Notre empreinte dans ce monde

Ekositessera

  Lorsque Yoongi ouvrit les yeux, il fut aussitôt aveuglé par le soleil, aillant visiblement oublié de fermer ces rideaux la veille. Grognant quelques mots incompréhensibles, il s'enfouit de nouveau sous la couette, formant une masse sous les draps où seuls quelques mèches bleutés dépassaient.

Fermant les yeux pour tenter de se rendormir, il grimaça légèrement lorsqu'un début de migraine assomma son crâne. Tentant de l'ignorer, il serra un peu plus la couverture dans ses bras, tentant de faire abstraction de cette douleur.

Pourtant derrière ces paupières closes se rejouait la scène de la veille, expliquant le marteau-piqueur qui fracassait sa tête. Seulement ce désagrément fut bien vite reléguait au second plan lorsque retentit un sanglot étouffé.

Ce n'était plus sa tête qui pulsait, mais les morceaux brisés de son cœur qui perforait sa poitrine. Bordel qu'il avait mal. Il avait naïvement espéré que la douleur se serait apaisée durant la nuit, rendant l'acceptation plus facile, mais c'était loin d'être le cas.

Retenant un second sanglot honteux, le parolier serra la drap un peu plus fort, tentant de se convaincre que ce n'était qu'un vilain cauchemar et que cette souffrance n'était que passagère.

Mais depuis quand laissait-il des gens l'approcher au point de pouvoir le blesser ? Depuis quand nouait-il des liens assez fort pour être aussi douloureux une fois brisé ? Lui qui avait simplement voulu vivre, expérimenter sans être effrayé par les autres, le voilà une fois de plus à terre.

Essuyant rageusement les quelques larmes rebelles qui lui avait échappés, l'homme rejeta sa couverture, posant enfin ses pieds au sol. Il devait réagir, agir, bouger, faire quelque chose sinon il allait finir par devenir fou. Et bien qu'il n'ai qu'une envie, celle de tout oublier et d'attendre que son cœur s'arrête doucement de battre, il se força à se lever, se dirigeant d'un pas chancelant vers sa cuisine.

Mettant en marche sa fidèle machine à café, il grimaça en se voyant dans le reflet du miroir. Ses yeux étaient rougis et gonflés, sa peau pâle et terne, de même que ces cheveux qui partaient dans tous les sens. En y regardant bien, on pouvait même voir quelques racines noires qui commençaient à parsemer sa crinière.

Passant une main lasse dedans, il fut pris par une soudaine envie de changement. De mettre un point final à cette part de son existence en abordant une nouvelle couleur. Il était lassé du bleu, de ce mélange de bon et d'horrible souvenirs, de je t'aime sincère laissé sans réponse.

Délaissant ses mèches colorées, il tira la langue à son reflet, se moquant allègrement de lui avant d'attraper sa tasse pleine. Bon dieu ce qu'il était ridicule. Cela faisait longtemps qu'il ne s'était pas sentit aussi mal, aussi faible et inutile, la dépression n'étant jamais très loin depuis sa défaite. Seulement, récemment, il avait presque réussi à l'oublier, à faire fit cette épée de Damoclès qui menaçait chaque jour sa vie. Il avait pu être heureux, confiant, entouré, aimé même.

Mais tout, c'était une fois de plus cassé la gueule, à cause d'un amour, de sentiment ou de lâcheté, peut importait réellement, seul le résultat ne comptait. Il se retrouvait de nouveau seul, eux pouvaient parfaitement vivre sans lui, alors que lui en était incapable.

Soupirant lentement, il tenta de relaxer ses épaules tendues, un maigre sourire presque sincère apparaissant sur ces lèvres lorsqu'il se fit la remarque que non, il n'était pas si seul. Certains restaient toujours à ces côtés, quoi qu'il arrive.

Il avait eut, étrangement le bon réflexe en appeler Jung Wan hier, sinon il ne savais dans quel état il serait actuellement. Une fois de plus, son ancien amour lui avait prouvé que leur relation ne s'embarrassait ni du temps ni de la distance.

Resserrant ces mains glacé contre la tasse chaude, il se sentit un peu plus calme en pensant à son ancien amant, et de quelle manière il l'avait encore sauvé d'une noyade programmé.

Ce dernier l'avait écouté sans l'interrompre, le laissant s'emmêler dans ses explications sans aucun sens, avant de prendre la parole et de l'apaiser en quelques mots. Une fois calmé le parolier lui avait tout raconté, tout l'histoire entre deux sanglots nerveux. Et bien qu'ils soient séparés par des centaines de kilomètres, Yoongi aurait pu décrire le visage de son ancien amant à la perfection. Les traits crispés et durs, la mâchoire serrée, ses poings contractés tandis que ces yeux lançaient des éclairs. Personne ne lui faisait du mal sciemment, il l'avait compris depuis longtemps.

Revenant à lui, l'homme sursauta violemment à l'entente de la sonnerie de son portable. Regardant bêtement tout autours de lui pour chercher l'objet incriminé, il se traita lui-même d'idiot en se rappelant l'avoir tout simplement laissé sur sa table de chevet.

Se précipitant vers sa chambre, il arriva à temps pour décocher avant que sa messagerie ne prenne le relais.

- Oui ? Répondit-il à bout de souffle

- Yoongi ? Mon dieu, tu réponds enfin ! Si tu savais la peur que tu nous as fait!

- Meli ? Qu'est-ce qui se passe ? Demanda le parolier, perdu

- Il se passe qu'hier, tu es parti sans prévenir personne et qu'on était mort d'inquiétude pour toi parce que monsieur refusait de répondre aux messages et appels !

Merde. Noyer dans sa détresse, il n'avait même pas pensé aux autres qui l'avaient sans doute cherché partout. Grimaçant, il s'excusa d'une petite voix.

- Désolé Meli, vraiment. Hier je me suis soudain sentit mal et j'ai préféré rentrer chez moi plutôt que de faire un malaise au milieu du jardin. Je suis vraiment désolé de vous avoir tous inquiété.

- Ce n'est pas grave bougonna la leader, tant que tu va bien maintenant, c'est le principal. Mais préviens la prochaine fois.

- Promis. Et vous avez vraiment été géniales hier, tout l'industrie ne va pas tarder à se traîner à vos pieds.