Le conflit

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Le combat de William est fini et il part prendre une serviette sur un banc non loin, ne faisant pas attention aux regards choqués des autres élèves. Des policiers sont arrivés et ont réussi à arrêter l'homme au bon moment. Mais, comme d'habitude, il ne se souvenait pas de son comportement... Mais, ce qui m'inquiète le plus, c'est l'expression froide et distante que mon petit ami avait, il y a encore quelques secondes, suite à la mention de ce nom.

Et maintenant, on dirait presque qu'il se sent coupable. Je le vois s'asseoir et mettre la tête dans ses bras. Je me dirige vers lui et pose une main qui se veut rassurante, malgré les tremblements qui la secoue. Je ne l'ai rarement vu combattre, je me fiais, surtout, à ses dires pour mesurer son niveau. Néanmoins, je n'aurais imaginé qu'il puisse faire preuve d'un tel regard froid durant un duel... Et une intuition me dit que ce n'est pas la première fois.

Il se retourne alors, et je peux voir ses yeux marron habituels qui, normalement, distillent une impression rassurante à l'intérieur de moi. Avec ce regard, je pourrais tous lui pardonner, tous ce qu'il fait, tous ces faits et gestes. Mais là, je reste méfiante et m'assois seulement à côté de lui, restant à distance. J'espère ne plus jamais avoir à faire à l'homme que j'ai vu, il y a à peine quelques minutes. L'homme terrifiant qu'est devenu mon petit ami. Cela n'a duré que quelques secondes, mais j'ai eu l'impression qu'il était là pendant beaucoup plus longtemps. Je sors de mes pensées au moment où il approche sa main de mon visage. Je la repousse en l'observant, effrayée. Je m'apprête à lui parler, à lui demander qui est ce Atos dont parlait l'homme tout à l'heure, quand monsieur Karlayle vient nous voir.

De part sa stature carré et ses muscles, il aurait pu mettre à terre l'adversaire de William en une fraction de seconde. Son visage est marqué par la fatigue avec des yeux en amandes et des cheveux coupés courts et d'un sombre presque argenté. Sa veste noire est ouverte sur un tee-shirt de même couleur qui lui donne un air décontracté qu'on aurait dû mal à voir chez un homme pareil. Il arbore une chevalière noire à son majeur qu'il tourne autour de son doigt machinalement. Je me suis toujours demandé ce qu'elle signifiait. Le Directeur ne nous a jamais parlé d'une famille qu'il aurait eue, ou même d'enfants. Il nous sourit et tapote l'épaule de mon petit ami avec un regard plein de fierté.

- Bien joué, William. Tu es vraiment un très bon combattant.

- Je vous remercie, monsieur Karlayle, dit-il en souriant et je me dis qu'il est bien loin du William que j'ai vu tout à l'heure, comme si c'était une toute autre personne.

- Je t'en prie. Tu as pu démontrer tes capacités devant tous tes camarades. Je pense que cela les motivera à s'investir dans leurs études.

- Je vous remercie, monsieur Karlayle.

- Et l'assassin ? J'interroge en interrompant leur conversation. Où avez-vous engagé cet homme ?!

Le Directeur se tourne vers moi avec une expression comme s'il ne comprenait pas ce que je disais.

- Je ne vois pas de quoi tu parles, Fridy. Il n'y avait pas d'assassin.

- Quoi ? Mais si, il a même été arrêté par la police, il y a un instant, je dis, ne comprenant pas pourquoi il ne me croit pas.

- Fridy, dit William en me prenant la main, il n'y avait pas d'assassin. La police est juste venue, curieuse de voir ce combat, c'est tout.

Je le regarde avec de grands yeux d'incompréhension. Je ne suis pas folle, j'ai bien vu ce que j'ai vu ! J'enlève ma main de l'étreinte de celle de mon petit ami et me lève rapidement. Alors, le Directeur dit d'une voix qui se veut rassurante :

Les Cinq Mondes - La DestinéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant