Chapitre X

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Le Commissaire était un homme rationnel. Il aimait le travail et l'ordre. Son caractère obstiné et acharné lui avait permit d'être le major de sa promo, à l'école de police, et de gravir rapidement les échelons. Il avait vraiment bien réussit seul et s'en félicitait. Jamais ses parents ne l'avait aidé ou influencé dans sa carrière, malgré le passé de sa mère dans la police. Cartésien et organisé, il avait un parcourt irréprochable et les meilleurs résultats en terme de productivité.

Le Commissaire soupira et s'enfonça dans son fauteuil, les mains croisés sur son ventre. Il était impossible que son ADN soit retrouvé sur le cadavre. Un sentiment de rage s'empara de lui, le faisant suffoquer ; on voulait le pièger ! Ce tueur fanatique voulait le pièger. Lui. Le Commissaire. Celui qui avait arreté son idole. Un rictus de rage déforma ses traits. Il n'allait pas se laisser faire. Et cette fois, il ne fera pas la même erreur qu'avec le Tueur.

Il allait le trouver. Et il allait le tuer.

Le Commissaire était fier. Une fierté mal placé, augmentant son égo. Fierté qui avait conduit à cette obsession pour cet homme qui lui avait filé entre les doigt deux fois de suite, ce Tueur Cinéphile qui se pensait capable de rivaliser avec lui. Comme si un tueur fan de cinéma pouvait gagner contre lui. Il avait été obsédé par cet homme, ce tueur, ce monstre. Pas seulement à cause de son égo blessé, pour bien plus que cela.

Il avait regardé les films dont le Tueur parlait. Tous. Puis il avait a nouveau regardé les critiques, les Unknown Movies, et il avait été surpris. Bien sur, il n'éprouvait rien d'autre que du dégout pour ce déchet de l'humanité, mais il devait lui reconnaitre un certain talent. Une passion évidente. Et ça l'énervait au plus au point. Il aurait préféré gardé sa vision simpliste du ; "C'est un Tueur que je dois arrêté. Un connard a tuer. Une vermine a exterminer". Il ne l'avait plus.

Il haïssait cet homme sans nom.

Rageur, il cliqua sur la vidéo de surveillance et la mit en plein écran. L'image du parloir apparut et il détailla rapidement la pièce d'un œil acéré. Deux détenus parlaient avec ce qui semblait être leur famille, un homme de haute stature et avec un sweat attendait ainsi qu'une jeune femme. Le regard du Commissaire fut immédiatement attiré vers l'homme et il appuya son menton contre sa paume. Cet homme était suffisamment grand et fort pour commettre les crimes et pour attacher les corps sur les croix.

Un duo de gardien emmena le Tueur et le brun se focalisa sur lui et le détailla avec une fascination morbide. Il scruta son œil au beurre noir et sa lèvre éclatée, observa le bleu presque noir sur sa mâchoire et les stries rouges à son cou, qu'il devinait descendre sous le haut du détenu. Le flic imagina un instant que c'était lui qui l'avait frappé ainsi, que ses blessures étaient de son fait. Il n'avait eu que ce qu'il méritait. Un rictus emplit d'une satisfaction malsaine naquit sur ses lèvres.

La démarche néanmoins assurée, le jeune homme s'avança dans le parloir et le Commissaire observa avec attention la réaction de l'homme au sweat. Il ne cilla pas. C'est avec étonnement que le tueur vit la jeune fille se lever et aller à leur rencontre, dans l'intention de prendre le criminel dans ses bras. Action contrecarrée par un des gardiens qui l'arrêta d'une main, semblant lui rappeler que les contacts physiques ne sont pas autorisés. Le Commissaire mit sur pause et observa la jeune femme.

Ainsi, c'était elle la fameuse Camille. Il n'aurait jamais imaginé que ce timbré recevrait la visite d'une femme. Enfin, d'une fille car elle paraissait à peine majeure et encore. Des cheveux châtains coupés aux épaules et hirsutes, un sweat informe noir avec une tête de panda, un jean de la même couleur et des mitaines. En zoomant et en observant attentivement son visage, il ne remarqua pas de signe distinctif si ce n'est un grain de beauté sur la pommette droite et une fine cicatrice blanche sur la mâchoire. Elle était banale. Jolie mais sans plus.

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