Un nouvel être

Chapitre 8

Mai se força à de ne pas céder à la panique, elle ne pouvait pas en parler ! Pas là ! Pas avec ce monde autour ! C'était trop tôt...

- Je ne  cache rien du tout ! Et je ne vois pas ce que je pourrais cacher !

Elle le fusilla du regard et se leva de la chaise qui brusquement tomba dans un bruit sourd, elle pouvait être une si bonne comédienne...

- Tu me prends pour une irresponsable, c'est ça ?! Dis-moi tout de suite si tu n'as pas confiance en moi !

Elle devait juste noyer le poisson et heureusement pour elle, Bou-san intervint au moment où Naru allait répliquer.  Il se plaça entre eux, les séparant.

- On se calme...  J'aimerai te rappeler Naru la propension de Mai à attirer l'attention des esprits sans  aucune raison. C'est un véritable aimant à problèmes.

Mai fit une exclamation de protestation puis se détendit , soulagée par cette intervention, même si c'était un peu vexant... Elle espérait tellement que Naru laisse tomber pour l'instant et ce fut le cas. Elle vit donc Naru reculer en serrant les dents. Elle éprouva un sentiment de culpabilité, elle s'en voulait de lui avoir caché une information importante et ensuite de lui avoir rejeté la faute dessus, lui reprochant de ne pas avoir confiance en elle. Elle se trouvait si hypocrite! Mais imaginons que Naru sache la vérité, il ne pourrait jamais se concentrer sur cette affaire où des vies étaient en jeux !

Naru leur ordonna par la suite de remettre la maison en ordre. John et Bou-san s'occupèrent du salon/salle à manger/cuisine et du couloir, le père et la fille des chambres en ne se quittant pas d'un pouce, Naru s'occupa de la salle de bain et Mai resta avec Ritsu dans la base qui avait été protégée par des talismans de Bou-san - une sécurité qu'instaurait Naru, ne voulant pas que Mai soit seule sans protection - Mai avait bien sûr contesté, elle savait se défendre seule merci bien, elle n'était pas une faible femme en détresse ! Un seul regard de Naru l'avait fait taire, elle ne devait peut-être ne pas pousser le boucher un peu trop loin...

Pendant ce temps, Lin, assit à un petit bureau bancal, était plongé dans une montagne de paperasses, enfin... plutôt enseveli. Un petit carnet à sa droite il notait tout ce qu'il pouvait trouver d'intéressant, une tâche qui n'était pas simple. Il n'avait pas trouvé grand chose pour l'instant, juste deux familles mortes de la même façon que celle trouvée dans sa première recherche à la base. Il espérait découvrir l'élément déclencheur, le premier cas. Il se leva, rangeant des documents utilisés avant d'en prendre d'autres et de se réinstaller, un manège qu'il recommençait encore et encore. Il n'en voyait plus la fin...  Une crampe à la nuque le sortit de son travail, il se redressa en la massant tout en poussant un léger soupir. Il jeta un coup d'œil à l'unique petite horloge de la pièce mais malheureusement, de là où il était, l'heure y était dissimulée par une partie d'étagère. Il dut ainsi se pencher en arrière sur sa chaise et leva un sourcil, déjà ? Il était 19h15, il n'avait pas du tout vu le temps passer et il était maintenant le temps de rentrer à la demeure des Hayashi. Il se leva et rangea d'abord ses affaires personnelles puis les documents empruntés.

Il sortit des archives puis du bâtiment en snobant complètement la femme de l'accueil qui le saluait.  Il rejoignit la camionnette  et démarra. Le chemin du retour fut rapide, et en se garant dans la rue il vit que la voiture de Bou-san était là, signe que Ayako et la femme Hayashi était de retour de l'hôpital.

Il pénétra dans la demeure, et rejoignit le petit groupe,  guidé par le bruit de leur discussion,   tout en observant, perplexe, la décoration devenu épurée.  Dans le salon, Reiko était assise sur le canapé, une attelle à la jambe, Ritsu dans les bras,  une fillette âgée d'une dizaine d'année collée à elle. Des béquilles d'un bleu gris clair tenaient en équilibre contre une table basse en bois fissuré. Akihito mettait la table avec l'aide de Mai et de John.  Naru était appuyé contre le mur de droite et observait silencieusement le monde de loin. Bou-san taquinait  Ayako, une de ses activité préférée mais la miko était  plus que de mauvaise humeur. La jeune femme donna un puissant coup de poings dans le ventre de Bou-san.

- Je t'ai dit de me laisser tranquille ! Là je n'ai plus aucune patience ! L'hôpital était rempli d'incompétents et d'abrutis ! Non mais,  transportées de service en service et à chaque médecins vus ils nous demandaient pourquoi nous étions ici c'était insupportable ! Pas capable de communiquer entre eux ! Et je ne parle pas de cet attente interminable ! Il n'y avait presque aucun patient aux urgences mais on a eu trois heures d'attente avant d'être prises en charge !

Bou-san se massa le ventre, plié en deux et toussa.

- Tous les hôpitaux sont ainsi

Il était suicidaire.... Mais Ayako ne fit que grommeler, ne pouvant que lui donner raison. Elle détestait les hôpitaux, un comble pour une fille de médecins.

Avec tout ce remue-ménage, l'entrée de Lin dans la pièce passa inaperçu. Le chinois alla vers Naru et lui fit son compte rendu de la journée de recherche avant de demander.

- Que s'est-il passé  ? J'ai vu l'état du  couloir et maintenant du salon

- Il y a minimum deux esprits mais je pense qu'il y en a plus. Juste l'un d'entre eux est agressif,   les autres ne font que nous prévenir du danger. Alors que l'un d'entre eux rentrait en contact avec nous, le plus dangereux s'est manifesté, un cas de poltergeist.

Il y avait plusieurs catégories pour déterminer la présence d'un poltergeist, explosions, ouvertures et fermetures de porte, bruits, coups... Il y en avait 9. De plus les objets que touchaient un poltergeist étaient chaud et Naru avait pu vérifier grâce aux images qu'avaient enregistrées les caméras thermiques. Heureusement que l'esprit ne s'était pas intéressé à l'équipement du SPR, seuls les objets des Hayashi avaient été touchés par cette attaque. 

Lin hocha de la tête et à ce moment là on remarqua sa présence, il fut submergé par l'équipe lui parlant et surtout lui posant toute sorte de questions mais l'onmyouji n'ouvrit pas la bouche. Naru imposa le silence et tout le monde se calma sachant que ça ne servait à rien d'insister : il était impossible d'avoir une information si Lin était décidé à se taire.

Le repas fut servit et ils passèrent tous à table silencieusement, la tension s'étant installée. Personne n'osait ouvrir la bouche.

Tous ensuite se retirèrent, voulant juste se reposer après une journée éreintante.  Ayako et Mai installairent leur futon dans la chambre d'amis et,  dans la base,  les hommes firent de même après avoir plié la table pour la poser contre un mur. Les hommes mirent en place un roulement pour veiller sur les écrans de surveillance.

Le sommeil gagna peu à peu la maison des Hayashi sauf John, le premier de garde qui luttait pour garder les yeux ouverts.

Le vide...  Une sphère de lumière entourée par l'obscurité, seule Mai au centre de cette lumière. La jeune femme soupira faisant une croix sur une nuit reposante puis elle tourna la tête dans tous les sens, cherchant la présence de son... enfant. Elle avait encore un peu de mal à cette idée.

- Euh... Tu es là ?

Aucune réponse. Elle se sentit stupide et passa une main dans ses cheveux, elle devait arrêter de penser à sa grossesse, son ventre ne portait qu'un embryon, ce n'était encore rien,  bon sang ! Elle inspira et reprit sa concentration puis pénétra dans l'obscurité.

Mai se retrouva dans un couloir d'une maison typiquement japonaise, elle avança doucement, marchant silencieusement sur le tatami et reconnu ce qui deviendrait plus tard la demeure des Hayashi. Cette maison avait dû vivre de nombreuses rénovations tout en gardant la même forme d'ensemble. Mai s'avança lentement et à la première porte une forte odeur de sang lui vint. Elle se sentit tout de suite nauséeuse et regarda avec crainte la porte qui donnera  plus tard sur le salon des Hayashi.