Chapitre 10 - Le sexe faible

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Quand Simon repensa à cette soirée, il se trouvait ridicule. Il avait entendu la porte claquer, assez fortement, tandis qu'il était nu, allongé sur le canapé, la queue dressée tel le mât d'un navire en déperdition.

Depuis, il avait usé de son énergie ainsi emmagasinée pour écrire. Cette énergie, il la tirait de son désir frustré, bien sûr, mais aussi d'une certaine colère à l'idée qu'elle s'était peut-être jouée de lui. Il se demandait encore comment il devait interpréter ce qu'il s'était passé.

Le lendemain soir, il avait terriblement envie de l'appeler. Il savait que d'ordinaire on n'appelait pas avant plusieurs jours, une sorte de coutume ancestrale pour un accouplement réussi. Mais il n'en avait que faire. Il l'appela :

— Salut, c'est Simon.

— Oui, salut.

— Ça va ?

— Oui et toi ?

— Oui.

La banalité de ces premiers mots le rassura presque. Il ajouta :

— C'était pour savoir... enfin... si tu veux qu'on se voie.

Le silence qui suivit le rassura beaucoup moins. La jolie blonde finit par répondre :

— Peut-être, mais... heu... j'ai besoin de temps...

— Ah, d'accord. On est allés trop vite ? Je suis désolé, j'avais vraiment très envie de toi...

— Oh... c'est gentil...

— Ce n'est pas gentil, non, c'est la vérité. Et c'est encore le cas.

— Écoute, laisse-moi un peu de temps pour digérer tout ça et je te rappelle, d'accord ?

Simon haussa les épaules avant de réaliser que ce n'était pas une réponse acceptable par téléphone :

— Oui, si tu veux, je t'attends.

— Bonne soirée alors.

— Bonne soirée, oui.

Quelle discussion badine et inintéressante ! Il se détestait d'avoir été si... nul ! « J'ai envie de toi ! » Et pourquoi pas « Tu veux qu'on baise ? ». Pourquoi agissait-il ainsi alors qu'il se répugnait à lui-même ? Les mots qu'il prononçait ne ressemblaient en rien à ceux qu'il pensait.

Mais ses pensées même le trahissaient. Il imagina les seins si doux et si beaux de Louise, il regrettait de n'avoir pas davantage osé, il avait envie de les sentir, à l'instant, contre lui. De s'y perdre, d'y plonger la bouche et la langue, peut-être même d'y glisser sa queue...

À nouveau, il s'égarait. Il devait garder l'esprit clair. Il retourna à son roman.

Quelques heures plus tard, il reprit son téléphone, obsédé par la conversation précédente. C'est son ami Léo qu'il appela.

— Salut, Léo, comment vas-tu ?

— Salut Simon. On fait avec. Qu'est-ce que tu veux ?

— J'ai besoin de tes lumières.

Il lui raconta, à sa façon, les événements de ce fameux soir avec Louise. Léo n'en revenait pas :

— C'est chaud ton histoire ! Tu me racontes un de tes romans ou quoi ?

— Mais non, ne déconne pas, c'est la vérité. Et je ne sais pas quoi faire, elle trouve ça trop rapide.

— Trop rapide ? Mais au contraire, elle aurait dû finir dans ton lit, je ne comprends pas pourquoi elle est partie.

Simon - Tome 1 : à demi-motOù les histoires vivent. Découvrez maintenant