4. Tout vient à point à qui sait attendre

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Le soleil était à son zénith, depuis 8h, Maria brodait les derniers ornements sur le tabard, elle observait attentivement tous les détails pour vérifier que la tenue ne comportait aucun défauts. Satisfaite de son ouvrage,elle le posa délicatement sur un banc en prenant gare à ne pas le froisser. Elle entendit quelqu'un toquer à son carreaux, c'était un son qui lui était désormais familier. La jeune femme se dirigea vers la fenêtre. Sans surprise et avec une pointe de lassitude elle reconnaissait Barthéo. Aujourd'hui elle ne le gratifierait pas d'un sourire.

Elle entrouvrit la fenêtre, le saluât, tendit la main pour saisir un énième panier et le remercia sèchement. Barthéo, la fixait intensément et pour la première fois il se sentit brutalement rejeté. Maria referma la fenêtre sans lui adresser un regard, il resta hébété, immobile devant l'atelier. Il ne se résolut à partir quelques minutes plus tard, une boule au fond de la gorge et des larmes au fond des yeux. Maria, juste après avoir fermé la fenêtre se plaqua au mur, accablée par un sentiment de culpabilité. Elle ouvrit le petit panier, une odeur de miel s'en dégagea et envahit rapidement la pièce exigu. Maria esquissa un léger sourire en le refermant et le posa à terre. Elle décida de faire une pause et de manger les quelques bouts de pain qu'elle avait ramené. Elle gardait toujours de côté le cadeau de Barthéo pour le déguster avec sa famille.

Maria ne se laissa pas décontenancer par l'événement et se remit au travail, elle devait bien avoir quelques culottes et quelques tuniques à raccommoder. Malgré les besognes qui l'incombaient, elle ne cessait de repenser au Seigneur Enoch. Les minutes passèrent, puis les heures.

Depuis l'aube, Maria attendait son arrivée. Le soleil était en train de se coucher, l'excitation qui l'avait motivée à se dépasser retombait peu à peu. Il n'y avait aucun signe de la venue d'Enoch. Plus le soleil rougissait plus la jeune femme désespérait. Elle décida, non sans mal, de rentrer chez elle. Maria empoigna le panier de Barthéo et ouvrit la porte de son atelier. Un air excessivement lourd lui coupa presque le souffle mais à vrai dire elle s'en fichait. Elle avait un arrière goût aigre dans la bouche et le sentiment d'être abandonnée. Maria sortit d'un pas décidé en fermant la porte derrière elle. Elle leva les yeux au ciel, un ciel gris, presque noir annonçait un déluge imminent. La jeune femme se retourna et introduisit une lourde clef dans la serrure de la porte massive. Elle posa une main sur la porte et baissa son regard, dépitée.Rapidement, elle se retourna et fit un pas dans la rue. Avant qu'elle ne comprenne quoi que ce soit elle fut déséquilibrée après avoir heurté quelque chose. Elle sentit deux grandes mains empoigner ses bras pour la soutenir. Maria leva le regard et reconnu un visage qui lui semblait désormais si intime. « Enoch » pensa-t-elle en arborant un sourire lumineux, les yeux pétillants.

"Je vois qu'on ne m'attendait plus", plaisanta l'homme.

"Je... Je suis navrée mais j'ai cru que vous n'arriveriez jamais Monsieur " répondit Maria en regardant par terre. Enoch releva son visage et le plongea son regard dans le sien.

"Je comprend parfaitement, mais auriez vous tout de même quelques instants à m'accorder ?"

"Bien sur !" bafouilla la jeune femme qui était en train de perdre ses moyens.

Enoch lui fit faire un demi tour en la poussant gentiment, un sourire enjôleur sur les lèvres. Maria ouvrit la porte le plus rapidement possible et invita le seigneur à entrer.

[Aventures] La tentation du diableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant