13 - La fuite

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Après plusieurs minutes passées à pianoter sur le clavier de l'ordinateur  tel un pianiste frénétique, le grand chauve italien s'adossa à sa chaise et adressa un signe de la tête vers son ami. Celui-ci comprit que le travail était fait.

- Et bien mademoiselle, messieurs, puisque nous en avons terminé, nous allons maintenant vous laisser. Giorgio, on s'en va.

Les deux italiens s'apprêtaient à partir lorsque Phil remarqua du mouvement dehors, à travers la fenêtre.

- Vous êtes sacrément synchros. Vos amis arrivent juste, souligna-t-il.

Vincenzo ne comprit pas.

- Quels amis ? Nous sommes venus tout seul. Giorgio, tu n'as pas appelé la famille quand même ?

- No.

- Peu importe qui c'est, ils sont armés et ils se ramènent par ici ! Fit remarquer Alcide. Il faut qu'on se tire !

Personne ne semblait comprendre, puis le Professeur Ferguson fut le premier à réagir.

- Le Centre ! Ils ont du nous repérer quand vous faisiez vos magouilles informatiques ! Il faut filer, vite ! 

Il s'adressa aux italiens d'un air innocent. 

- Puisqu'elle n'était pas garée devant, j'imagine que votre voiture est derrière ?

Vincenzo leva un sourcil amusé et répondit plein de flegme.

- Vous ne vous imaginez quand même pas que vous..

- On a pas le temps !

Au même moment, la porte d'entrée vola en éclats. Des hommes en combinaisons noires pénétrèrent dans la maison, armes au poing. 

Ils entrèrent dans le salon.

Et ce fut le chaos total.

***

- Go go go ! Trouvez la cible !

L'équipe de Straton avait donné l'assaut.

Mais rien ne se passa comme il l'avait prévu.

Déjà, Marcus Ferguson n'était pas seul chez lui. Des individus non identifiés se trouvaient sur place.

Après quelques secondes d'appréhension causées par la surprise, ces individus opposèrent une résistance.

Straton vit l'un d'eux, un jeune assez musclé, envoyer valser un de ces hommes à trois mètres d'un simple coup de poing.

Un autre avait dégainé une arme chromée et semblait faire mouche à chaque coup.

Il vit également une jeune femme se prendre plusieurs balles sans broncher. 

Un molosse chauve à lunettes était en train de soulever un de ces soldats à bout de bras.

La situation était compliquée, et la mission semblait compromise.

Dépassée, son équipe ne parvint pas à retenir les cibles, qui réussirent à sortir de la maison par l'arrière puis prirent la fuite à bord d'une berline sombre, sans plaque, garée derrière la maison.

***

- Wow ! On a eu chaud ! Eh Jess, bouge tes fesses, tu prends toute la place !

- Tu rigoles Alcide ? C'est toi qui nous écrase tous !

- Bon c'est fini oui ? Estimez vous heureux qu'on vous ai laissé monter. Maintenant silence.

Vincenzo, qui conduisait à toute allure, jeta un coup d'œil dans son rétroviseur intérieur pour s'assurer qu'il avait bien été compris.
Il y vit ses quatre passagers de fortune à l'arrière, tous collés les uns contre les autres. Ils baissèrent la tête et se turent pendant le reste du trajet.

Après s'être assuré d'avoir bien semé quiconque les avait attaqué,  il ramena tout le monde chez lui. Une fois bien arrivés,  ils débriefèrent la situation.

- Professeur Ferguson. Vous dites que ce sont les forces du Centre qui nous ont attaqué ? 

- C'est exact. J'ai bien reconnu leurs tenues. Ils ont dû localiser la connexion ou quelque chose similaire. Puisque vous avez utilisé mon compte, c'est moi qu'ils doivent rechercher, et ils n'arrêteront pas avant de m'avoir trouvé, je le crains.

Vincenzo resta dubitatif. Giorgio, expert en informatique, savait se rendre invisible et brouiller les pistes. Pour l'avoir démasqué, c'est qu'ils devaient disposer de moyens extrêmement pointus.

Il se sentit un peu coupable de la situation dans laquelle il les avait mis tous les quatre, en particulier le vieil homme. Mais il se refusait bien évidemment de leur en faire part.

- Bon. Voilà ce qu'on va faire. Eh toi, arrête de toucher à tout et repose ça !

Phil sursauta maladroitement et replaça la réplique miniature du David à sa place.

- Pour brouiller les pistes et vous donner un peu de temps, Giorgio va envoyer le Centre sur de fausses pistes, à travers des réservations d'hôtel, des billets de train et d'avion au nom du Professeur. Pendant qu'ils vous chercheront là ou vous ne serez pas, profitez en pour vous mettre à l'abri et faire profil bas.

- Mais où va-t-on aller ? Demanda Jessica,  inquiète.

- Merci, monsieur DeRossi, intervint Marcus. Les jeunes, c'est l'occasion pour moi de vous parler de quelque chose... D'une sorte de projet de recherches. Je l'ai démarré lorsque j'ai commencé à travailler au Centre, et je ne l'ai vraiment jamais arrêté. 

- En quoi ça consiste ? demanda Phil.

- Un laboratoire. Je n'ai jamais parlé de sa localisation à personne. Je pense que nous seront à l'abri là-bas. Il est suffisamment spacieux pour pouvoir y loger à quatre, et dispose de toutes les commodités nécessaires. Cela nous permettra également de perfectionner quelques formules et combinaisons, pour vous, auxquelles j'ai pensé.

Alcide fût le plus enthousiaste à cette idée.

- Super ! On pourra réfléchir à des noms de code aussi ? Ce serait classe ! On y va quand dans ce labo secret ? Maintenant ?

Vincenzo calma ses ardeurs aussi sec.

- Vous attendrez que la nuit soit tombée. N'oubliez pas que vous avez un groupe très puissant aux trousses. Dorénavant, vous devrez faire preuve de prudence... sinon nous ne vivrez pas longtemps.

***

De retour au Centre, Straton était furieux. Il fit son meilleur effort pour le dissimuler et assigner de nouveaux ordres à ses troupes.

- Nous avons rencontré des adversaires inattendus aujourd'hui. Et nous avons échoué à notre mission. Mais ce n'est que partie remise! Maintenant, nous connaissons leurs forces. Nous savons que certains d'entre eux sont passés dans nos murs. Alors nous allons les traquer. Et nous allons les retrouver. Et lorsque nous les retrouveront, ils regretteront de s'être échappés aujourd'hui !

***

À la nuit tombée

Les trois jeunes accompagnés de leur professeur venaient de partir. Les deux italiens se retrouvaient seuls à présent.

- Vincenzo, pourquoi ne rentrerais-tu pas en Italie ? Tu manques à la famille.

Il soupira.

- C'est mon père qui t'a demandé de me convaincre, j'imagine...

- Comprends le, il se fait du souci pour toi. Rentre avec moi ! Tout le monde t'accueillera à bras ouverts. 

- No Giorgio. Tu sais bien que je dois terminer ma quête avant. Pour moi, pour Clara.

Le molosse chauve n'insista pas. Il connaissait l'obstination de son ami. Aussi décida-t-il de changer de sujet.

- Et pour les autres données que j'ai piraté, en plus de ta Liste ? Que vas-tu en faire ?

Vincenzo se dirigea vers la fenêtre, contemplant la ville qui dormait dans la nuit. Son regard fixa l'horizon.

- Tu comprendras en temps voulu.

Soif de PouvoirsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant