Chapitre XVII

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Dés les premières secondes, le plus jeune comprit que quelque chose clochait. L'ambiance crade de ce "film", l'absence totale de musique et la manière de filmer au poing... La peur le paralysa totalement lorsque l'image se figea sur une porte. Sa porte. La porte verte. Son coeur rata un battement.

La porte s'ouvrit et la chambre d'enfant apparut. Sa gorge s'asséchât. Le bureau était rangé impeccablement, contre la chaise il y avait son cartable d'école. La chambre était propre, ordonné, rangé. Impeccablement.

Tout ce qu'une chambre d'enfant n'était pas.

Aucun jouet au sol, aucune peluche. Juste une affiche du Roi Lion au dessus du lit. La camera zooma sur le lit. Une forme se découpait, caché sous la couverture au motif Harry Potter.

Le porteur de la camera dézooma et se rapprocha du lit. Le souffle du Tueur s'accéléra. L'on vit une main tirer lentement la couverture, dévoilant un enfant aux yeux résolument fermé, roulé en boule dans le lit. La voix doucereuse et malsaine du porteur murmura ;

- Je sais que tu ne dors pas.

Le criminel poussa un léger gémissement de terreur en entendant la voix. Cette voix qui lui murmure à l'oreille, caché dans les ombres. Je sais que tu ne dors pas. La voix qui hante ses cauchemars.

A l'écran, le petit garçon ouvre les yeux et regarde la camera d'un air tremblant. Ses cheveux ébouriffé et sa main serrée sur son haut bien trop grand pour lui, lui donnent un air fragile. Tout comme sa lèvre tremblante et son regard apeuré. Il entend le leger bruissement prés de lui et tourne la tête pour tomber sur les yeux abyssaux du Commissaire.

Evidemment. Même au bord de la mort, il sera toujours conscient. Il verras encore ça. Sa vulnérabilité. Sa honte. Sa fragilité. Sa faiblesse... Le Tueur se concentra totalement sur le regard de l'homme, tentant d'oublier que sur l'écran, une main enlève le haut du petit garçon. Les yeux sombres du flic sont insondables. Que pense-t-il ? Le criminel aimerai le savoir. Mais il n'ose pas enlever le scotch qui le bâillonne. Il a peur qu'il y ai une grenade dans sa bouche.

- Sois gentil avec papa...Tout les petits garçons font ça...

Un nouveau frisson traversa le criminel. C'était faux. Son frère ne faisait pas ça. Les autres non plus. Il n'y avait que lui. Il regarda à nouveau l'écran, les yeux écarquillés et les mains crispées sur les accoudoirs. Le petit garçon était en boxer, assis sur le lit et tremblant. Une main calleuse et veiné parcourait son torse et le souffle rauque de l'homme était parfaitement audible.

- Tu veux faire plaisir à papa ?

Le petit garçon frissonna et murmura avec automatisme, sachant qu'une autre réponse ne serait pas acceptée ;

- Oui...

- Regarde la caméra.

Le regard suppliant et plein de larmes de l'enfant se dirigea vers l'œil de verre et il semblait regarder les spectateurs. Plusieurs larmes roulèrent sur les joues du garçon. La main descendit vers le sous vêtement. Le criminel hoqueta et ignora les larmes brulantes qui roulaient sur ses propres joues. Quelques choses frappa son bras et il regarda à nouveau le Commissaire.

L'homme le fixa dans les yeux. Il venait de lui donner un leger coup avec ses mains attaché ensemble. Le Tueur s'ancra dans son regard pour échapper aux images odieuses. Il ne le quitta pas du regard même lorsque les pleurs de l'enfant se firent plus fort, même lorsqu'il sut que le boxer de l'enfant avait été enlevé, même lorsque la main du porteur de camera se referma sur le sexe d'enfant. Il ne quitta pas le Commissaire des yeux, se perdant dans son regard. Le criminel attrapa par refflexe l'avant bras de l'homme lorsque l'enfant se mit à supplier son père d'aretté, pleurant silencieusement. Le flic ne vacilla pas. Il tint bon. Il était le point d'ancrage du Tueur.

La lumière revint.

Le criminel regarda les yeux sombres du Commissaire quelques secondes avant de se lever d'un coup. Un son guttural s'échappa de sa gorge tandis qu'il courait presque vers la porte du projectionniste. Il donna un violent coup de pied dedans, hurlant à l'Assistant de lui ouvrir. Fou de rage, il enchaina les coups de pied, puis d'épaule. Il se jeta contre la porte avec une violence inouï, la faisant trembler dans ses gonds. Encore et encore. Ce fut la voix d'Eléonore qui l'arreta ;

- Commissaire ?!

Les poings en sang, le Tueur se retourna pour voir ce qu'il se passait et grimaça en voyant le flic effondré au sol. La respiration sifflante, il luttait pour rester conscient. La rousse était à ses cotés et entreprit de defaire le scotch de sa bouche mais le criminel l'aretta ;

- Stop ! On ne sait pas s'il à une grenade ou pas.

- Mais on ne peut pas lui laisser ça !

Mais le Tueur n'écoutait déjà plus. Ses poings frappaient inlassablement la porte tandis qu'il hurlait de rage. Ou de douleur. Ou de peur. Il ne savait pas vraiment. Il n'y pensait pas.

Il ne cessa de frapper qu'en entendant la voix d'Eléonore :

- Allo ?! C'est une urgence, nous avons besoin d'une ambulance au...

Elle n'eut pas le temps de finir que son téléphone se retrouva au sol, pulvérisé par le talon du Tueur. Ce dernier s'acharna dessus un instant, sous le regard estomaqué de la jeune femme :

- Mais...mais pourquoi ?!

- T'es conne ?! Tu crois vraiment que je vais te laisser appeler une ambulance ? Je suis EN FUITE !

Il jeta un regard au Commissaire et grimaça. Il était vraiment mal en point. Le plus jeune se baissa et planta son regard dans ses yeux légèrement voilés. Le Commissaire ne pouvait pas mourir. Il ne le pouvait pas, n'est-ce pas ?

N'est-ce pas ?!

Il se tendit en entendant la porte s'ouvrir. Il avait l'impression d'être un lion en cage, à faire des tours et des détours dans ce lieu clos. Et il avait l'impression d'étouffer.

- Que penses-tu de ce film ?

Le Tueur ne bougea pas et annonça simplement, les yeux toujours plongés dans ceux du Commissaire ;

- Je vais te tuer.

- Attend un peu. Avant, il faut que tu fasses une analyse ; c'est un Unknown Movies aprés tout.

Un grognement bestial échappa au Tueur et il se releva, tremblant de rage et d'émotion. Il hurla ;

- TU M'EMMERDES, PUTAIN ! JE VAIS TE MASSACR... C'est quoi ça ?

Il posa son regard sur la personne tenue par l'Assistant. Ce dernier souri ;

- Pas d'émission sans victime, n'est-ce pas ?

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