My Recovery [Larry]

Chapitre 5

Louis.

    Je suis allongé dans mon lit avec un mal de crâne atroce. Je regarde les murs blancs de ma chambre depuis une bonne demie-heure maintenant. Il est trois heures du matin et je n'arrive plus du tout à dormir. Je ne sais pas si tout cela est dû à la présence de Harry dans mon appartement, à son analyse ou simplement à l'alcool que j'ai avalé quelques heures plus tôt mais si je résume bien la situation, tout est lié à Harry, à ce putain de gars qui ne m'apporte que des ennuies. Il ne cesse de me tourmenter, de me rappeler ce que je veux effacer de ma mémoire, de me reprocher des défauts qui sont liés à mes démons. Je sais qu'il a raison sur toute la ligne, que je ne suis qu'un misérable gars détruit par son passé, par son putain de vécu et à des moments, je voudrais lui crier à la gueule la vérité pour qu'il entende ma douleur et qu'il la ressente du plus profond de lui au point que ses cours et ses analyses psychologiques ne lui servent plus mais je sais que c'est impossible. Je n'ai pas le droit de m'ouvrir à lui surtout après deux jours seulement.

    Je ne cesse de me répéter que dans une semaine et demie il sera parti et que tout sera terminé pourtant j'ai ce goût amer dans ma bouche et mon corps ne cesse de réagir machinalement à tout ça comme si je ne devais pas le faire et qu'il voulait tout contrôler. Putain, je n'ai pas le droit de perdre le contrôle. Il n'a pas le droit d'entrer ainsi et faire tout à sa manière, il risquerait d'ouvrir des portes et je ne pourrai sûrement jamais les refermer.

    Alors que je me lève pour partir me servir un verre d'eau, ses paroles résonnent dans ma tête "Alors laisse-moi faire, laisse-moi détruire ma propre vie." sur le moment j'avais changé de sujet parce que je trouvais ça absurde de vouloir sa propre fin, d'être à l'origine de sa propre destruction mais plus j'y pense et plus je trouve ça ironique parce que c'est exactement ce qui se passe. Je suis à l'origine de tout ce qui a pu se passer dans ma vie et injustement je l'y en ai mêlé, j'ai décidé de faire d'un innocent un con dans mon genre. J'ai son destin entre mes mains et je peux faire de sa vie ce que je veux. J'ai beau me répéter et dire que je ne possède aucun droit sur la vie de Harry au final je la détiens. C'est tellement injuste.

    J'arrive finalement à atteindre la cuisine et me serre un simple verre d'eau avant de l'avaler d'une traite et de me passer la main sur le visage. "Qu'est-ce que tu fous Louis putain ?" Ma conscience ne cesse de me hurler ces mots mais je ne sais pas ce que je fais et c'est sûrement le problème dans cette histoire. Ne pas savoir, être pris au piège par son propre organisme. Je suis complètement perdu.

     J'ai envie de crier, de dire que tout est de ma faute et que je suis sûr le point de faire une connerie comme Liam a pu me le répéter la veille.

     Liam. Finalement tout est de lui. C'est lui qui a ramené Harry pour une somme incroyable et qui sonne pourtant fausse. C'est lui qui a été jusqu'à Londres pour le récupérer alors qu'il aurait pu choper n'importe quel homme de Littleton. C'est lui qui désobéit aux règles mais "les règles sont soit disant faites pour être désobéis". Je sais que c'est ce que Harry aurait pu me dire. Putain il faut sincèrement que j'arrête de penser à lui et de le mettre dans chaque situation.

    Si mon frère avait été là, il m'aurait sûrement donné une tape sur l'arrière de mon crâne et se serait ouvertement moqué de moi. Parfois je me demande où il peut se trouver ou juste s'il va bien. En fait, c'est plutôt compliqué. D'un côté je lui en veux de m'avoir donné ce goût pour la vente anormale d'être humain et en même temps je m'en veux de la souffrance que je lui ai fait vivre. Mon frère William avait commencé à vendre à l'âge de dix-sept ans. Je me suis facilement rendu compte de ce qui se passait quand il rentrait tard après plusieurs jours avec beaucoup de billets dans son sac. J'avais quinze ans mais je remarquais les détails. Il ne m'a jamais expliqué comment il s'était retrouvé dans ce merdier mais que c'était meilleur que la drogue, que c'était un mélange entre le danger et ce qu'était réellement la vie alors j'ai voulu qu'il m'explique un peu plus ce qu'il faisait, j'avais besoin de comprendre ce qui le rendait autant heureux. Un week-end, il a prétendu auprès de mes parents qu'on partait tous les deux faire du camping mais quelque chose avait l'air faux dans sa voix, il mentait et j'en ai eu la certitude quand j'ai croisé le regard de ce gars ligoté et effrayé à l'arrière de son véhicule. Inconsciemment, j'ai voulu l'aider mais je me suis trop ouvert à lui, à ce qu'il me disait et la situation s'est retournée contre mon frère et moi. On en est arrivé au point de non-retour et mon frère a dû en payer les conséquences. Depuis j'ai instauré trois règles qui sont :

1)Ne pas vendre de personne de genre masculine

2)Ne pas s'attacher aux victimes

3)Ne pas accepter les pourboires

    Mais malgré ces règles, parfois c'est difficile de croiser les regards terrorisés et l'incompréhension des victimes qui sont toujours sélectionnées au hasard. On abuse complètement de la situation au moment de les choisir, on les enlève très souvent la nuit quand elles se sentent faibles ou dans une situation qui le permet.

    Parfois je voudrais tout arrêter et vivre une vie normale, ne plus avoir à me cacher dans la campagne avec la peur de me faire prendre et de finir en prison parce que je sais pertinemment que c'est ce qui finira par arriver mais je continue, pour mon frère, pour lui prouver que je sais bien faire les choses, que ma première vente avait été misérable mais qu'aujourd'hui je suis un pro dans le domaine. Je reçois d'ailleurs énormément de demandes et ne réponds qu'aux meilleures. Au fond de moi ce n'est pas ce que je veux faire pour le reste de ma vie, l'argent c'est bien mais j'ai besoin de plus, j'ai besoin de passion, d'aventure, de découverte, d'originalité. Je veux bien d'une aventure dangereuse mais je ne veux cependant pas d'une routine mortelle.

    Après avoir quelque peu repris mes esprits, je soupire fortement et retourne jusqu'à ma chambre, me laissant tomber sur mon lit pour me forcer à me rendormir. Les prochaines heures risquent d'être longues et compliquées.