Soif de Pouvoirs

18 - Angle d'attaque

Une fois arrivé au Labo, Marcus installa les blessés sur des tables de soins tout en expliquant vaguement qu'ils s'étaient tous les trois fait attaquer. Jessica et Alcide se précipitèrent vers eux, en particulier leur ami.

Phil avait le visage totalement tuméfié, plein de sang. Sa mâchoire devait être cassée, ses yeux étaient boursouflés et ses pommettes violettes.

- Mon Dieu Phil ! Ça va ? demanda Jessica.

- Il est plutôt mal en point, répondit le professeur, mais ne vous inquiétez pas, j'ai de quoi le soigner.

Il se dirigea vers une annexe, où se trouvait une armoire métallique, qu'il ouvrit afin d'en sortir un petit sac noir pour le rapporter près des bléssés.

Sous les yeux attentifs des deux jeunes, il sortit du sac noir un petit sachet transparent contenant des gélules blanches parsemées de petites taches bleues. Il en prit deux.

- C'est quoi vos machins la ? Demanda Alcide. Vous voulez les soigner avec de l'aspirine moisi ?

- Ces pilules sont de mon invention. Je les ai baptisées les PGA: Pilule de Guérison Accélérée. Elles permettent de démultiplier la vitesse de guérison,  tout en ayant des propriétés d'antidouleur. Elles ne feront pas de miracle, mais leur permettront quand même de guérir plus rapidement. Vous allez voir.

Il fit ingurgiter une pilule à chaque blessé. Après quelques secondes, ils commencèrent à bouger. Vincenzo se releva péniblement pour se placer en position assise.

- Qu'est ce que vous venez de me donner ? bougonna l'italien.

- Ne vous inquiétez pas,  c'est sans risque. Il n'y aura pas d'effets secondaires.

Au même moment, Phil sembla retrouver ses esprits. Son visage retrouvait des couleurs malgré toutes les blessures. Il articula quelques mots.

- Dé.. désolé..je..

- Évite de parler tant que tu n'as pas totalement récupéré, lui dit Jessica en posant sa main pleine de compassion sur son bras.

Phil était dépité. Il avait voulu combattre pour se montrer fort pour Jessica, et voilà que maintenant elle prenait pitié de lui. Échec total. Mais pourquoi son pouvoir n'avait-il pas marché ? Il ne comprenait plus rien. Fatigué, il laissa les autres discuter.

***

Hong-Kong.

Dans le dernier étage d'un gratte-ciel surplombant la mégalopole, l'encens diffusait son odeur à travers la pièce teintée de rouge.

Assis derrière le grand bureau, celle qui dirigeait le Dragon Rouge était au téléphone.

- Oui, je vois. Vous avez bien fait. Penses-tu qu'il continuera à poser problème ? ... Mmmh, c'est ce que je pense aussi. Très bien. Puisqu'il a tant envie de souffrir, il va être servi.

La Cho Hai était à l'autre bout de la ligne.

- Quelles sont les instructions, maître ?

- Je vais partir d'ici peu pour Point City vous rejoindre afin de coordonner l'assaut final. D'ici là, je vais t'expliquer ce que tu vas faire.

***

- Qu'allez vous faire maintenant, monsieur DeRossi ? Demanda Marcus.

Vincenzo allait mieux maintenant, ses côtes ne le faisaient plus souffrir. Il devait l'avouer,  ces pilules étaient vraiment incroyables.

- Je n'ai pas changé d'idée,  au contraire. Je compte bien prendre ma revanche. Maintenant que je sais à qui j'ai affaire, je ne perdrai pas. Et vous allez m'aider.

Jessica s'offusqua.

- Mais vous êtes malade ? Après ce qui est arrivé à Phil ? Débrouillez vous tout seul ! C'est bien trop dangereux et ce ne sont même pas nos affaires !

- Pensez à lui justement. Vous ne souhaitez pas le venger ? Punir ceux qui ont fait du mal à votre ami ?

Alcide, silencieux depuis un moment, les bras croisés, prit la parole.

- Il a raison. On doit venger Phil. Et puis, on a des pouvoirs maintenant. Nous sommes à égalité avec eux. Nous avons même l'avantage d'avoir le professeur pour nous concocter des pilules miracles et des accessoires de combat. On peut y arriver.

- Al' arrête ! C'est pas un jeu ! Ces gens sont vraiment dangereux ! Et nous on a rien à voir avec tout ça ! Ce n'est pas notre guerre !

- Non, mais nous pourrions tourner la situation à notre avantage. N'oublie pas que le Centre nous traque. Ils en ont après nous. Alors oui, c'est injuste. Non, nous ne méritions pas ça, tout nous est tombé dessus par hasard, à cause de ce type -il hocha la tête vers Vincenzo -. Mais je ne compte pas passer ma vie à fuir et vivre caché la peur au ventre. 

Jessica ne saisissait pas tout.

- Que veux-tu dire ? Quel rapport avec le Centre ?

Vincenzo pensait savoir ou Alcide voulait en venir, et réorganisa son esprit en un éclair pour amener les jeunes de son côté.

- Vous pourriez vous servir de ces conflits pour sauver votre peau. N'oubliez pas le vieil adage: les ennemis de mes ennemis sont mes amis.

Jessica commençait à comprendre, et cela ne lui plaisait pas.

- N'y pensez même pas...

- Allons, réfléchissez deux minutes ! Le Centre vous traque. Le Dragon Rouge va attaquer le Centre. Aidez moi à frapper à ce moment là, à éliminer cette foutue organisation, et vous passerez pour des sauveurs aux yeux du Centre ! Ils vous laisseront tranquille en se rendant compte que vous êtes du même côté qu'eux.

- Si on est morts, ça ne servira à rien. C'est bien trop risqué ! En comptant le professeur, Alcide, Phil, vous et moi, nous sommes cinq, comment voulez-vous qu'on arrive à quelque chose ?

- Ce sera suffisant pour faire la différence. Notre seul problème est le manque d'informations. Quand le Dragon Rouge passera-t-il à l'action ? Comment ? Il nous faut absolument ces renseignements pour mettre en place un plan d'attaque.

Marcus assistait à la scène, et son esprit bouillonnait afin de mettre de l'ordre dans toutes ces idées. Profiter d'un conflit entre le Centre et une organisation criminelle afin de jouer les héros en espérant la rédemption ? Sacrément insensé. Mais y avait-il d'autres solutions ? Que pouvaient-ils faire d'autre ? Comme l'avait dit Alcide, vivre caché n'était pas viable à long terme. Et puis cette solution lui permettrait peut-être de lui mettre la main dessus. Son Graal. La raison pour laquelle il continuait ses expériences en dehors du Centre. Aussi se décida-t-il à proposer quelque chose.

- J'ai peut-être une idée, révéla-t-il.