Tria

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Taehyung se considérait comme quelqu'un de plutôt conciliant et de facile à vivre. Tant qu'on le laissait tranquille, il ne dérangeait pas les autres. Pour dire vrai il vivait dans son propre monde, c'était quelque chose qu'on lui avait trop souvent reproché.

Pourtant son monde lui, il l'aimait, il s'y sentait à l'aise et en sécurité, bien plus que dans cet étrange univers sombre et torturé dans lequel coexistait les autres êtres humains.

Beaucoup disaient que le jeune homme était spécial, que c'était un artiste, comme si cet adjectif expliquait toutes les divergences de vie.

Pourtant, lui ne se considérait pas comme spécial, juste différent. Son seul but dans la vie était de danser, encore et toujours, c'était pourtant quelque chose d'inimaginable aux yeux de la société puritaine.

On ne pouvait pas seulement souhaiter exercer une passion, une fois l'adolescence dépassée on se rabattait sur un métier bien plus respectable et on fondrait une famille, comme toute personne saine d'esprit.

Mais si la vie, ce n'était, au final qu'être respectable, le danseur préférait encore être considéré comme fou. Et fou, il l'était aux yeux des autres. Car danser oui, faire des ballets, être
internationalement reconnu, prouver son talent à de maintes et maintes reprises, être le meilleur. Ça, oui la société l'acceptait.

Mais ce n'était pas ce que souhaitait cette personne tant contradictoire qu'était Taehyung.

Il ne voulait pas être le meilleur, être connu et reconnu. Il voulait juste danser et être tranquille. Pas de pression, pas de régime impossible, pas de stress ni de tension pour premier rôle, pas de jugement des charognes qui formaient son entourage. Rien de cela ne le tentait, ni ne tenterait personne exposé ainsi.

Et c'était sa vision de la chose, il ne redoutait rien de plus que la popularité et la reconnaissance. C'était l'une des seules raisons pour laquelle son nom n'était pas encore connu dans le milieu. Car il avait quelque chose de plus que les autres, qui le rendait incomparable : il vivait pleinement la musique.

Lorsqu'il dansait, c'est comme si il faisait connaissance avec elle, apprenant à la comprendre et à l'aimer comme il le fallait. La musique était son échappatoire, sa raison de vivre.

Il avait un lien privilégié avec elle, comme avec une amante sulfureuse qui revenait à chaque fois le visiter pour l'envoûter de nouveau. Et il aimait ça, cette sensation d'exclusivité, d'être le maître du monde, de son monde durant les 3 minutes 50 que durait la chanson.

C'était aussi pour cela qu'il s'était inscrit dans cette petite agence pas encore trop connue alors que les portes de la sainte trinité lui étaient ouvertes. Mais il ne voulait pas de cette reconnaissance, de cette appartenance tape à l'œil que certains jetaient à tout bout de champ comme pour justifier leur existence.

Puis, Taehyung n'était pas quelqu'un de rationnel, mais plutôt de passionné, sa vie était parsemée de coups de foudre qui expliquaient certains de ses choix pour le moins incompréhensibles. Et ce coup de cœur, il l'avait eu pour les Simply Mad, pour qui il travaillait actuellement.

Leur rencontre avait été une sorte de révélation, il avait de suite adoré les six jeunes filles et les avait prit sous son aile.
Maintenant, après un an et demi de collaboration il était toujours  aussi heureux de son choix, ne regrettant en rien son salaire misérable.

Bien sûr il ne travaillait pas exclusivement avec elles - pour son plus grand malheur - performant avec d'autres groupes ou créant des chorégraphies destinées à être vendues au plus offrant.
Mais de cela le danseur n'en avait que faire, ce n'était que de simples apartés, certes indispensables à sa survie mais à la longue presque dégoûtants.

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