Chapitre 8

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Le jeune disciple tomba à ses pieds, serrant sa main ensanglantée contre le cur.
Un sourire malsain se dessina sur les lèvres de mon coéquipier.
Il leva son épée et l'abattatit sur le jeune homme.

Qu'est ce qu'il lui prend ?!?
Il est interdis de tuer un disciple pendant l'épreuve !

Ni une ni deux, j'arma mon arc et visa l'arme de mon coéquipier.
La flèche percuta son épée dans un tintement sinitre, l'envoyant valser au loin.
Ewran scruta les toits des maisons, sûrement avec la conviction que le tir venait de là-haut.
Le jeune recroquevillé sur lui-même gisait à ses pieds, le visage marqué par la peur et l'attente résignée.
Ces cheveux blancs plus courts qu'à l'accoutumé retombaient en boucles de par et d'autre de son visage sans imperfection.
Une voix familière résonna dans tout le village par l'intermédiaire des haut-parleurs placés en circonférence.

- 《 Chers disciples dévoués, l'épreuve est dorénavant terminée.
Les numéros 27 et 142 remportent cette épreuve.
Nous vous rappelons que la note obtenue ne sera pas tenue en compte pour votre examen final. 》

Alors qu'elle en était le but ?

Le temps de remettre de l'ordre dans ma tenue et de récupérer la plupart de mes flèches, tout le monde était déjà parti.
Je déambulai dans la ville, après avoir reçu mon score et rendu mon équipement, on m'avait donné quartier libre.
Les boutiques en verre étaient illuminées de panneaux colorés où quelques Passeurs vendaient des produits éxotiques.
Des armes de toutes sortes étaient étalées.
Un poignard attira mon attention, un peu basique, il était constitué d'une lame noire striée de rouge.
Je ne savais pas pourquoi mais je ressentais une irrésistible envie de le posséder.
Le passeur d'une cinq-centaine d'années ayant remarqué mon attiration pour son produit m'adressa un sourire professionnel.

- 《Vous avez l'oeil, jeune fille !
Je l'ai acheté à des Passeurs de l'enfer, il paraît...

- Je le prend ! 》Le coupai-je en déposant mon doigt sur la surface en verre près des exposoirs.
Il en fit de même.
Mon portrait holographique s'afficha et je procédai à un virement sur le sien.
Le Passeur me tenda mon nouveau bien et me prononça rapidement un "au revoir ", avant de passer au client suivant.
J'accrocha le poignard à ma ceinture et tourna les tallons.

~~~~~~ Éllipse de deux mois ~~~~~~

-《 Isobel !!!!!!! 》

Une voix aigrie perça entre mes doux songes.
Mes paupières étaient lourdes comme si on y avait posé des pierres.
Je me rappelais du cours qu'on avait fait sur les cérémonies mortuaires.
Non, ce n'était sûrement pas ça.
Le corps de cette humaine met du temps à se réveiller, c'est tout.
Mes yeux s'habituèrent peu à peu à la lumière qui perçait par l'unique fenêtre de la grande pièce rectangulaire.
Une jeune fille rousse sur le lit d'en face, m'épiait d'un air inquiet.
Elle se leva délicatement, sa robe de nuit en mousseline retombant sur ses longues jambes blanches.
Elle se reprocha, les yeux embués de larmes.

- 《 Je n'ai pas envie que tu partes.
Reste, s'il te plaît ...
Isobel ... 》

Dans l'encadrement de la porte une femme âgée apparue au moment même où la jeune rousse prononça ses supplications.

- 《 Qu'elle reste ? C'est impensable ! Elle va avoir dix-huit ans ce mois-ci.
Hors de question, qu'elle reste une nuitée de plus dans cette maison.
Et lève-toi, nom de dieu !
Si tu veux mon avis, Mr Polier a été bien généreux en t'acordant ce travail auprès de lui.

- Mais ... Mrs Penthylle, j'ai vu que pas plus tard que la semaine dernière Mr Polier frappait sa femme en public, qui venait de donner naissance. 》
Dit la jeune fille, ses yeux verts s'agrandissant d'effroi.

- 《 Elle n'avait pas qu'à mettre au monde deux filles.
Des jumelles, rien que ça !
Impossible à marier. 》
S'exclama la mégère en me tirant violement du lit.
Elle m'indiqua de prendre la petite valise posée au pied de celui-ci à mon intention.

- 《 Ne te donne pas la peine de me rendre la chemise de nuit, plus aucune ne voudra la porter après toi ! 》
J'acquiesçai, ne sachant que répondre.

La jeune fille ( mon amie ? ) ouvrit une petite commode.
Elle en sortit des robes en laine que je devinai trop petites pour son corps me les tendant, j'en déduisis qu'elles m'appartenaient.
Après les avoir rangées, elle me tendit tour à tour une paire de bottes fourrés, des vieux collants et quelques plaides de couleurs unis.
Je commençai à rouler les plaides en des petits boudins pour gagner de la place dans ma valise, quand Mrs Penthylle recommença de crier de plus belle.

- 《 Tu es bien lente, petite!
Et cette façon de ranger les vêtements n'a aucun sens. 》

Je redouble d'effort et boucle ma valise en un temps record.
La mégère était déjà redescendue.
La jeune rousse me fit un petit sourire tremblant et se lova contre moi.
Elle me tendit un manteau beige et une écharpe bleu marine qui étaient auparavant posés sur le lit.

Puis elle tendit les doigts vers son cou et en sortit une fine chaine que je n'avais jusqu'à présent pas remarqué. Une petit pendentif en argent pendait le long de la chaine faite d'argent elle aussi.
Elle me la plaça autour du cou.

- 《 Ne m'oublie pas, s'il te plaît. 》
Disait-elle entre deux sanglots étouffés.

Un peu perdue face à ses larmes, je n'osais rien faire.
Je lui fis un petit sourire simulant l'émotion de ce moment, pris mon sac et descendis quatre par quatre les escaliers en colimaçon.
Mrs Penthylle m'attendait avec un air renfrogné.
Ne passait-elle sa journée qu'à être énervée ?

- Enfin. Dit-elle en posant ses mains sur ses hanches.
J'espère que tu te souviens de la route.
Aller houste !! 》

Elle ouvrit la porte d'entrée et me poussa fermement à l'extérieur.
Je peinas à rester debout, mon dieu que ce corps était fragile.
Les quelques arbres présents résistaient encore pendant que leurs branches s'écroulaient sous le poids de la neige qui tombait abondamment.
Je m'avançai jusqu'au portail de la cour et me faufila entre les grilles.
À ce moment là, deux chemins s'offraient à moi.
Chacun des chemins avait des panneaux en bois indiquant la direction.
Celui de droite portait un panneau indiquant " Centre ville d'Elgin ".
L'autre indiquait " Langle "
Je crois me souvenir que cette ville était toute proche du camp que je dois infiltrer.
Je pris donc ce chemin.
- 《 Que l'aventure commence. 》
Soufflai-je en remettant mon écharpe par dessus mon épaule.

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Voici enfin mon nouveau chapitre, n'hésitez à me dire ce que vous en pensez en commentaire ! ^^

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