Le Peuple Du Temps

Chapitre 6

Une multitude de questions embrumait mon esprit.

Où était ewran ?
Pourquoi m'avait-il abandonné, blessée dans cette pièce ?
Pourquoi ne m'avait-il pas enlevé ce poignard avant de partir ?
Et en parlant de ce poignard, qui me l'avait envoyé ?

Ce dernier me faisait, depuis la demie-heure où j'étais cloîtrée dans cette petite bâtisse, affreusement souffrir.
Mon front touchait la pierre froide du mûr.
Mes mains ensanglantées glissaient sur la paroi, laissant des traces rouges sur leur passage.
J'étais affaiblie par ma blessures dont le sang ne cessait de s'échapper.
J'avais bien essayé de retirer le couteau de ma cuisse, en vain.
Je m'étais écroulée de douleur, après de nombreux essais et j'étais à présent d'aplomb.

Je n'osais pas m'asseoir ou fermer les yeux.
Le danger pouvait survenir à tout instant.
Mon arc était posé sur ma hanche, m'en facilitant l'accès en cas de problème.
Pour l'instant, le problème principal était ce que les humains apellaient "La nuit".
Je me traînai avec difficulté jusqu'à la porte, que j'ouvris avec la plus grande discrétion dont je pouvais faire part.

Quelle étrange invention de la part de Chronos.
Fut la première pensée qui me vint à l'esprit lorsque j'aperçus, en levant la tête, le ciel d'un noir profond.
Quelques petites lumières étaient parsemées sur cette grande toile profonde.
Je crois me souvenir qu'on les apellaient des " étalles ".
La terre était un monde instable, éphémère et violent mais j'enviais certaines choses aux humains.
Je voulais savoir quelle sensation procurait la douce caresse du vent sur sa peau.
Le goût du chocolat fondant sur la langue.
Ou d'être libre, juste libre.
Mais le simple fait d'être née dans la cité du temps, m'interdisait toutes ces choses.
Je n'étais aux yeux de Chronos, qu'un numéro parmi d'autres.

Chronos........
Mon maître, mon dieu.
J'étais sa création, son pion.
Un élément insignifiant qu'on pouvait faire disparaitre d'un revers de main.
Il avait créé, disait-on, les premiers disciples avec son sang et une larme d'Athéna , déesse de la guerre de la stratégie et de la justice.
Il l'aurait prise à la déesse lors de sa soumission, à la fin de la guerre d'Helua.
Cette guerre qui avait durée deux milles ans, opposait Chronos et Gaïa, la déesse de la Terre.
Athéna n'avait été qu'un dommage collatéral.

Quand Chronos créa son peuple, les autres dieux furent jaloux en voyant à quel point nous lui étions utiles dans ses nombreuses tâches.
Des dizaines de divinités, pendant cette période, créèrent leur peuple.
On rencontrait fréquemment les autres peuples lors de nos missions sur Terre.
Cela nous posait pas réellement de problèmes.
Jusqu'à qu'Hadès, le dieu des enfers et de la mort, forma le sien.
Le Peuple des enfers n'était que perfidies, malveillances et violences.
Chronos et Hadès étaient des vieux frères ennemis.
Le dieu de la mort faisait souvent capoter les missions de mon peuple et s'en délectait d'un plaisir malsain.

Un claquement sourd résonna dans la petite ruelle.
Tout mon corps était en alerte.
Mon arc à la main, j'armai ma flèche dans l'encoche.
Mes deux doigts empoignèrent la corde en dessous de la flèche, la corde se tendit dans un élan meurtrier.
La flèche en acier au bout renvoyait un éclat sur le mûr opposé.
Les claquement devenaient de plus en plus forts.
Le bruit se reprochait dangereusement.
Est ce le conseil qui vient me récupérer ou un autre disciple agressif oublié ?
Une goutte de sueur coula le long de ma tempe.

Une silhouette se dessinait dans l'ombre au coin de la rue.
Elle avançait dans ma direction.
Mes doigts rougit par l'effort  tremblaient sur la corde.
Un jeune homme s'approchait de moi, tête baissée.
Il est couvert de sang.
Il portait l'uniforme réglementaire des disciples en formation, un pantalon, un tee-shirt et une veste.
Tout l'ensemble était blanc.
Et rouge maintenant.......
Le garçon releva la tête.

Ewran !
Mon binôme me regardait avec des yeux vides.
Son souffle était bruyant et court.
Ses épées ruisselaient de liquide rouge.

-《 Ça va, numéro 142 ? 》
Me demanda-t-il comme si tout était normal.

-《 Mon dieu ! C'est ton sang ?! 》
Dis-je en l'entrainant à l'intérieur.

Je refermais la porte.

Ewran m'attrapa le poignet et me fit m'asseoir avec lui.
Il sortit des feuilles et un bout de tissu de sa poche.

-《 Ce n'est pas le mien. 》
Disait-il d'un ton détaché.

Je soutenais sous regard, espérant qu'il développe de lui-même.

-《 J'ai poursuit le groupe de quatre qui nous a attaqué, certains se sont échappés.
Le conseil a décidé d'allonger la durée de l'épreuve, il reste encore trop de participants. 》

Il prit les feuilles et les mit sur le bandage qui était vraisemblablement un morceau d'un vêtement.
Ewran me prit la jambe et la posa sur la sienne.
Sa main empoigna la dague plantée dans ma cuisse et son regard chercha le mien.

-《 Maintenant 142, on va retirer ce poignard. 》