Les Cinq Mondes - La Destinée

Un an plus tôt

Un an... un an auparavant... Un an depuis tout ça... Un an depuis ses évènements qui m'ont fait mûrir et ont mis fin à ma période d'innocence... Un an depuis sa mort...

La rentrée avait eu lieu et notre trio avait été placé dans la même classe comme tous les ans. Jay faisait ses habituelles pitreries en étant toujours en retard et en énervant les professeurs, talent qu'il est presque le seul à posséder. William et moi n'étions pas encore ensembles et il passait toutes ses journées en dehors des cours à s'entraîner pour continuer à garder son niveau. Niveau qui n'est plus du tout le même depuis un an. Je l'ai toujours connu célibataire avant moi. Il ne regardait aucunes filles comme si une histoire d'amour l'empêcherait de se concentrer sur ses combats.

Et moi, je sortais avec Alyson... enfin plutôt j'espérais... j'espérais qu'elle finisse par se réveiller du coma dans lequel elle était plongée depuis quelques mois... J'allais la voir absolument toutes les fins de semaines après être sorti des cours.

- Oh, Fridy ! On se fait un ciné ce week-end ?

Mon frère me regarde avec insistance pour que je lui donne une réponse rapidement. Sa coupe est légèrement plus longue et cache, presque, l'un de ses yeux. Il a une légère blessure au coin de l'œil qui vient d'une bêtise qui a mal tourné la semaine dernière. Il est penché sur ma table, sa chaise légèrement inclinée. Un peu plus et il tombe par terre. J'acquiesce positivement et demande :

- Tu veux aller voir quoi ?

- Un nouveau film fantastique qui vient de sortir. J'ai demandé à William, il est d'accord pour venir aussi.

- D'accord, pas de soucis.

Mon petit frère me sourit, puis prend un air plus grave et m'interroge :

- Tu vas la voir ce soir ?

- ... Oui.

- Fridy, tu sais...

- Je sais ce que tu vas me dire... Mais je garde espoir, je l'aime et je ne veux pas avoir attendu pour rien tout ce temps.

- Non, je voulais juste te dire que tu avais une bestiole dans les cheveux.

Je m'excuse platement auprès de mon frère avant d'enlever, pensivement, l'insecte qui squatte mes cheveux. Jay s'assoit à côté de moi et passe son bras autour de mes épaules.

- Je crois aussi qu'Alyson peut se réveiller. Elle va revenir et on formera à nouveau notre petit groupe.

- Merci, petit frère, je souris. Où est William ?

- En train de parler avec papa.

- Tu veux dire le Directeur ?

- En effet, mais pour moi ça revient au même.

- Donc, d'après ta logique tu devrais m'appeler maman ? J'interroge en souriant.

Je ris devant le regard perplexe et le silence de mon frère. Puis, mes yeux se tournent vers les bâtiments. Il s'agit de bâtisses similaires à toutes celles d'autres lycées. Un bâtiment pour les cours généraux qui supporte aussi l'entrée du pensionnat, maculé de blanc. Le deuxième bâtiment, un peu plus loin, abrite les enseignements scientifiques dans une bâtisse immense. La salle d'accueil est visible de l'extérieur grâce à des vitres qui l'entourent et permet de rejoindre les salles de physiques et biologie par des couloirs aux deux extrémités de la pièce principale.

En traversant l'herbe de la cour centrale, juste devant le bâtiment des cours généraux, on arrive à l'internat qui accueille les élèves qui ne peuvent pas obtenir d'appartements en ville. Ils sont très libres et peuvent rentrer quand ils le veulent à la résidence comme on l'appelle. Avant, nous vivions là-bas. Enfin, pendant deux mois, jusqu'à ce que le Directeur nous permette de trouver une petite maison en ville... Enfin, il nous l'aurait plutôt offerte. Cela pourrait passer pour du favoritisme, néanmoins Monsieur Karlayle connait notre passé et tout ce que nous avons traversé et souhaite juste nous donner une meilleure chance. De plus, à ce que je sais, il n'a jamais eu d'enfants et nous prend peut être pour les enfants qu'il n'a pas. A vrai dire, nous sommes les premiers élèves à avoir rejoint le pensionnat à sa construction.