Simon - Tome 1 : à demi-mot

Chapitre 6 - Louise

Louise abaissa l'interrupteur de son couloir et déposa son trench-coat sur le joli portemanteau qu'elle venait d'acquérir. Elle y accrocha aussi son sac à main avant de se diriger vers son salon.

La première chose qu'elle faisait, quand elle rentrait chez elle, était de mettre soit la télé, soit la radio, soit un morceau de musique. Ce soir, elle avait envie d'écouter du jazz, électronique si possible.

Elle fouillait dans ses disques quand elle entendit un clic dans son dos, la lampe près de son fauteuil de lecture venait de s'allumer. Elle sursauta, se retourna et poussa un cri strident. Le tout devant la mine hilare de son amie Marie-Lee.

— Mais ça ne va pas !!!!

— Tu aurais dû voir ta tête ! La prochaine fois je prends une photo !

— Mais qu'est-ce que tu fais là ?

Louise sentait son cœur tambouriner dans sa poitrine. Elle s'affala dans son canapé et reprit son souffle. Marie-Lee la regardait en se marrant. C'était typiquement l'attitude de gamine écervelée que Louise détestait chez sa meilleure amie. Mais c'était aussi ce qui la rendait si attachante.

Marie-Lee était un petit bout de femme brune, les cheveux tombant droit sur ses épaules, un corps athlétique et de taille moyenne, un regard en amande qui trahissait ses origines vietnamiennes et une poitrine ronde assez importante pour que les hommes qui l'abordent remettent en question leurs préjugés sur les Asiatiques. Ce qui faisait son charme par-dessus tout, c'était son sourire incroyable. Il s'étirait d'une oreille à l'autre dans une sincérité inaltérable et une spontanéité saisissante. C'est exactement grâce à ce même sourire que la peur et la colère de Louise s'estompèrent pour laisser place à un fou rire salvateur.

— Alors, qu'est-ce que tu fais là ? demanda à nouveau Louise lorsqu'elle put reprendre ses esprits.

— Je suis venue prendre des nouvelles de ma copine ! Alors, ce Simon ?

Louise fit mine de ne pas comprendre ce qu'elle sous-entendait et reprit son ton le plus neutre :

— Une discussion professionnelle, rien de plus.

— Excuse-moi, ma chérie, mais qui penses-tu tromper avec ton attitude de sainte nitouche ? Quand tu prends ce ton, c'est pour cacher ta gêne. Alors, dis-moi, lâche-toi un peu ! C'est quand même pour lui que tu as accepté ce poste !

— Parce que je pense que notre collaboration peut accoucher de quelque chose d'intéressant.

— D'un bébé, oui...

Et elle frotta ses deux index les uns contre les autres. Louise agrandit ses yeux, horrifiée, et secoua la tête en signe de dénégation.

— Professionnellement, je parle.

— Arrête ! Tu n'arrêtes pas de dire que c'est nul ce qu'il écrit. Tu le kiffes, c'est tout. C'est vrai qu'il est canon...

— Je n'ai pas dit que c'était nul, juste que c'est trop... trop... trop !

— Trop quoi ? Trop excitant oui. J'ai lu son dernier, parce que je ne connaissais pas avant. Ouaouh ! Je ne te raconte pas comment j'étais trempée après !

— Passe-moi les détails s'il te plaît...

— Hummm, je t'aurais bien raconté, pourtant. Imaginer ce mec faire tout ce qu'il décrit dans ses bouquins, c'est jouissif. Tu t'es caressée un peu en pensant à lui ?

— Mais, ça ne va pas ? Je reconnais qu'il a un physique attirant et que j'étais curieuse de le rencontrer. Mais il a un caractère incroyablement pédant et cynique, c'est clairement le type de personne que je ne supporte pas.