entreposée, probablement pour des activités de jardinage. Le contraste des couleurs avec le hall est frappant, je me sens mal à l'aise dans cet endroit. Ça respire la folie et la pauvre Mathilde qui y est cloitrée, j'en ai mal au cœur.

Steph m'interpelle, mais plongée dans ma contemplation, je ne réagis pas tout de suite. Elle me prend par la main et me guide dans les couloirs. Nous gravissons plusieurs étages et nous arrêtons devant une porte, je n'ai même pas fait attention au chemin que nous avons emprunté.

Steph me ramène à la réalité en évoquant l'accès internet disponible dans une salle un peu plus loin.

- Je te laisse un quart d'heure et demande à ma mère si elle se sent de se connecter avec vous. Je repasse te prendre tout à l'heure, me dit-elle avant de s'éloigner.

Je frappe doucement à la porte et j'entends une voix légère m'inviter à entrer. Lorsque je passe le seuil, Mathilde lève les yeux sur moi, un livre à la main, son regard pétille et un sourire étire ses lèvres. En cet instant je perçois véritablement la ressemblance avec sa fille, malgré sa tenue blanche fournie par l'établissement et sa coiffure négligée.

- Tu es revenue pour moi, me dit-elle doucement.

- Oui je voulais qu'on parle seule à seule, mais je n'ai pas beaucoup de temps.

- Je sais.

Nous parlons de notre rêve et elle me raconte cette peur panique qu'elle a ressenti en se réveillant. Je la comprends et lui explique que j'ai eu le même sentiment en réalisant que celui-ci n'était pas juste un rêve.

Au fil de notre discussion, je me rends compte qu'elle est loin d'être folle, au contraire, notre conversation est tout ce qu'il y a de plus normale. Je lui explique tout ce que nous avons découvert, jusqu'à notre discussion avec Richard. Je sens son regard s'assombrir à cette évocation, elle se tourne quelques instants, comme plongée dans ces souvenirs, puis, d'un geste vif et me faisant face à nouveau, elle me saisit les mains.

L'appel de la Terre {EN REFONTE}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant