Feeling Online

#0 - Prologue

Bêta-Test. La course aux bugs. Au contenu. Aux ressources apportées par un monde haut et en couleurs. Une époque éphémère aux données supprimées. Envolées. Seuls les souvenirs persistent. Des souvenirs. Des noms. Des fantômes...

Les journaux s'étaient tus. L'affaire, étouffée. Une telle entreprise ne pouvait accuser un tel fardeau ; il n'y a pire destin que de s'enfoncer dans la fange marécageuse des pleurs de ses victimes, fidèle amie agrippée à la jambe jusqu'à la fin.

Tout avait donc été oublié. Les compteurs avaient été remis à zéro. Et aucune mémoire n'avait jugé bon de graver ce moment en tête.

Ce moment. Ce jour où une tête a été tranchée.

Les coupables se prélassent maintenant aux quatre coins d'un jeu aux contrées rayonnantes pour oublier leurs fautes, commises dans un univers virtuel où toute juridiction est prohibée. Un monde irréel, surréaliste, où se terrent les plus grands meurtriers de notre époque.

Mais ce n'est qu'un jeu, après tout.

Des êtres jouant aux petits soldats, soumis à des règles qu'ils ne cessent de briser. Cette caste de monstres hautains, assez perchés pour voiler les grands astres et couvrir la terre d'un long manteau noir - espace devenu mon terrain de jeu. Allégresse. Toujours plus de joie. Davantage de lois brisées, d'abus. Mais toujours personne pour nettoyer la vermine crasseuse, cette nouvelle race de cancrelats virtuels qui jonchent les rues de leur débauche et de leur luxure.

Et qui couvrent un mal bien plus pernicieux encore.

Ils ne m'attendent pas, ne me flairent pas. Je suis dans leur ombre. Je SUIS leur ombre. Je suis le visage des innombrables victimes qu'ont fait naître les irresponsables du haut de leur libre-arbitre, de leur puissance octroyée au prix de la détresse de certains.

D'aucuns diront que je suis fou. Sociopathe. Psychopathe. Mais rien ne pourra se mettre sur le travers de mon chemin. Rien. Mes pulsions les anéantiront. Vindicatives. Au nom de la Vérité que moi seul détiens.

Jamais de compromis, pas même face à l'apocalypse.