Le Peuple Du Temps

Chapitre 5

Ma tête, qu'est-ce qu'elle me faisait mal.....

Un insoutenable bourdonnement envahissait mon crâne.
J'ouvris mes yeux avec difficulté.
La petite pièce en pierre dans laquelle je me trouvais paraissait usée par le temps.

Elle ne l'était pas réellement, mais était faite pour y ressembler.
Les pierres étaient colmatées les unes dans les autres à l'aide d'un mortier fait de terre et d'eau.
Le conseil se chargeait chaque année du bon respect des méthodes de construction de l'époque choisie.
Les matériaux étaient ramenés de la Terre en grande quantité au fur et à mesure par les Passeurs.

Les Passeurs avaient un rôle primordial.
Ils s'occupaient de ravitailler les différentes cités en matériaux, vivres, et tissus.
Bien qu'ils soient essentiels pour le bon fonctionnement de notre société, ce métier n'était pas prisé des jeunes diplômés.

Les disciples de ces années avaient une nette préférence pour les Voyageurs.
Il y avait dix grades dans les Voyageurs, les grades dépendaient de l'importance de la mission donnée.
Pour espérer exercer ce métier, il fallait obtenir une place assez élevée.

Les premiers du classement pouvaient choisir en priorité leur placement.
Les derniers prenaient les postes vacants.
Généralement il s'agissait des postes de Passeur et de Nettoyeur, qui assuraient l'entretien de la ville et des infrastructures.

Personnellement, je n'étais attirée par aucun metier en particulier.
Je prendrai ce qu'il restera.
Raphaël m'avait dit qu'il voulait devenir Passeur, ce metier lui convenait très bien.
Les Passeurs étaient libres de leurs mouvements, du moment qu'ils avaient remplis leur quota mensuel de vivres ou matériaux rapportés aux différentes cités.

Une goutte tomba sur mon front, me ramenant durement à la réalité.
Je levais les yeux, certains endroits du plafond en pierre abritait des moisissures et de l'eau se faufilait entre les parois.
Une autre goutte alla s'écraser sur ma joue et glissait le long de mon cou.
Le village du 16 ème siècle était rénové tout les deux mille ans mais ça n'empêchait pas l'humidité de s'installer.

Ce n'était qu'à ce moment là, que je pris conscience de ma situation.
J'étais seule.
Seule et blessée.
Du sang s'échappait de ma blessure où le poignard était toujours planté.
Le sol en granite sous ma jambe était recouvert du liquide rouge qui s'infiltrait entre les carreaux.
La douleur s'était doucement estompée, toute en restant présente.

Une unique fenêtre éclairait la petite pièce.
Une légère lumière s'en échappait.
Je m'agrippais au mur et me relevai, non sans un certain effort.
J'attaignai la porte et l'ouvrit.
La porte en bois grinça.
Elle menait sur un passage couvert. Plusieurs petites arches séparaient les différents paliers.
Des lanternes noires éclairaient le passage dérobé.

C'était trop calme, beaucoup trop calme.....

Ne voulant pas alerter les possibles participants au alentours, je décidais de revenir discrètement à l'intérieur.
Je crois me souvenir que sur Terre au fur et à mesure que la journée se déroule, la lumière se rarifit pour disparaître intégralement dans la soirée.

Pourquoi fait-il nuit dans ce village ?

L'épreuve ne devait durer que cinq heures.
Je n'entendais aucun bruit de combat pouvant signaler la présence de d'autres disciples dans le périmètre.
Non, ce n'était pas possible !
Le conseil ne serait pas aussi négligeant.....enfin je crois ?

M'auraient-ils oubliée ?