Dernier exploit de Charles

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CHARLES.
Betty, laisse-moi faire mes adieux à Marianne et à Juliette avant d’entrer dans cette maison. Je n’y resterai pas longtemps ; dans peu de jours, j’espère être revenu chez Juliette.
BETTY.
Et moi, donc ! Tu me laisseras chez ce vieux Old Nick ?
CHARLES.
Je t’avertis, précisément pour que tu ne t’engages pas pour longtemps.
BETTY.
Bien mieux ; j’entrerai à l’essai, à la journée.
CHARLES.
Très bien et en sortant de là, nous irons chez Juliette.
BETTY.
Mais tu parles d’en sortir comme si tu en étais
certain. Ils voudront te garder une fois qu’ils te tiendront.
CHARLES.
Pas de danger, va ; je leur rendrai la vie dure, et puis ma cousine ne payera pas ; je ne leur serai pas profitable.
BETTY.
Toujours le même ! Tu ne rêves que tours à jouer.
CHARLES.
Puisqu’on m’oblige toujours à la vengeance !
BETTY.
Juliette va te prêcher, va ! Nous voici justement arrivés ; reste avec elle pendant que j’irai voir à Fairy’s Hall si je peux m’y caser le temps que tu y seras. »
Betty déposa sa malle et le paquet de Charles chez les Daikins, et partit pour arranger son affaire.
« Eh bien, Charles, quelles nouvelles ? demanda Juliette avec plus de vivacité qu’elle n’en mettait ordinairement.
CHARLES.
Elle t’avait bien dit ; Betty va me mener ce soir à Fairy’s Hall.
JULIETTE.
Pauvre, pauvre Charles ! J’espérais encore qu’elle n’aurait pas le cœur de le faire.
CHARLES.
Cœur ! Si elle en avait un, oui ; on pourrait
espérer. Mais où est-il son cœur ? Dans son coffre-fort.
JULIETTE.
Et quand on met son cœur avec son argent, la malédiction de Dieu est dans la maison.
CHARLES.
Aussi je suis bien aise d’en être sorti ; j’aurai quelques mauvais jours à passer, je le sais ; mais après je serai ici avec vous. As-tu vu Marianne ? Lui as-tu parlé ?
JULIETTE.
Non, pas encore ; mais elle ne tardera pas à rentrer pour souper. Je voudrais bien que tu fusses délivré de M. Old Nick dans quelques jours, comme tu dis ; mais…
CHARLES.
Mais tu ne le crois pas. Tu verras. En attendant, Juliette, il faut que j’aille faire une visite au juge de paix.
JULIETTE.
Pour quoi faire ? Il ne peut rien pour toi.
CHARLES.
Si fait ; je vais le prévenir de ce que fait ma cousine et de la lettre que j’ai écrite à l’ami de ma cousine Mac’Miche ; et puis je lui demanderai de me protéger et de me faire demeurer chez vous. Au revoir, Juliette. »
Charles sortit et revint une demi-heure après ; il avait l’air enchanté.
« J’ai bien fait d’y aller, Juliette ; M. le juge a été très bon pour moi ; il m’a demandé l’adresse de l’ami de ma cousine Mac’Miche ; il m’a promis de venir voir Marianne pour les cinquante mille francs de mon père ; il m’a donné en riant la permission de me faire renvoyer de Fairy’s Hall et de venir demeurer chez toi, si Marianne veut bien le permettre et comme je lui disais que vous étiez pauvres, il m’a dit qu’il retirerait mon argent de chez ma cousine, et qu’il le confierait à Marianne, qui sera ma tutrice. Je serai bien content de tout ça, et que Marianne soit ma tutrice ! »
Juliette partagea le bonheur de Charles, et tous deux firent des projets d’avenir, dans lesquels Charles devait mener la vie, d’un saint. Quand Betty rentra, elle les trouva heureux de ce prochain espoir.
BETTY.
J’entre ce soir chez le vieux Old Nick, moyennant qu’il ne me paye pas les journées d’essai que j’y passerai.
JULIETTE.
Comment vous a semblé la maison, Betty ?
BETTY.
Pas belle, pas bonne ; sale, triste ; les enfants ont l’air misérable ; les maîtres ont l’air mauvais ; les domestiques ont l’air malheureux.
CHARLES.
Mais… alors… toi, ma bonne Betty, tu seras malheureuse ?
BETTY.
Ah bah ! Quelques jours seront bien vite passés. Et puis, je saurai me défendre j’ai bec et ongles,
et tant que tu seras là, j’y serai aussi.
JULIETTE.
Merci, Betty, merci pour mon pauvre Charles. »
Charles sauta au cou de Betty.
« Et moi aussi, ma bonne, ma chère Betty, je te remercie du fond du cœur. Et quand je serai ici, tu viendras aussi, et je payerai tout avec mon argent.
BETTY.
Ha ! ha ! ha ! Comme tu arranges ça, toi ! Nous verrons, nous verrons ; en attendant, faisons nos adieux à Juliette et marchons à la victoire, car nous en viendrons à bout, à nous deux. »
Marianne entra au moment où Charles demandait à l’attendre ; il lui raconta tout ce qui venait d’arriver, sa lettre à l’ami de sa cousine Mac’Miche, sa visite au juge, son vif désir de venir demeurer chez elles, etc.
Marianne écouta attentivement, réfléchit un instant, parla bas à Juliette, qui commença par pleurer, ensuite elle parla vivement, et finit par baiser les mains de Marianne, et par l’embrasser tendrement.
MARIANNE.
Juliette me le demande ; je veux bien te prendre, Charles ; mais à la condition que si tu tourmentes Juliette, si tu me désobéis, si tu te mets en colère…
CHARLES.
Jamais, jamais, Marianne ; jamais, je le jure ! Je serai votre esclave ; je ferai tout ce que voudra Juliette, j’embrasserai ma cousine Mac’Miche si Juliette me l’ordonne ; je serai doux, doux comme
Juliette.
BETTY, riant .
Veux-tu te taire, vif-argent ! Tu en dis trop ! La bonne volonté y est, mais le naturel aussi. Tu seras aussi bon, aussi obéissant, aussi doux que tu pourras l’être mais tu seras toujours salpêtre. »
Charles regarda d’un air inquiet Marianne qui paraissait ébranlée, et Juliette qui semblait mécontente.
JULIETTE, vivement .
Puisque Charles promet, nous pouvons le croire, Betty ; il n’a jamais manqué à sa parole. D’ailleurs il serait cruel et coupable de lui refuser son dernier asile ; il n’a de parents, après Mme Mac’Miche, que Marianne et moi ; et si nous le refusons, il sera à la merci du premier venu. N’est-ce pas, Marianne ?… Réponds, Marianne, je t’en conjure.
MARIANNE, avec hésitation .
Je crois comme toi que c’est un devoir pour nous ; il dépend de Charles de le rendre agréable ou pénible.
CHARLES.
Croyez-en ma parole, Marianne ; vous n’aurez pas à regretter votre acte de condescendance envers Juliette et de charité envers moi.
JULIETTE.
Oh ! Charles ! charité ! Pourquoi dis-tu cela ?
CHARLES, ému.
Parce que c’est réellement une charité que vous me faites ; tu le sens bien, quoique tu ne veuilles pas l’avouer, de peur de me blesser. Mais ce qui est vrai ne me blesse jamais, Juliette ; le mensonge et l’injustice seuls m’irritent.
MARIANNE.
Allons, allons, tout ça est la vérité vraie ; c’est superbe, c’est touchant ; mais il faut partir, pour arriver avant le coucher de M. Old Nick. »
Charles embrassa affectueusement Marianne, très tendrement Juliette, courut à la porte, et sortit sans tourner la tête, de peur de voir Juliette pleurer son départ. »
Ni lui ni Betty ne dirent mot jusqu’à la porte de Fairy’s Hall. Betty frappa, on ouvrit, et ils franchirent le seuil de leur prison. Un homme de la maison fut chargé de les conduire au concierge. Betty lui adressa quelques questions qui n’obtinrent aucune réponse : l’homme était sourd à ne pas entendre le tonnerre ; c’était lui qui était sonneur de la maison, concierge et fouetteur.
« Du monde, monsieur, dit l’homme sourd en introduisant Betty et Charles dans le cabinet de M. Old Nick.
OLD NICK.
C’est vous qui entrez à mon service et qui m’amenez ce garçon ?
BETTY.
C’est moi, Monsieur, qui entre chez vous gratis, à l’essai, et qui vous amène Charles Mac’Lance dans les mêmes conditions.
OLD NICK.
Hé quoi ! gratis ? J’ai demandé trois mois payés
d’avance. Où sont-ils ? donnez-les-moi.
BETTY.
Mme Mac’Miche ne m’a rien donné, Monsieur, qu’un petit paquet des effets de Charles.
OLD NICK, sèchement .
Je ne reçois jamais un élève sans être payé d’avance. Va-t’en, mon garçon ; je n’ai pas besoin de toi.
BETTY.
Monsieur ne veut pas de Charles ?
OLD NICK.
Sans argent, non.
BETTY.
Allons, nous allons nous en retourner. Bien le bonsoir, Monsieur.
OLD NICK, vivement .
Pas vous, pas vous ! Je vous garde ; j’ai besoin de. vous.
BETTY.
Je n’entrerai pas ici sans Charles, Monsieur.
OLD NICK.
Ah ça ! mais qu’est-ce qui vous prend, la fille ? Je vous ai prise gratis ; mais lui doit payer.
BETTY.
C’est Mme Mac’Miche que ça regarde ; moi, je ne quitte pas mon élève.
OLD NICK.
Ah ! c’est votre élève ! Écoutez, je veux bien le garder huit jours ; mais au bout de ce temps, si je ne suis pas payé du trimestre, je le flanque à la porte (elle m’aura toujours servi huit jours pour rien : ça pavera plus que la nourriture de ce « C’est vous qui entrez à mon service ? »
garçon, se dit-il). Toi, va à l’étude, mon garçon ; et vous, allez à la cuisine ; ma femme y est seule ; il faut l’aider. »
Betty mena Charles jusqu’à la porte qu’on lui indiqua, et alla elle-même à la recherche de la cuisine.
Lorsque Charles entra à l’étude, tous les yeux se portèrent sur lui : le surveillant le regardait d’un œil sournois et méfiant ; les enfants examinaient le nouveau venu avec surprise, son air décidé et espiègle semblait annoncer des événements inaccoutumés et intéressants.
Cette première soirée n’offrit pourtant aucun épisode extraordinaire. Charles n’avait pas de devoirs à faire ; il s’assit sur l’extrémité d’un banc et s’y endormit. Il fut réveillé en sursaut par un gros chat noir qui lui laboura la main d’un coup de griffe ; Charles riposta par un coup de poing qui fit dégringoler par terre ce nouvel ennemi du repos et de la douceur de Charles. Le chat se réfugia en miaulant sous le banc du surveillant. Celui-ci lança au nouveau venu un regard foudroyant et sembla indécis entre la paix ou la guerre. Après un instant de réflexion il se décida pour une paix… provisoire.
Deux jours se passèrent assez paisiblement pour Charles ; il employait utilement son temps à faire connaissance avec les usages de la maison et avec les enfants, dont il observa les caractères divers ; il eut bientôt reconnu ceux, très nombreux, auxquels il pouvait se fier et ceux, très rares, qui le trahiraient à l’occasion. Il les interrogea sur les bruits qui couraient dans le bourg, de fées qui troublaient le repos des nuits, d’apparitions de fantômes, d’hommes noirs, etc. Tous en avaient connaissance, mais jamais personne n’avait vu ni entendu rien de semblable ; ce qui n’empêcha pas Chartes de concevoir des projets dont les fées devaient être la base principale.
Charles voyait souvent Betty, car c’était elle qui aidait à la cuisine, qui faisait les chambres, qui balayait les salles d’étude, etc. Il la tenait au courant de tout, et Betty devait lui venir en aide pour divers tours qu’il projetait.
Pendant ces deux jours, Charles n’avait pas encore travaillé avec ses camarades ; on l’avait laissé prendre connaissance des études et de la discipline sévère de la maison ; il avait été témoin de plusieurs punitions, lesquelles se réduisaient toutes au fouet plus ou moins sévèrement appliqué. Il n’avait eu aucun démêlé avec les surveillants, ne s’étant pas encore trouvé en rapport de travail avec eux ; mais il avait eu quelques discussions avec le protégé des surveillants, un gros chat noir qui semblait l’avoir pris en haine et qui ne perdait aucune occasion de le lui témoigner. Charles lui rendait, avec usure, ses sentiments d’antipathie et ses mauvais procédés ; ainsi, dès les premiers jours de son arrivée, il se trouva en tête-à-tête avec son ennemi dans un cabinet retiré ; tous deux se précipitèrent l’un sur l’autre. Charles attrapa un coup de griffe formidable, qu’il paya d’un bon coup de « Est-ce la place d’un élève, près de moi, sur une estrade ? » poing. Le chat sauta à la poitrine de Charles, qui le saisit à la gorge, maintint avec son genou la tête et le corps de son antagoniste, tira de sa poche une ficelle, qu’il attacha à la queue du chat après avoir attaché à l’autre bout une boule de papier ; puis il ouvrit la porte et lâcha l’animal, qui disparut en un clin d’œil, traînant après lui ce papier dont le bruit et les bonds lui causaient une frayeur épouvantable. Charles était rentré dans l’étude lorsque le chat s’y précipita à la suite d’un élève qui arrivait ; chacun tourna la tête à ce bruit. Le maître appela son favori, le délivra de son instrument de torture et promena un regard furieux et scrutateur sur tous les élèves ; mais il ne put découvrir aucun symptôme de culpabilité sur ces physionomies animées par la curiosité et par une satisfaction contenue. Tous avaient à se plaindre de la méchanceté de ce chat, et tous triomphaient de sa première défaite. Le maître interrogea les élèves et n’obtint que des réponses insignifiantes ; Charles parut innocent comme les autres ; son premier mot fut « Pauvre bête ! comme c’est méchant ! » L’affaire resta donc à l’état de mystère, et le coupable demeura impuni.
C’était la première fois que chose pareille arrivait ; les élèves, plus fins que le surveillant, flairèrent le savoir-faire du nouveau venu, et lui accordèrent une part plus grande dans leur estime et leur confiance.
Il fallut pourtant que Charles commençât à travailler comme les autres. Le troisième jour, après une série d’exécutions auxquelles assistèrent les enfants comme d’habitude, Boxear, le surveillant, signifia à Charles qu’il allait désormais assister aux leçons et faire ses devoirs comme ses camarades. Charles en fut satisfait. C’était du nouveau pour lui ; il avait le désir d’apprendre et il écouta avec une attention soutenue.
Après la leçon on commença l’étude ; les élèves se placèrent devant leurs pupitres ; Charles n’en avait pas encore, il demanda où il devait travailler.
BOXEAR.
À votre pupitre, Monsieur.
CHARLES.
Lequel, Monsieur ?
BOXEAR.
Le premier vacant. »
Charles en aperçut un inoccupé près du surveillant ; c’était celui du remplaçant. Charles alla s’y placer.
Boxear se retourna vers lui, croisa ses bras et le regarda d’un air indigné :
« Avez-vous perdu la tête, petit drôle ? dit-il. Est-ce la place d’un élève, près de moi, sur une estrade ?
CHARLES.
Ma foi ! Monsieur, est-ce que je sais, moi ? Est-ce que je peux deviner, moi ? Vous me dites le premier vacant ; j’aperçois celui-ci, je le prends.
BOXEAR.
Ah ! Monsieur est beau parleur ! Monsieur est raisonneur ! Monsieur est insubordonné, Il le fit tournoyer en l’air et le lança sur le pupitre du surveillant. révolutionnaire, etc. Voilà comme nous venons à bout des beaux parleurs (il lui tire les cheveux) des raisonneurs (il lui donne des claques) ; des insubordonnés (il lui donne des coups de règle) ; des révolutionnaires (il lui donne des coups de fouet). Allez, Monsieur, chercher un pupitre vacant. »
Charles n’avait pas poussé un cri, pas laissé échapper un soupir ; les visières du cousin Mac’Miche, qui occupaient toujours leur poste de préservation, avaient été pour beaucoup dans ce courage héroïque ; il jeta un coup d’œil dans la salle et alla prendre place près d’un garçon de son âge à peu près et qui avait des larmes dans les yeux.
« Celui-ci est bon, se dit-il ; il ne me trahira pas à l’occasion. »
Le maître l’examinait avec attention ; « il ne sera pas facile à réduire, pensa-t-il ; pas une larme, pas une plainte ! Il faudra bien pourtant en venir à bout. »
« Minet ! » appela le maître. Le chat noir à l’air féroce répondit par un miaulement enroué qui ressemblait plutôt à un rugissement, et sauta sur la table de son maître. Celui-ci fit une grosse boulette de papier, la fit voir au chat, qui fit gros dos, leva la queue, dressa les oreilles, et suivit de l’œil tous les mouvements du maître, jusqu’à ce que la boulette lancée fut retombée sur la tête de Charles. Il poussa un second miaulement rauque et d’un bond fut sur la tête et sur les épaules de son ennemi, qu’il se mit à mordre et à griffer, tout en poursuivant la boulette qui roulait sous ses griffes et ses dents.
Charles se défendit de son mieux, lui tira les pattes à les lui briser, lui serra le cou à l’étrangler ; le chat se sentit vaincu et voulut sauter bas, mais Charles ne lui en donna pas le temps ; il l’empoigna par les pattes de derrière, et, malgré les cris désespérés de l’animal, malgré les cris furieux du maître, il le fit tournoyer en l’air et le lança sur le pupitre du surveillant, qui reçut dans ses bras son chat étourdi et presque inanimé. Les yeux du maître lançaient des éclairs. Il descendit de son estrade, se dirigea vers Charles, le fit rudement avancer jusqu’au milieu de la salle, le força à se coucher à terre, et commença à le déshabiller pour lui faire sentir la dureté du fouet qu’il tenait à la main. Mais à peine eut-il enlevé à Charles son vêtement inférieur, qu’il recula épouvanté comme l’avait fait Mme Mac’Miche : les diables étaient encore à leur poste, frais et menaçants. Charles devina et se releva triomphant.
« Je suis un protégé des fées, dit-il, j’en porte les armes ; malheur à qui me touche ! trois fois malheur à qui me frappe ! »
Boxear ne savait trop que penser ; il commença pourtant par reculer ; le hasard voulut qu’en reculant il trébuchât sur un tabouret, qui le fit tomber en avant ; il se trouva avoir le pied foulé et le nez très endommagé ; les enfants, voyant qu’il ne pouvait se relever, quittèrent leurs bancs, et, Ils lui tirèrent les bras. sous prétexte de lui porter secours, ils lui tirèrent les bras, les jambes, la tête, le faisant retomber après l’avoir enlevé et le tourmentant de toutes les façons, toujours pour lui venir en aide.
« Laissez-moi ! criait-il ; ne me touchez pas, petits gredins ! Allez chercher quelqu’un pour me relever. »
Mais les enfants n’en continuaient pas moins leurs bons offices, malgré les hurlements du blessé.
Charles trouva moyen, dans le tumulte, de glisser à l’oreille de quelques camarades l’origine des diables qui les avaient tous effrayés ; la nouvelle courut bien vite dans la salle, et Charles devint dès ce moment l’objet de leur admiration et de leurs espérances.

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