Enchaîné - chapitre 10

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21 avril, 2014


«– Tu ne vas quand même pas aller là-bas, s'étonna l'homme en fronçant les sourcils. Beverly, je... soupira-t-il amèrement, j'ai conscience que ton travail soit important, mais il y a autre chose que cette foutue thèse.»



       À l'aéroport de Washington, un bagage dans les mains et son billet d'avion pour Dallas dans la poche, Beverly leva les yeux sur Zack qui soupira à nouveau. Elle avait prit la décision hâtive de se présenter en personne pour poser ses questions aux personnes encore impliqués dans la tragédie Kennedy. C'était sa seule option, pour l'instant. Washington ne lui fournissait aucune réponse puisqu'elle ne savait plus où regarder. Il lui semblait que l'univers entier se mettait en travers de son chemin. Elle ne voulait surtout pas discuter avec monsieur Rumlow pour trouver de l'inspiration. Seulement, elle refusait d'abandonner. Elle n'avait jamais abandonné de sa vie.


       Si seulement elle avait su dans quoi elle se lançait.



      Elle avait demandé à Zack de l'accompagner. Il avait refusé. Il ne partageait pas son enthousiasme, probablement avec raison. Il était en colère de la voir agir si impulsivement. Elle n'avait jamais été aussi imprévisible. Les moments intimes du couple avait pris un grand coup dans le dernier mois. Il n'y en avait que pour les recherches et les cours. Beverly baissa les yeux et pinça les lèvres. Ils étaient ensemble depuis si longtemps. Elle l'aimait, mais... Il y avait tant de «mais». Il voulait passer du temps avec elle, qu'ils s'engagent un peu plus avant dans leur relation. Il voulait faire des plans et Beverly ne pouvait se le permettre. Pas maintenant. Elle voulait exceller dans ses cours, étudier à l'étranger, travailler pour un musée et faire des découvertes scientifiques. Comment pouvait-elle concilier ses ambitions avec celles de Zack?


      Elle savait que les choses se dégradaient lentement. Elle lui faisait néanmoins confiance. Elle l'aimait toujours et elle comptait bien arranger les choses entre eux à son retour. Il y avait des compris à faire et, pour lui, elle y était prête, mais avant, elle devait faire ce voyage.


«– Je sais que je mets beaucoup de temps dans ma recherche et que nos temps libres se font rares, avoua-t-elle en le regardant enfin.
Rare? Inexistants, Bev', lança le jeune homme.»


      Effectivement...


«– Tu as raison. Je ne suis plus aussi présente, avoua-t-elle en se mordant la joue. S'il te plait, je ne te demande que quelques jours.
Tu pourrais rester, plutôt que de partir, lui dit-il avec lassitude. Et pourquoi veux-tu que je garde ceci? s'enquit-il en sortant la clef électronique de sa poche arrière.
Avec ce qui s'est passé hier, je préfère te la laisser le temps que je parte, fit Beverly en regardant autour d'elle avec suspicion. Je... je ne fais pas confiance aux autres à la maison. Je crois que je ne sais plus à qui faire confiance.»


      Tout lui sembla si hostile. Elle avait cette impression que des yeux la surveillait à chacun de ses pas, que tout ce qu'elle faisait était suivi d'une ombre menaçante.


      Comme l'homme dans la rue...


Brise d'été et vent d'hiverWhere stories live. Discover now