Les Lumières Bleues

Chapitre 1

Lorsque je sors enfin de ce profond sommeil, je me retrouve recroquevillée sur moi même. J'observe les alentours, et tout réapparait sous mes yeux, le bunker, la lumière bleue, et le vide à ma droite. Je tourne la tête pour observer cette nouvelle arène. Tout ce qu'il y a de plus simple, une forêt -une immense forêt, l'armurerie dans une plaine et un peu plus loin, la plaque, mon seul objectif pour l'instant. Ça m'étonne toujours autant, mais chaque année je me demande pourquoi malgré la lumière de dehors, le bunker reste plongé dans l'obscurité. D'un coup, je frissonne en me rappelant que je ne suis pas seule : normalement, il y en a dix de plus. Lorsque la boite de métal s'engage dans cette longue descente qui nous mènera à l'enfer, les nouveaux se réveillent. Je vois que personne ne panique, c'est déjà un bon début, mais malgré le silence qui règne dans la pièce, j'entends leurs pensées beaucoup trop fort, ça me donne mal à la tête. Soudain, un cri traverse le bunker, suivi de pleurs. Je me retourne brusquement en cherchant sa provenance. Une petite fille, postée sous la lumière bleue vient de fondre en larme. Au début j'essaie de ne pas lui prêter attention-on est tous dans le même cas après tout. Mais elle me rappelle moi à son âge, alors, une vague de chaleur m'envahit. Je la regarde une autre fois, puis me lève pour la rejoindre. Je m'avance en prenant soin de n'écraser personne et j'arrive devant elle. Elle relève la tête et je lui tends la main.

_Viens.

Ma voix résonne dans le bunker, si bien que tout monde se retourne vers nous. La petite fille s'agrippe à moi et je retourne à ma place. Elle plonge sa tête dans mes cheveux en sanglotant.

_J'ai peur.

_Tout le monde à peur, allez, calme toi.

Je tente de prendre la voix la plus douce possible, mais l'horreur de ce que j'ai vécu m'en empêche. Je suis devenu quelqu'un de froid, peut-être même ai-je perdu toute humanité. Je me fige en me disant que les Formateurs m'ont sûrement transformé en monstre. Les pleurs de la jeune fille me ramènent à la réalité : si j'étais devenue un monstre, elle ne serait pas dans mes bras. Cette pensée me rassure, mais malgré tout je me méfie de ce que je suis maintenant.

Je sens du mouvement dans le bunker, et maintenant que mes yeux se sont habitué à l'obscurité, je vois que quelqu'un se poste à mes cotés d'un pas décidé.

_Il faut sauter! hurle-t-elle. Ce truc va surement exploser à l'atterrissage!

Je la dévisage. Quelle pensée absurde! Si les Formateurs avaient voulu nous tester avec une explosion "surprise", je ne serais plus là.

_Quoi? me lance-t-elle voyant mon regard tourné vers elle.

_Si tu sautes, tu meurs.

Ma réplique la laisse sans voix, mais elle n'y prête pas plus longtemps attention, car elle s'approche du vide comme pour me lancer un défi. Celle-ci n'est peut-être pas faible, mais elle m'énerve déjà. Lorsqu'elle s'apprête à sauter, je pose la petite et m'approche de ma provocatrice. Elle ne me voit pas et tente de s'élancer dans le vide. Je l'agrippe par les épaules et la projette brusquement en arrière. Un cri sort de sa bouche lorsqu'elle s'écrase sur le béton. Je jette un coup d'oeil dehors : nous arrivons bientôt. Il est temps de leur faire comprendre ce qu'ils risquent.

_Si vous voulez sautez, allez y, à partir de là ce sera plus mon problème! Mais si vous voulez vivre, vous feriez mieux de m'écoute et de faire un peu mieux fonctionner votre cerveau.

Des murmures circulent dans le bunker tandis que je tente de meressaisir. Leur ignorance et leurs faiblesses me rendent folle.

_On ne va pas tarder à arriver, à mon signal, vous me suivez.

_Sinon quoi? me défie un garçon à la voix grave.

_Sinon vous verrez surgir par cette porte vos pires cauchemars, dis-je en désignant le fond du bunker.