Chapitre 20 - Le petit grain de sable

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Un mois de passion commune. Ce n'était pas arrivé dans la vie de Simon depuis si longtemps qu'il en avait oublié la sensation. Il savourait chaque moment passé aux côtés de Louise. Il n'avait jamais imaginé pouvoir trouver une personne avec qui il s'entendait aussi bien. S'entendre ne voulait pas dire s'accorder. Ils s'étaient rencontrés sur un profond désaccord et continuaient d'en avoir tout au long de leurs discussions enflammées. Mais ils s'entendaient, ils s'écoutaient, ils se comprenaient, ils se respectaient. C'était peut-être ça, après tout, l'amour : être d'accord pour ne pas l'être sur tout. Simon n'était pas loin de croire en l'existence des âmes sœurs.

Sexuellement, c'était aussi assez dingue. S'il n'avait jamais aimé courir après les conquêtes, c'était aussi parce que ce qu'il aimait, c'était prendre le temps de découvrir, de connaître chaque détail, chaque sensation, chaque infime parcelle de plaisir, chaque zone érogène, chaque petit fantasme. Avec Louise, il sentait que son imagination même pouvait être mise à l'épreuve. Elle semblait ne pas avoir de limites. Il avançait, petit à petit, sans rien brusquer, comme un explorateur dans un jardin secret. Même s'il savait que d'autres avant lui avaient dû fouler du pied ces parcelles-là, il rêvait de l'instant où il atteindrait l'inconnu, l'inédit. Non par ego personnel, mais pour avoir enfin ce petit plus qui le rendrait exceptionnel aux yeux de Louise.

Ce vendredi soir, il avait décidé de connaître davantage ses limites.

*

Simon était sur son canapé, se brûlant les doigts avec une tisane confectionnée par Louise. Les tisanes... Ce breuvage fade que toutes les femmes affectionnaient. Il avait cédé sur ça pour lâcher un peu de lest, mais il était hors de question qu'il en accepte davantage. Et puis elle était bouillante, cette foutue tisane, il se demandait si le plus grand plaisir des buveuses d'herbes chaudes n'était pas d'observer la tasser fumer. Il posa sa tasse au moment où Louise s'asseyait près de lui et se lança :

— Tu me suces, s'il te plaît ?

Elle le regarda de son air effarouché. Il aimait bien, ce visage-là, au moins avait-il réussi à la surprendre. Elle sourit pour lui répondre :

— Si tu veux...

Simon secoua la tête :

— Mais non, je déconne. C'est incroyable ! N'importe quelle nana m'aurait balancé sa tasse au visage en me traitant de machiste et toi tu me dis « si tu veux »...

— Je ne suis pas n'importe quelle nana. Et puis tu as dit s'il te plaît.

— Sans rire, tu l'aurais fait ?

— Je peux encore le faire. Je ne vois pas en quoi je ne pourrais pas. Tu sors de la douche en plus.

— Ah parce que si je n'en sortais pas, tu n'aurais pas pu.

— Je t'aurais envoyé la prendre !

Elle lui sourit d'un air coquin et il tendit la main qu'elle attrapa en posa sa tasse. Il la tira à lui et l'embrassa tendrement.

— Tu me rends fou, tu sais. Je n'ai jamais rencontré une femme avec qui ce soit aussi... simple de parler de sexe. On dirait que... tu n'as aucune gêne.

— Ah bon ? C'est étrange, parce que moi c'est l'inverse, je n'ai jamais rencontré de femmes qui soient coincées. Je n'arrive pas à comprendre qu'on ne puisse pas en parler librement.

— Tu sais, répondit Simon, même moi j'ai du mal à t'en parler.

— Je le sais bien, tu es un grand timide, c'est pour ça que tu écris. Mais j'arriverai à te décoincer. Parlons-en si tu veux.

Simon - Tome 1 : à demi-motOù les histoires vivent. Découvrez maintenant