Chapitre 31 - UN BOL D'AIR - J47

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Je passe une mauvaise nuit et suis pratiquement réveillée à l'aube par un cauchemar. Lorsque je me réveille en sursaut, Mike grogne à mes côtés et se tourne vers moi pour m'enlacer de son bras. Mon cœur bat la chamade, je ne veux pas le réveiller, ma tension est palpable, mon rythme cardiaque encore affolé alors je m'extirpe doucement de ses bras rassurants.

Je me passe un peu d'eau sur le visage pour retrouver un peu de quiétude et revenir à la réalité. Ce rêve m'explose mon incapacité à la figure. Mathilde s'adressait à moi en compagnie de notre terre, toutes les deux m'accusaient d'être passée à côté d'éléments essentiels dans notre quête. La fureur m'a envahie dans mon songe, je n'ai rien demandé après tout et je ne voulais pas me retrouver au centre de tout ceci. Mathilde est bien mieux dans ce rôle, dès sa première journée parmi nous, elle cadrait déjà les choses, apportait de la structure et une organisation qui était pourtant indispensable mais que je n'avais pas su placer.

Tout est allé si vite, je me sens dépassée et perdue. Est-il possible d'échanger nos rôles ? Je suis envahie d'un sentiment de culpabilité, et si j'avais fait perdre du temps à tous ? Je relève mes yeux humides vers le miroir au-dessus du lavabo et Mike est juste derrière moi. Je sursaute. Il n'a fait aucun bruit, à moins que je n'étais trop absorbée pour m'en préoccuper.

Tout en m'observant à travers le miroir, il pose ses mains sur mes épaules, ce geste rassurant m'apaise immédiatement. Ses yeux sont gonflés de sommeil, ils s'insinuent en moi, fouillent mon esprit. Son visage empreint de compréhension et d'une voix endormie il me demande :

- Tu doutes encore de toi ?

Il met dans le mile, un sourire m'échappe bien que ça m'énerve qu'il me décrypte si facilement. Après un silence pendant lequel mon esprit tourne dans tous les sens pour chercher une réponse, j'abaisse mes propres barrières et j'entends ma voix sourde prononcer ce « oui » si douloureux.

- On est tous ensemble et tout ne repose pas sur tes épaules. Tu manques de confiance et on est là pour toi, ne l'oublie pas, partage avec nous, on peut aussi t'éclairer parfois dans tes pensées. Notre planète ne t'aurait pas fait transmettre ce message à de nombreuses personnes si toi seule suffisait à son dessein. Alors arrête de te mettre la pression et laisse-nous t'aider.

C'est un électrochoc, il a totalement raison mais j'ai un mal de chien à l'intégrer. Il me prend dans ses bras et j'évacue ma tension, l'humidité sur mes joues est un signe d'apaisement. Je le suis jusqu'à notre chambre. Je m'étends à ses côtés et lui fait face, un sourire doux se fixe sur son visage, cette vision suffit à vider mon esprit. Ses caresses me bercent et nous restons comme ça un moment, en silence. Alors que nos regards ne se sont pas lâchés une seconde, me revient en mémoire la scène entre lui et Hayden dans la cuisine l'autre jour et j'ose pour la première fois l'interroger à ce sujet.

- En quoi je t'ai changé ?

Il ne se fige pas comme je le craignais, mais son regard me quitte un instant, plongeant dans le vide. Il réfléchit et je n'interromps pas son silence, espérant qu'il se livre un tant soit peu.

- J'ai toujours été empli de haine, je l'ai déversé sur toutes les personnes qui m'ont côtoyé, surtout sur mon père.

Il marque un silence qui me semble durer une éternité mais je ne veux pas l'empêcher de poursuivre et je reste à le regarder tout en parcourant son corps de mes mains que j'espère aussi rassurantes que les siennes. Puis il reprend :

- Tu as fait battre mon cœur et s'y est insinué un tout autre sentiment grâce à toi. Lorsque mon père m'a fait venir, c'était pour m'annoncer qu'il se mariait et j'ai accepté d'y aller.

L'appel de la Terre {EN REFONTE}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant