Tu n'es pas un rêve, n'est-ce pas ?

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L'hiver était presque trop rude cette année, et le collège permettait à Jasmine de passer plus de temps en dehors de la maison. Sa mère buvait chaque soir, et son petit-ami laissait des messages sur le fixe qui n'étaient pas écouté. A la fin du mois de janvier, la nouvelle année menaçait d'être mouvementée. Quand sa mère rentrait du travail, elle insultait sa fille qui semblait trop heureuse de s'éloigner de la maison. Antoine était passé une fois chez Jasmine, sa mère était dans sa chambre et Jasmine lui interdit de rentrer. Alors qu'elle pensait que tout irait bien, sa mère se leva, fit cuire des pâtes et au moment du dîner, elle jeta un regard noire à Jasmine.

- Les hommes te briseront comme ils m'ont brisé.

- Maman, tout va bien ?

- Tu crois qu'il n'y a juste qu'à moi que ça arrive, mais c'est faux. Ton mec, il te lâchera à la première occasion, comme l'a fait ton père. Comme ils le font tous.

- Maman, si je peux t'aider demande-moi ce que tu veux, mais ne t'énerves pas contre moi comme ça, sanglota Jasmine.

- Tu pleures ? C'est un miracle, il faudrait déjà avoir un cœur. Après tout ce que j'ai fait pour toi, ton père s'est débarrassé de moi à cause de toi, et Mika s'est fâché aussi. Tu m'apportes des soucis, et c'est toi qui pleures, répondit-elle, par un rire cru. Je vais me coucher, je suis fatiguée.

Jasmine ne répondit pas, sa mère mit son assiette dans l'évier, et retourna dans sa chambre. " Les hommes te briseront", cette humeur massacrante commençait à écraser son cœur. Le lendemain, elle demanda à Antoine de rester pour toujours avec elle. Il lui répondit d'un baiser et ils rentrèrent ensemble. Le mois de février arriva, et Jasmine apprit par Cassandre que les parents d'Antoine déménageaient. Bien qu'il lui avait fait une promesse, Jasmine ne lui en voulut pas, elle s'enferma le soir dans sa chambre et dormit avec son bracelet. Le lendemain, Antoine lui promit de revenir la voir, mais Jasmine, tremblante, lui avait sourit et secoua la tête. Après son départ, Cassandre et elle parlait moins toutes les deux. Jasmine préférait simuler une grippe plutôt que d'aller au collège. Quand elle se rendit au parc à nouveau, elle s'allongea dans la neige et resta emmitouflée dans ce froid glacial. Sa mère la chercha en fin de soirée, et quand Jasmine rentra, elles se disputèrent. Sa mère, ivre, tremblait de peur, sa colère apparut le lendemain, et Jasmine partit au collège. L'infirmière la ramena chez elle, alors que le coup de froid de la veille avait abattue les dernières barrières de la jeune fille. L'infirmière parla longtemps avec la mère de Jasmine, tandis que cette dernière était au lit, aspirée entre la réalité et le sommeil. Une semaine passa, et Jasmine allait toujours aussi mal. Sa mère veillait sur elle de près, et son état la préoccupait plus que l'envie de boire. Un soir où Jasmine resta éveillée dans le salon, sa mère et elle eurent une plus longue conversation sur le problème de boisson. L'infirmière lui avait conseillé de suivre un groupe d'entraide, et sa mère prit Jasmine dans ses bras quand elle lui promit de faire des efforts.

Le 14 février, Jasmine se sentait mieux, soulagée de voir sa mère prendre en main sa santé et la maison. Il y avait alors une aura protectrice qui semblait l'entourer. Ce jour-là, Jasmine revit Tom, il passa la journée dans sa chambre, et alors que la grippe avait laissé à Jasmine de faible force, il resta allongée auprès d'elle pendant son sommeil. Quand Jasmine ouvrait les yeux, Tom lui tenait la main. Elle avait le sentiment de pouvoir tout faire à ses côtés.

- Dis-moi ce qu'il se passera plus tard pour nous.

- Je n'ai pas ce pouvoir, je peux simplement voir que quoi qu'il arrive, tu trouveras la force de protéger ce que tu aimes, et toi-même également.

- J'ai eu tellement peur, j'avais l'impression que le monde voulait me voir souffrir, soupira Jasmine. Tu n'es pas un rêve, n'est-ce pas ?

Il posa sa tête contre son épaule ; il lui chuchota que la réalité serait dorénavant mieux qu'un rêve. Jasmine réveilla sa mère le lendemain matin avec une odeur de pancakes. Elle retourna au collège, après deux semaines d'absences, et Cassandra la serra dans ses bras. Les professeurs lui donnèrent un coup de main pour rassembler ce qui manquait à Jasmine, et les cours reprirent. La classe était une source de courage, et d'encouragement. Chaque jour, Jasmine écrivait à Tom ce qu'elle pensait de la journée qui venait de s'achever. Et chaque année, les mots lui manquaient lorsque les deux jeunes se retrouvaient le jour de la Saint-Valentin. Tom grandissait lui aussi, et il pouvait tout faire pour la voir sourire. La réalité les rattrapait le lendemain, mais Jasmine était sûre de le revoir, et rien ne lui semblait plus important. A l'époque, sa mère avait cherché de l'aide et avait énormément travaillé pour devenir une personne plus solide. Leur relation s'était détendue et la maison était accueillante, un halo d'amour régnait en entrant. Le jour où elles reçurent la lettre, le vent soufflait.


Joyeuse Saint-Valentin!Where stories live. Discover now