MERCREDI 11 AVRIL 2018, 15h58 - PRISON D'HAYKEN HILLS, CALIFORNIE
Thomas remonta sa fermeture éclair jusqu'en haut, en se pinçant la peau du menton. Il grimaça puis baissa les yeux sur son corps. La combinaison qu'il était contraint de porter était vraiment ignoble, rêche, beaucoup trop large pour lui et c'était sans parler de la couleur : un orange vif qui se voyait a des kilomètres. Puis il se rappela que ça n'avait plus aucune importance maintenant et que ces goûts en mode, il pouvait les garder à l'extérieur de ce bâtiment et venir les récupérer dans six ans.
Le jeune homme se fit escorter par des officiers pendant quelques minutes où ils traversèrent d'innombrables couloirs sans fenêtres. Il regardait les néons au plafond tout en marchant, c'était une vieille habitude. Mais les gardiens lui firent comprendre qu'il devait cesser de tout observer comme un enfant.
Puis, ils arrivèrent enfin dans un dernier couloir. Cinq gardiens armés jusqu'aux dents surveillaient quelques détenus assis sur des chaises. Thomas reçut l'ordre de s'asseoir, et il s'exécuta. Il détailla à tour de rôle chaque officier, puis il fixa longuement le grand roux imposant assis à côté de lui, se demandant s'il était vraiment méchant. Mais ce dernier, qui n'appréciait pas vraiment qu'on le dévisage, tourna la tête vers Thomas et tenta de lui faire un regard menaçant. C'était peine perdue car ses sourcils exagérément courbés lui faisaient perdre son air supérieur, et dans d'autres conditions, ça aurait provoqué un fou rire chez Thomas.
Au bout d'une heure à patienter sur sa chaise, un officier saisit Thomas par l'épaule et il l'emmena au-delà de la porte au bout du couloir. Ils pénétrèrent dans un grand bureau richement décoré. Le garde l'escorta jusqu'à ce qu'il prenne place sur la chaise devant le bureau. "C'est bon, j'ai 17 ans et je sais m'asseoir tout seul, bordel !" pensa-t-il.
L'homme assis en face de lui prit la parole :
- Bonjour. Je suis Janson Holloway, et je gouverne cette prison. Autrement dit, je suis celui qui dirige absolument tout ici.
Il expliqua ensuite en détail le règlement de l'établissement. A chaque nouvelle interdiction, Thomas s'affaissait un peu plus bas, ce qui semblait réjouir son interlocuteur. Puis Janson lui parla du taux suicide, de viols en prison, et de ce genre de choses rassurantes.
- Donc j'imagine que tout est clair pour toi. Si ce n'est pas le cas, je le saurais bien assez tôt. Bon séjour, conclut-il avec un sourire mesquin.
Le jeune brun aurait aimé mettre son poing dans sa grande gueule. Mais il se fit à nouveau escorter, cette fois jusqu'aux cellules. Ils atteignirent rapidement le département de détention. Ils contournèrent le secteur des longues détentions pour arriver directement au bloc des cellules d'attente. D'après ce qu'il avait compris, il y passerait un ou deux jours avant d'être interné dans les cellules collectives. Cette pensée lui glaça le sang.
Thomas remarqua immédiatement que ça ne ressemblait pas à tous les films d'action qu'il avait pu voir. Il n'y avait pas de barreaux métalliques qui donnaient sur le couloir, mais juste une énorme porte électrique blindée munie d'une petite fenêtre protégée par des barreaux.
Ce ne fut que quand il entendit le "bip" de la porte qui se refermait hermétiquement derrière lui qu'il se rendit compte de l'ampleur de la merde dans laquelle il se trouvait. Sa gorge se serra soudainement. Il déballa les quelques affaires qu'on lui avait permises de garder, à savoir : un stylo, du papier à lettres, un bloc-notes, deux livres. Et rien de plus.
La pièce était minuscule -il ne s'attendait pas à un palace, mais vu de l'intérieur ça semblait encore plus étroit- et elle contenait en tout un lit métallique avec un matelas extra-fin, un oreiller, un drap, une taie d'oreiller, un lavabo, une brosse à dents, un tube de dentifrice sans marque, deux rouleaux de papier toilette, un vieux radiateur et des toilettes rudimentaires. Il y avait une petite fenêtre au fond protégée par des barreaux. Deux paires de chaussettes et trois sous-vêtements blancs étaient disposés sur le lit. Thomas les posa sur le bord du lavabo pour s'allonger sur le drap. Il fixa la peinture écaillée au plafond, puis il se laissa aller dans les méandres de la déprime.

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JAIL MATES [newtmas]
FanfictionQuand Thomas met les pieds dans la prison d'Hayken Hills, seul l'orange vif des uniformes contraste avec la griseur de ce qui l'entoure. Entre ces bâtiments, la haine, l'ennui et la violence règnent. Mais il n'est pas complètement à l'abri d'une éti...