Les Cinq Mondes - La Destinée

Le bal

Mes rêves m'emportent loin comme à chaque fois, toujours la même bataille, toujours le même monstre menaçant. C'est la troisième fois que je le vois et il est toujours aussi effrayant... Soudain, le rêve prend une autre tournure et je me retrouve dans le bureau de monsieur Karlayle. Il observe la peinture sur son mur et je devine qu'il doit penser à sa famille. Alors, une voix interroge :

- Nostalgique, Karter ?

- Karter est mort.

- Ah oui ? Tiens, pourtant je jurerais qu'il se trouve juste devant moi.

- Vous me provoquez ? Interroge le Directeur en se retournant pour voir son interlocuteur.

Celui-ci est caché par un voile sombre et accoudé au mur du fond de la pièce. Sa présence m'est familière, mais je ne saurais dire d'où je le connais...

- Oh, je n'oserais pas ! Néanmoins, vous devez savoir qu'on n'efface pas son passé aussi facilement. Vos actes sont gravés dans le cours du temps.

- Tout comme ceux de mes alliés.

- Exactement.

- Que faîtes-vous ici ?

- Je suis venu vous féliciter pour votre entretien avec la petite Fridy. A ce que je vois, vous savez parfaitement jouer la comédie. Puis-je vous poser une question ?

- J'imagine que je n'ai pas le choix.

- Tout à fait. Alors, j'en viens à ma question : est-ce que vous vous foutez de moi ? Parce que j'ai de l'humour, voyez-vous, malgré mon nombre incroyable de siècles. Néanmoins, les Macylliane voulant réveiller Pandora ? Sérieusement ?

- Vous savez que le Seigneur aime jouer.

- Et vous lui obéissez... vous qui êtes le plus vieux membre de la Confrérie. Pour quelle raison, Karter ? Envisagez-vous de retrouver votre famille ?

- Cela ne vous regarde pas.

- Vous n'êtes pas très coopératif.

- Je ne vous dois rien.

L'autre interlocuteur soupire, puis il tape dans ses mains avant de dire :

- Eh bien, je vais vous laisser, Karter. Mes amitiés au jeune Harrington !

Il disparaît alors dans une tornade de plumes blanches, même plumes que celle retrouvées sur les victimes en prison... Je me réveille en sursaut et souffle. Encore un rêve... Cette bataille, elle revient toujours à ma mémoire, mais pourquoi je ne rêve pas d'autres choses ? Je secoue la tête pour me sortir de mes pensées et me rallonge, sentant le vide à côté de moi. Comme je ne voulais pas que Jay s'inquiète, j'ai laissé William dormir avec moi, mais celui-ci doit être parti à l'entraînement. Même si j'ai été distante avec lui toute la soirée, je pense qu'il est temps de lui parler.

Je me lève et descend pour prendre mon petit-déjeuner. Quand j'arrive dans la pièce, j'y trouve Anna lisant le journal. Je repense à ce qui s'est passé hier après-midi et me dit qu'il est temps aussi de discuter avec elle. Quand elle me voit, elle me fait un grand sourire et je reste interdite devant elle. Elle se lève et vient me faire la bise avant de me dire :

- Tu vas mieux ?

- Je... euh oui, mais... Anna, est-ce que tu te souviens de ce qu'il s'est passé hier ?

- Hier ? Bien sûr. Tu t'es disputé avec William et ensuite tu es parti. J'ai voulu te rattraper, mais là je t'ai vu avec monsieur Karlayle, alors je n'ai pas voulu venir déranger.