Brise d'été et vent d'hiver

Enchaîné - chapitre 12

23 avril, 2014

      Rien ne s'était passé comme Beverly l'avait souhaité. La mort du bibliothécaire l'avait bouleversé, mais plus encore le meurtre de madame Porter dans son jardin. Cela s'était passé quelques heures à peine après son départ de chez la vieille dame. N'était-ce pas un signe, un message clair à son intention? Les coïncidences étaient trop importantes. Paniquée, Beverly quitta Dallas aussitôt. Hors de question qu'elle resta un instant de plus. L'étudiante ne dormit pas de la nuit, ni durant le trajet qui la ramena chez elle. Elle resta consciente de tout ce qui l'entourait, comme une automate. L'adrénaline ne la quitta que lorsqu'elle vit la grille de son appartement. Elle entra et trouva Annabelle et ses valises. Elle avait terminé ses cours pour le semestre. Elle rentrait chez elle pour les grandes vacances d'été. C'était si soudain!

      La française prit cependant le temps de parler avec son amie. L'avion ne partait pas avant la fin de la soirée. Elles s'assirent ensemble à la cuisine pour manger. Derrière elles, la télévision passaient les nouvelles. C'était pratiquement tout ce qu'ils écoutaient dans cet appartement.

«– Tu n'as pas dormi cette nuit, Bev', constata la blonde, inquiète.
– Non, Dallas est tellement ennuyante. Vous me manquiez déjà, mentit la brune, se forçant à sourire.»

      Ce mensonge fut bien suffisant pour Annabelle. Beverly réussit à changer de sujet et se concentrer sur son amie. Elles discutèrent des plans de la française pour les vacances, mais surtout de ses plans de retour. On lui avait proposé un stage au centre-ville en relation avec le département de police. Le système judiciaire l'intéressait tout autant que la politique. Ce serait une opportunité qu'elle ne voudrait pas laisser passer. Seulement, si elle prenait ce stage, elle devrait laisser son travail à la bibliothèque et elle avait besoin de cet argent. Les compromis se dressaient sur son chemin et la peur lui était quelque peu insupportable. Elle avait des économies, ses parents pourraient l'aider, même à distance. C'était là tout ce qui la rassurait un tant soit peu.

      Alors qu'elles exploraient un autre travail qu'Annabelle aurait pu trouver pour augmenter ses revenues, le commentateur aux nouvelles invita un collègue à partager ses nouvelles. Il se trouvait devant un grand édifice que Beverly reconnut. La bibliothèque de Dallas. Elle se redressa et observa l'écran avec attention.

      Un homme avait été tué et plusieurs citoyens s'étaient vus épargnés par l'assassin. Étrange. Une femme, présente sur les lieux, avaient eu le courage de décrire l'attaque. Sournoise. Rapide. Tout était contre l'employé de l'endroit. Elle n'avait regarder l'homme qu'une fois et avait cru lui voir un bras... de métal. C'était sans doute le reflet d'une arme et non un membre métallique proprement dit. Le soleil éclairait la pièce, elle avait mal vue. Tout avait été si vite.

«– Tu savais? s'étonna Annabelle, toute aussi concentrée sur l'écran que l'était Beverly.»

      La brune ne répondit rien.

      Son cœur s'était arrêté. Son souffle s'était coupé. Avait-elle mal entendu? Impossible! Comment cela avait-il pu arriver? Lui? Il était de retour, sur sa piste?

      Yasha...

      Lorsque le cœur de Beverly se remit en marche, un frisson monta le long de son dos jusque dans son cou. Elle se mordit la joue, si fort qu'elle sentit le sang sur sa langue. C'était lui. forcément. Ce ne pouvait être personne d'autre. Un bras métallique, ça ne courait pas les rues. Et si la femme avait vraiment mal vu? Ce devait être cela! Le stress, la terreur, la mort, tout avait pu jouer sur sa perception.