16 - Retour de flammes

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                                     Dans le Laboratoire, le téléphone portable du professeur Ferguson se mit à sonner. Marcus le sortit de sa poche et le fixa, songeur, pendant quelques secondes, avant de décrocher timidement.

- ...Allô ? Oh bonjour monsieur DeRossi. Qu'y a-t-il ? Un rendez-vous ? Oui si vous voulez. Très bien. Je vous retrouve chez vous. À plus tard.

Le professeur Ferguson raccrocha, perplexe.

- Tout va bien professeur ? demanda Phil.

- Oui oui, pas de problèmes. C'était l'italien, il veut me rencontrer, car il a quelque chose à me dire. Son ton paraissait grave.

- Dans ce cas, je vous accompagne. Il est hors de question que vous y alliez seul.

- Non non, ne t'inquiète pas, tu n'es pas obligé. Je ne risque rien.

Soudain le regard de Phil se fit dur, sombre pendant l'espace d'une seconde.

- J'insiste.

Face à la détermination de son jeune élève, qu'il par ailleurs ne reconnaissait pas, mais qu'il attribua au stress et à la tension qui régnaient depuis quelques temps, le professeur céda.

- Si tu veux. Après tout, mieux vaut être deux, on ne sait jamais.


***

Dans l'appartement de Vincenzo

- Merci d'être venu, Marcus. Cela ne vous ennuie pas que je vous appelle Marcus ? Je vois que vous avez apporté votre fidèle toutou avec vous.

- Ne fais pas attention Philoctète, il en fait exprès. Alors, de quoi vouliez-vous me parler qui soit si important ?

L'italien alla se servir un verre de vin italien, un Rosanera, qu'il appréciait particulièrement, et en but une gorgée qu'il savoura longuement avant de commencer à s'expliquer.

- Et bien voyez vous, j'ai assisté hier à une petite réunion. 

- De quel genre ? demanda Phil, curieux.

- Du genre réunion secrète pour une organisation secrète, où le grand méchant dévoile tout son plan. Non vraiment, ça s'est passé exactement comme ça. La porte parole des Triades, donc du Dragon Rouge j'imagine, a balancé son plan à ses troupes. Rien que ça. Sauf qu'ils ne savaient pas que j'étais là, évidemment. J'ai suivi une des leur qui m'a mené à ce petit meeting fort intéressant.

Phil écarta les bras et leva les sourcils.

- Et ??

L'italien but une nouvelle gorgée de son vin. Il était excellent.

- Avec leur petite armée, d'une trentaine de mutants minimum, ils veulent braquer le Centre. Voler toutes leurs potions magiques, quelque chose dans le genre. C'est l'une des deux raisons pour lesquelles je vous ai appelé, Marcus. Vous qui connaissez le Centre, vous devez savoir de quoi il s'agit j'imagine.

Le professeur accusa le coup. Voler le Centre ? Il fallait être fou, ou alors extrêmement bien préparé. Le Centre était une véritable forteresse. Même lui, qui y travaillait avant, ne l'avait jamais visité dans son intégralité. Trop d'étages souterrains, de portes blindées, verrouillées, trop de sécurité. Vouloir s'y introduire et qui plus est voler les formules ainsi que les réserves de sérum relevait de la pure folie.

- Oui, je vois... C'est insensé. Je n'arrive même pas à me l'imaginer. Ces gens doivent être prêts à tout pour arriver à leurs fins. Mieux vaut se tenir éloigné de toute cette histoire. Au fait, vous avez mentionné deux raisons pour notre présence ici, quelle est la deuxième ?

Compte tenu de ce que venait de lui révéler le professeur, Vincenzo étouffa un petit rire. La suite ne risquait sûrement pas de lui plaire. Il fit tournoyer le vin dans son verre avant de plonger son regard ténébreux dans celui du professeur.

- Vous allez m'aider à attaquer le Dragon Rouge lorsqu'il s'en prendra au Centre.

Marcus Ferguson faillit avoir une attaque cardiaque. Phil prit la parole le premier.

- Mais vous êtes complètement malade ?? Vous voulez non seulement qu'on s'attaque aux Triades chinoises, ce qui en soit est déjà inconscient, mais en plus DANS LE CENTRE !!?? Vous avez oublié qu'ils en ont après nous ? On se fera tuer en moins de deux ! Ce serait se jeter dans la gueule de deux loups en même temps ! Je sais même pas comment vous pouvez imaginer une seconde qu'on va vous aider. 

- Vous n'avez pas le ch..

Avant même que Vincenzo ne puisse terminer sa phrase, la porte de son appartement vola en éclats.

Quelqu'un venait de faire irruption.


***

Quelques heures plus tôt.


Bouleversée, désorientée, Melissa se releva péniblement. 

Elle s'appuya sur la poubelle conteneur qui était à côté d'elle. Une fois debout, elle s'épousseta les vêtements en reprenant ses esprits. Quelqu'un venait de la tuer. Enfin, d'essayer.

Elle se palpa le torse, puis le dos, et sentit deux petits trous. 

Il n'y avait aucune trace de sang, ni au sol, ni sur ses habits. Normal, puisqu'elle ne saignait pas. Elle ne saignait plus.

Melissa était une toxico, une fille dépravée qui n'avait plus grand chose dans la vie. Pas de famille, plus d'amis, pas d'argent. Et le peu qu'elle avait, elle le dépensait dans la drogue.

Jusqu'à ce qu'une femme vienne la voir un jour et lui propose une sorte de contrat.

Elle avait accepté aussitôt, sans réfléchir, car elle y voyait là un moyen d'acquérir de l'argent rapidement, et donc un moyen rapide de pouvoir acheter sa came.

Le pouvoir qu'elle avait récupéré dans le Centre était incroyable. Son métabolisme tout entier semblait s'être mis sur pause. Elle n'avait plus besoin de manger, ni de boire. Elle ne vieillissait plus, son sang ne coulait plus. Rien. Il ne se passait plus rien. L'addiction s'était envolée également. Elle était devenue une sorte de morte-vivante, et pourtant, débarrassée de la drogue, elle se sentait revivre.

Depuis sa transformation, qu'elle appelait sa résurrection, elle était l'une des plus ferventes militante pour son employeur, le Dragon Rouge.

Une fois les idées claires, elle chercha les douilles au sol, près de là ou elle s'était relevée. Elle les retrouva, les examina attentivement, puis sortit son téléphone portable.

- Cho Hai, ici Phoenix. Je crois que j'ai quelque chose qui pourrait vous intéresser. N'y a-t-il pas un individu qui tue nos confrères ? Il vient de s'en prendre à moi.


***

- Vous n'avez pas le ch..

Avant même que Vincenzo ne puisse terminer sa phrase, la porte de son appartement vola en éclats.

Quelqu'un venait de faire irruption.


Ou plutôt, quelqu'une.

Il ne la reconnut pas tout de suite.

Mais lorsqu'elle s'avança dans la lumière, il vit.

Elle.

La fille qu'il avait tué la nuit dernière.

Soif de PouvoirsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant