Chapitre 1 - LENA (J1)

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* Journal *

Cher Journal,

Bon c'est bizarre d'écrire ça, c'est ma 1ère fois avec toi, je m'étais jurée de faire cet exercice et c'est le moment idéal. Désormais, je ne veux plus laisser mes pensées s'envoler, je veux avancer, créer... Tu seras mon confident et tu me permettras peut-être d'atteindre cet idéal.

Pour cela il va falloir que je le définisse, pour moi-même, et ce sera à travers toi que je le découvrirai, enfin je pense. Alors pour commencer, que dire... De manière générale, je dirais que je suis une rêveuse, au sens large du terme bien sûr !

De quoi je rêve ?

D'un monde meilleur peut-être. Un monde où le mal n'existe pas. Je n'arrive pas à comprendre comment nous pouvons nous infliger tant de souffrance. Je ne parle pas de moi bien sûr, mais l'ensemble des humains. Les images diffusées continuellement à la télé, aux infos : les guerres, la famine, l'exploitation des peuples et de notre planète ; tout cela me retourne l'estomac, mon seul remède est mon imagination, mes rêves.

Je rêve d'un monde où on ne produit que pour consommer et non pour vendre....

Cette société de consommation nous annihile complètement, la relation à l'argent a tout détruit et nous ne le voyons même plus. Nous produisons pour vendre, l'échange n'existe plus, le partage non plus. La course aux profits a laissé dans son sillage bien des misères, mais nous préférons fermer les yeux. On se laisse dicter nos besoins : consommer toujours plus, au détriment des ressources planétaires.

Je rêve d'un monde où l'on crée en harmonie avec la nature, où l'on pense aussi à son bien. Un monde où l'on produit suffisamment pour tous mais pas plus. Comment aujourd'hui, à notre époque peut-on laisser mourir des gens de faim ? et en parallèle détruire les invendus ?

Nous y viendrons un jour, j'en reste persuadée. Mais à mon avis c'est que nous n'aurons plus le choix.

Cette société nous met des œillères, nous en oublions que notre planète nous nourrit, nous protège, qu'elle nous permet de vivre au milieu de cet univers. Nous oublions qu'elle est un peu notre maman ! J'ai été éduqué de cette manière et j'aime bien cette façon de voir les choses.

Sauf que si je suis la seule, si nous continuons dans cette voix... Avec toutes les atrocités que nous lui faisons subir, un jour, elle reprendra la main.

Toute cette réflexion n'est pas due qu'aux informations que je viens de voir défilées à l'écran, c'est aussi à cause de cette nuit. Ce rêve. Ce n'était qu'un rêve et il en comportait tous les aspects : totalement chimérique, irréalisable, fantastique, du genre qu'on oubli très vite... Et pourtant, je sens que celui-ci s'ancre en moi.

C'est confus, je te l'accorde, je sens bien que je n'arriverais pas à être plus clair en cet instant. Mais bon je m'éparpille... Hm, c'est bien là toute la complexité de ma vie !

*

Sinon, je te disais que je rêve d'un monde meilleur, mais à mon niveau je n'ai pas tellement à me plaindre : j'ai tout ce qu'il me faut et j'en suis tout à fait satisfaite - Le stoïcisme, ça c'est bien moi - Je suis loin d'être parfaite, mais je fais en sorte d'être quelqu'un que j'apprécie, jusqu'à me découvrir complètement.

En tout cas une nouvelle page se tourne et tu en es le commencement. Je viens enfin de quitter le cocon familial. J'ai bien cru ne pas y arriver mais j'ai obtenu mon diplôme il y a quelques mois, ce qui me permet d'intégrer une super université où je vais pouvoir préparer mon cursus de psychologie. La complexité de notre cerveau, de notre état mental, l'incroyable étendue de la pensée, l'emprise des émotions sur l'être humain, tout cela me passionne.

Vais-je en faire mon métier ?

Trop tôt pour le dire, pour l'instant je n'y pense pas, enfin j'essaie... je dirais plutôt que j'approfondis ma connaissance de ce qui m'intéresse. Je ne suis pas une mordue des cours alors tant qu'à faire, puisqu'il faut les prolonger et obtenir un diplôme... Autant que ce soit plaisant !

Ça ou la physique Quantique, j'hésitais car je suis un peu barrée ! Mais il n'y a pas d'université spécialisée et les autres aspects de la physique m'intéressent beaucoup moins...

Et puis surtout, venir ici me permet d'emménager avec Jess. Je n'aurai pas supporté qu'elle parte si loin de notre ville natale sans moi. Et puis c'est un peu la concrétisation de nos rêves d'enfants. On a grandi à 800 mètres l'une de l'autre. Depuis toujours on se retrouvait le soir pour jouer ou pour nous raconter nos problèmes de cœur... Enfin c'est ce qui avait pris le plus d'importance ces dernières années. Si tu vois ce que je veux dire.

Ça y est en tout cas, on a enfin notre appart, enfin ce qu'il reste de notre appart, car en cet instant, je balais les lieux de mes yeux encore lourds des excès d'hier, et la vue ne me motive pas du tout...


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