Chapitre 4

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"Le retard est la politesse des artistes..." André Maurois.

PDV Madison :

Je suis ce genre de fille qui est tout le temps en retard. Ce n'est même pas devenu une habitude pour moi, c'est une obligation. J'ai déjà essayé de ne pas être en retard mais rien n'y fait, je suis toujours arrivée trop tard. Ça peut être juste de quelques minutes mais ça peut être aussi de plusieurs heures. J'avoue que quelquefois, je fais exprès mais c'est un réflexe pour moi. J'ai cette impression irrécupérable que si j'arrive à l'heure prévue à un rendez-vous avec une amie, je vais être comme une débile à attendre l'arrivée de l'autre personne, toute seule. Alors que si je suis en retard, la personne est à notre point de rendez-vous avant moi et on peut déjà se rejoindre pour faire ce qu'on avait prévu de faire. C'est égoïste, certes, puisqu'au final, je rejette l'attente sur une autre personne que moi, mais ça me rassure d'une certaine manière.

Mon réveil a sonné il y a environ 15 minutes et je suis extrêmement en retard. Avec Brook, on avait prévu de se retrouver à 9 heures chez moi pour partir faire les boutiques. C' est bientôt l'heure fatidique et je suis à peine habillée. Pour l'instant, je suis en train de sauter à cloche-pied partout dans le salon pour réussir à mettre ma chaussette gauche. Mes cheveux à peine secs, je cours vite vers la salle de bain pour les attacher dans un chignon lâché. Je mets quelques touches de maquillage sur mon visage pour enlever mon allure cadavérique puis j'attrape mon sac. Je ne me suis jamais préparée aussi vite mais il reste mon côté perfectionniste qui n'est pas satisfait de ma préparation.

Même si je ne mets pas une tonne de liquide sur mon visage pour cacher quelconque rougeur, je reste une fille coquette qui aime prendre soin de sa peau, et rester aussi peu de temps dans ma salle de bain ne me soulage pas. Au contraire, je reste dubitative quand je croise mon miroir devant l'entrée. Comparé à hier soir quand je me suis pomponnée pendant plus d'une heure, mes 15 minutes de préparations ne rivalisent pas du tout. J'enlève l'élastique qui attache mes cheveux et passe mes mains dans les racines de mes longueurs brunes. L'humidité s'accroche dans mes doigts et m'empêche de sentir la souplesse habituelle de ma coiffure. Je m'assieds sur le canapé en attendant que Brook arrive en essayant de voir grâce à l'écran de mon téléphone si je ne pouvais pas rajouter quelque chose pour rendre l'harmonie de mon visage plus agréable à rester.

En appliquant un peu de gloss sur mes lèvres, je me rappelle mon rêve de cette nuit qui empourpre mes joues immédiatement. Mes pensées étaient focalisées sur le garçon de la boîte et je n'ai pas réussi à dévier le fil de l'histoire qui a engorgé mon sommeil. Ses yeux m'ont carrément éblouie, attirés, absorbés. Ce vert foncé m'a tellement obnubilé, je n'ai pas vraiment vu son visage puisque l'on était dans un endroit très sombre mais je peux facilement deviner les traits de son visage. Quand j'observe un garçon, la première chose que je regarde n'est pas sa carrure, sa beauté ou sa taille. Ce sont ses yeux, ça peut paraître très enfantin ou romantique, mais ça ne reste que la vérité.

Les yeux d'une personne transmettent son état d'esprit, sa façon de penser, son humeur sans aucun mensonge. Si ce regard est sans vie, avec aucune lueur, ce n'est même pas la peine, cette personne est sans cœur. Mais si ce regard a ce petit quelque chose, cette petite étincelle qui change tout, alors cette personne a une âme profonde. Sans hésitation, le regard de Jaden est la chose que je me rappelle le plus chez lui et je ne l'oublierais pas de sitôt. C'est simple à dire comme ça mais il faut savoir faire la différence et même si quelques humains arrivent facilement à mentir pour tromper les autres même à travers les yeux. Il faut tout de même savoir mettre des distances et garder sa carapace bien close tant que la vraie personnalité n'a pas été découvert

Mais Jaden a l'air différent, il y avait dans ses pupilles cette bienveillance qui me donnaient envie de les regarder. Ses yeux me donnaient envie de lui parler, encore et encore jusqu'à ne plus pouvoir respirer. Ses billes émeraudes tiraillaient l'appétit de les détailler pendant des heures. Je n'ai jamais vu un regard aussi fort et magnifique de toute ma vie. Celui-ci m'intrigue énormément, pas dans le sens où il m'attire, loin de là, mais son regard avait l'air pétillant mais aussi perdu. Je ne sais pas comment expliquer ce ressentiment mais j'ai vraiment cette impression que Jaden est un garçon abîmé et triste. J'ai cette envie incontrôlable de l'aider, j'ai cette sensation qu'il a besoin de moi.

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