Soif de Pouvoirs

21 - Affaire de choix

                Pendant que les autres étaient partis s'entraîner, Vincenzo avait quant à lui choisi de vérifier les informations qu'il avait recueilli auprès de Drex. Il voulait lui faire confiance, mais il savait qu'il devait se méfier, s'en méfier, et donc prendre des précautions. Accompagné de Giorgio, les deux hommes comparaient la liste des noms fournis par Drex avec les noms de la Liste, piratée directement dans la base de données du Centre. 

- Pour l'instant, tout concorde, concéda Vincenzo. Il ne m'a pas menti. Les noms qu'il a révélé comme étant des membres du Dragon Rouge sont bien des personnes passées par le Centre.

- Un point en sa faveur, donc.

- Oui Giorgio, mais méfiance.  Il serait très bien capable de nous fournir quelques bonnes informations au départ, pour gagner notre confiance, puis de mêler du vrai et du faux pour semer le trouble ensuite...

- Tu es parano.

- Peut-être, mais mieux vaut prévenir que guérir. Une chose est sûre, ils sont nombreux... Bien trop nombreux. Cette liste est interminable. Il y en a déjà une cinquantaine, et c'est sans compter sur tous ceux que Drex ne connait pas. Comment allons-nous faire ? Et puis regarde un peu tous ces pouvoirs : maîtrise du feu, de la glace, télékinésie, danse des ombres,  super vitesse, transformation animale... Giorgio, que peut-on faire contre ça ? Comment on se bat contre un type qui se transforme en gorille ou un lance-flammes ambulant ? 

 A ce moment, Vincenzo fut envahi de doutes. Depuis l'accident, il avait toujours cherché sa vengeance, traquant ses proies, froidement, inlassablement. Mais il ne s'attaquait qu'à une personne à la fois. Une cible qui ne l'attendait pas, qui ne le connaissait pas. Il agissait dans l'ombre. Mais maintenant ? Ses ennemis le connaissaient. Et ils étaient très nombreux. Bien trop nombreux pour lui. Même s'il disposait d'alliés, et en supposant que Drex soit bel et bien de leur côté, que feraient-ils à six contre toute une armée ? Une armée dotée de pouvoirs très puissants. En prenant un peu de recul, la situation semblait perdue d'avance. Vouloir détruire le Dragon Rouge ? Une mission suicide.

Il repensa alors à un détail que Drex avait mentionné. L'objectif de l'attaque du Dragon Rouge. Récupérer toutes les recettes et tous les sérums. D'après Drex, le Centre gardait dans une salle très bien protégée des échantillons qu'ils appelaient les sérums interdits. Il ne connaissait pas leurs effets, mais ils étaient tellement puissants qu'ils ne servaient même pas. Ce serait des prototypes soit ratés, soit trop instables pour être utilisés. Peut-être qu'il y aurait également des sortes d'antidotes, ou au contraire des poisons affectant seulement les méta-humains. Le professeur Ferguson pourrait sûrement éclairer sur ce point. Vincenzo retrouva un peu d'espoir.

- Tu as l'air pensif, lui fit remarquer Giorgio.

- ...

- Tu sais que tu n'as pas à mener ce combat tout seul. Je te connais. Je vois bien que tu penses que c'est peine perdue. Mais n'oublie pas, tu n'es pas aussi seul que tu peux le croire.

- Giorgio...

- Arrête de te voiler la face. Je suis sûr que tu y as déjà pensé.

- Oui mais..

- Il n'y a pas de mais. Vincenzo, tu es le fils du Don. Tu as toute une famille qui serait prête à mourir pour toi si tu lui demandais. Tout ce qu'il te reste à faire, c'est contacter ton père et accepter le rôle qu'il te propose depuis tant d'années. D'accepter ton héritage.

- Non. C'est hors de question. Tu sais bien qu'après ce qui s'est passé, je ne peux pas. Je leur ai tourné le dos, comment veux-tu qu'ils me refassent confiance ? J'ai choisi de m'éloigner de cette vie, et je dois en assumer seul les conséquences.

- Arrête de dire des bêtises ! Tout le monde a compris ce que tu as fait. Tu es parti par amour, pour pouvoir profiter de ta femme Clara, et personne ne t'en veux pour ça. Ton père était déçu, certes, mais dans le fond il a toujours respecté ton choix, car même si il ne le montrait pas forcément, il ne souhaitait que ton bonheur. Aujourd'hui il serait fier de te passer les rennes. 

- Peut-être, mais je ne peux pas. C'est ma guerre. Ma vendetta. Pas la sienne, ni la leur.

- Et que dire des jeunes que tu as embarqué la dedans alors ?

- La différence, c'est que je m'en fiche d'eux. Avec la famille, c'est différent. Je ne peux pas les laisser mourir pour moi. 

- Ce serait à eux d'en décider, non ? Permets-moi d'insister, Vince. Tu as le choix. Continuer à te battre presque tout seul, contre cette armée d'extra-terrestres, ou alors combattre avec toi aussi une armée à tes côtés. Tout ne dépend que de toi. Si tu arrives à mettre ton orgueil de côté pour une fois...

Giorgio avait raison. Bien sûr que combattre avec la mafia équilibrerait les débats. Mais il ne pouvait pas se résoudre à embarquer ses amis, ses frères dans cette bataille. Son orgueil l'en empêchait. Pourtant, pour espérer gagner, il n'avait pas le choix. Il faudrait compter sur eux. Son esprit était torturé, emplit de doutes. Vincenzo ne savait plus quoi penser de tout ça. Mais même avec les membres de la mafia,  aussi entraînés et redoutables assassins soient-ils, en face il s'agissait de méta-humains, de monstres. La victoire était-elle seulement possible ? 

Vincenzo chassa ces mauvaises pensées de son esprit et reprit les choses dans l'ordre. D'abord, il devrait discuter avec le Professeur Ferguson, et ensuite il aviserait.