10 juin, 1994
Sur une route déserte de Fort Valley, un homme sur une moto mettait autant de distance derrière lui que possible. Les arbres, de chaque côté du chemin, faisait tomber les rayons du soleil couchant sur la chaussée en larges bandes. Il n'y fit pas attention.
Après un petit tournant de la route, une voiture apparut devant lui. Un cavalier de la même année. Rouge. Direction sud. C'était la cible.
Il accéléra d'une vitesse et le vrombissement de son moteur fit trembler ses tympans avec rage. Il sentit les pneus mordre à l'asphalte. Le vent cilla à ses oreilles. En un sifflement, il dépassa la voiture et ralentit devant celle-ci. Il n'eut pas vraiment besoin de se tourner pour bien viser. La balle qui s'échappa du canon de son arme à feu se logea dans le pneu avant gauche de la voiture. Malgré les réverbérations du coup de feu, il entendit une exclamation de peur venant de la fenêtre côté passager. La voiture dérapa, le conducteur tentant désespérément de redresser son véhicule. Puis, elle s'arrêta totalement perpendiculairement à la route.
L'homme sur la moto s'arrêta à son tour au bord du chemin. Il retira son casque et ses cheveux bruns tombèrent devant ses yeux. Il le posa sur le siège de la moto avant de faire face à la voiture, un air sauvage sur le visage. Puis, il s'avança d'un pas lent, calculé.
Un accident. Il devait faire passer cela pour un accident de la route. Que rien n'y paraisse.
Au volant se tenait un homme, corpulent et à la respiration difficile. Était-ce dû à son surplus de poids ou la peur? La peur du mercenaire qui s'approchait de lui? Sans doute un peu de tout cela. Personne ne se trouvait sur la banquette arrière, ni à ses côtés. Il était seul. Il mourrait seul.
L'assassin l'entendit supplier, gémir, rechigner. Il lui offrit de l'argent. Que pourrait-il bien faire avec de l'argent? Pour qui le prenait-il?
Il ne répondit pas à ses supplications, indifférent. D'un geste vif, il ouvrit la portière et attrapa les fins cheveux de l'individu. Il fit ce qu'il avait à faire et ne se posa aucune question à ce propos. Il ne s'en posait jamais. Pas depuis les dix dernières années. Il le tuerait et ferait son rapport.
Toutefois, alors qu'il écrasait le crane de ce sénateur contre le volant pour la troisième fois, une vibration se fit sentir sous ses pieds. Il s'arrêta brusquement, relevant la tête. Il n'y avait pas de bruit, le soleil disparaîtrait dans à peine une heure. Le ciel était découvert, la brise se promenait de feuille en feuille. Puis, il la vit. La petite voiture, rouillée, insouciante, trop rapide, et ce couple se disputant sans porter attention à la route. Le mercenaire s'accroupit juste à temps, roula sur sa droite et la seconde voiture heurta de plein fouet la porte du conducteur de la première. Elle l'emboutit complètement. L'impact fut si fort, la vitesse si grande, que la deuxième voiture fut projetée dans les airs, écrasant sur son passage la charpente de la porte métallique. Lorsque l'homme se redressa, il vit la première voiture s'encrer dans un arbre et la seconde se retrouva sans dessus dessous, glissant sur son toit.
Il avait son accident.
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Brise d'été et vent d'hiver
Fiksi PenggemarPourquoi son nom ne cessait de résonner dans sa tête à chacun de ses pas alors qu'il devait la tuer? C'étaient ses ordres, clairs. Il le ferait, toutefois, il n'arriva pas à se sortir de l'esprit qu'il connaissait ce nom. On le lui avait déjà dit. I...