Collaboration

Chapitre VI

Samedi 28 Novembre 2015, 18h30

Sa main eut un infime tremblement alors qu'il versait l'alcool brun dans son verre. Il s'affala dans son fauteuil, et ses yeux sombres se perdirent dans le vague tandis qu'il portait le verre à ses lèvres. Brûlure. Il ferma les yeux.

A quel moment sa vie avait-elle commencé à lui échapper ? Lui qui avait toujours aimé tout contrôler... La réponse était évidente. Deux ans. 730 jours. 17 520 heures. Il but une grande gorgée et savoura la sensation de chaleur que lui apportait l'alcool. Il sentit le whisky glisser dans sa gorge et réchauffer son ventre. Cette putain de Traque.

Frisson. La rage qui bouillait dans son sang. L'adrénaline. Être le chasseur et le chassé. Le Traqueur et le traqué. Sa mâchoire se crispa. Il devenait fou. Dingue. Il était perdu. Avait-il réellement aimé ça ? Non ! Non. Non... oui ? Sa gorge se noua. Avait-il aimé ça ? Poursuivre ce Tueur ? Pourquoi ? Pourquoi lui, pourquoi cette obsession ? Pourquoi ?

Son tremblement s'accentua et il manqua de se renverser le verre dessus lorsqu'il but une nouvelle gorgée. Obsession. Ce Tueur l'avait obsédé. Pourquoi ? Il n'avait rien, il N'ETAIT rien. Rien. RIEN. Il faisait de la merde, disait de la merde, était de la merde. Juste un connard. Un déchet. De la vermine. Et lui, la vermine, il s'en débarrasse. Il aurait voulu le tuer. Pourquoi ne l'avait-il pas fait, ce jour là ? Lorsqu'il l'avait arrêté ?

Il reposa son verre avec violence. Fébrile, il défit sa chemise, arrachant presque les boutons et regarda la cicatrice blanche et nette sur son flanc. Pourquoi... Pourquoi l'avoir laissé en vie ? Il rejeta la tête en arrière et regarda le plafond. Pourquoi ?

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Vendredi 18 Octobre 2013, forêt du Vercors

Le vent était glacé. Les pans de son manteau claquaient contre ses jambes et la fine bruine lui avait trempé les vêtements, le frigorifiant. Mais il s'en foutait. En face de lui, le visage couvert d'un sang n'étant pas le sien, le jeune homme le regardait avec un air attristé.

Le voyant rouge de la camera indiquait qu'elle tournait encore. Mais il s'en foutait. Les yeux que le criminel dardait sur lui n'était pas implorant mais emplit de fierté et d'amertume. Droit, malgré la blessure qu'il devinait sur son torse, dont la chemise était rendu poisseuse par le sang.

- Alors, c'est fini ?

La question du Tueur sembla lointaine à ses oreilles. Sa propre voix également.

- Tu es en état d'arrestation.

Un rire sans joie lui répondit. Un sourire prit place sur les lèvres du criminel. Incongru dans cette situation.

- La partie est fini alors.

- C'était pas un jeu, connard !

- Vas-tu tirer ?

Etonnement, la question était sincère. La main du Commissaire avait eut un tremblement. Infime. Léger. Presque invisible. Mais il ne passa pas inaperçu aux yeux du jeune homme. Un nouveau sentiment apparut dans son regard, remplaçant l'amertume. La victoire. Son sourire devint carnassier.

Les aboiements des chiens se rapprochaient et ce n'était plus qu'une question de minutes à présent avant que les autres n'arrivent. Avant que la possibilité de tirer ne soit réduite à zéro. Il planta son regard dans celui du criminel. Les secondes s'étirèrent.

Plus que quelques minutes...

Il ne tira pas.

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