31.On dit toujours que c'est l'intention qui compte !

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Quelques semaines plus tard, du point de vue de Justin...             

Mercredi 25 novembre

-       Je peux pas croire qu'elle viendra pas ! s'exclame Justin, qui commence malgré tout à envisager cette éventualité.

Maudissant la température qui l'a obligé à sortir son gros duvet d'hiver au mois de novembre, il se contorsionne sur son siège pour atteindre sa poche intérieure. Ce serait plus simple de se lever pour dégager la manche sur laquelle il est assis, mais il est comme ça : le chemin le plus court, celui qui lui semble le meilleur, se révèle souvent être le moins efficace. Il attrape enfin son cellulaire et vérifie l'heure pour la troisième fois. Vingt-et-une heure trente-quatre, et toujours aucun signe de Hay !

Il fixe l'appareil un instant, espérant voir apparaître une notification annonçant que son amie a du retard, qu'elle est en route. Il remet son portable dans la poche arrière de son jeans, peu enclin à se livrer à une quatrième prestation de gymnastique.

-         Ça fait des mois qu'elle en parle ! reprend-il, incrédule.

Le premier groupe a fini de jouer et les rugissements enthousiastes de la foule du parterre se sont tus, remplacés par la rumeur bruyante des conversations qui s'amorcent maintenant que les lumières se sont rallumées pour l'entracte, avant le spectacle de MUSE. Aucun de ses amis n'a le temps de réagir à ses propos que Jane se lève déjà.

-       Qui vient avec moi ? Je vais me sacrifier pour aller faire la queue ! s'écrie-t-elle, comme si elle n'avait rien entendu de ce que Justin a dit, alors qu'elle était assise à sa gauche. Quelqu'un veut quelque chose ?

Personne n'offre de l'accompagner, parce qu'Henri était debout avant même qu'elle n'ait eu fini de parler. Ça n'étonne personne.

-       Hé ! Deux bières pour moi, la hèle Félix en fouillant dans la poche arrière de son jeans pour lui glisser un billet de vingt tous neuf dans la main.

-       Tu peux me rapporter une bouteille d'eau ma chérie ? roucoule Élie en se penchant pour être sûre que Jane l'entende. C'est sur le bras de Félix !

-       Pourquoi moi ? s'insurge ce dernier. Ça coûte six dollars une bouteille d'eau ici !

Elle se retourne pour lui donner un coup de coude dans les côtes en le menaçant du regard. Un éclair bleu filtre d'entre ses paupières mi-closes poudrées de violet.

-       Hey le cheap ! T'en as les moyens ! Imagine comment ça va être compliqué pour notre pauvre Jane si elle doit remettre le change à tout le monde, se radoucit-elle, en manipulatrice parfaitement assumée.   Je veux juste aider moi ! ajoute-t-elle avec une moue adorable, en plaçant sa main chargée d'anneaux d'or et d'argent sur son cœur.

Habitué – comme tous leurs amis – à ces tirades de princesse, il finit par accepter de mauvaise grâce.

-       D'accord, d'accord, c'est bon ! C'est tellement désintéressé de sa part. Laissons-la faire une bonne action, ça arrive si rarement !

Élie le remercie d'un sourire laqué de rose, réussissant avec Félix là où peu de filles se seraient risquées. Avec lui, le défi est trop stimulant pour qu'elle résiste à la tentation de l'obliger à plier !

-       Justin, Roman, Raf, vous êtes sûrs que vous ne voulez rien, s'impatiente Henri, en imitant le ton et la posture de Jane à la perfection, faisant rire tout le monde.

Cette dernière, mains sur les hanches, ouvre d'abord la bouche pour protester, puis la referme. Henri remarque aux frémissements de ses lèvres qu'elle se maîtrise mal et l'encourage à se lâcher d'un air enjôleur :

DissonancesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant