CHAPITRE 5

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MARDI 17 AVRIL 2018, 5h42 - PRISON D’HAYKEN HILLS, CALIFORNIE

Thomas était perdu et seul au coeur d’une nuit noire. Seule la pleine Lune lui permettait de comprendre qu’il se trouvait dans une petite clairière au milieu d’une immense forêt. Au centre, hissé sur une croix de bois, se tenait un vieil épouvantail. Il était terrifiant. Thomas s’en approcha, mais quand le bout de son pied franchit une spirale inscrite au sol, l'épouvantail s’anima. Les billes qui lui servaient d’yeux brillèrent, sa tête se releva et il commença à se descendre de son surmontoir. Thomas, effrayé, se mit à courir dans la forêt sombre, et il ne s’arrêta qu’une demi-heure plus tard, quand il fut à peu près certain de ne pas être poursuivi.

Mais il était à présent encore plus perdu. Autour de lui, les arbres montaient tellement haut qu’il n’en voyait pas la cîme. Le sol était rempli de débris de milliers d’éclats de verre, et chacun d'eux reflétait la lumière de la Lune en projetant d'étranges ombres. Il commença à marcher, choisissant le côté le plus accessible. Le silence était brisé par les tintements du verre sous ses pas maladroits. Il laissait une ligne de sang derrière lui, oeuvre de ses pieds nus meurtris par le sol. Cependant, il continuait d'avancer, parce que c'était la seule chose à faire.

Au bout d’un temps indéterminable, il arriva devant une immense souche d’arbre. Il se tenait au milieu des racines sinueuses. Thomas se sentait attiré par cette souche d’arbre, alors il s’en approcha. Puis il s'agenouilla et posa une main tremblante sur la souche, mais à cet instant le sol se déroba sous ses pieds. Il chuta pendant longtemps. Autour de lui se trouvait un épais brouillard, si bien qu’il ne savait pas où il tombait. Puis, après cette interminable chute, il atterrit violemment contre le sol. Ses épaules heurtèrent une surface rugueuse. Après s’être habitué à l’obscurité, il commença à distinguer ce qui l’entourait. Il y avait de grandes gouttes de pierre qui tombaient du ciel et s’élevaient du sol, mais elles semblaient figées. Le cliquetis de gouttes d’eau qui perlaient faisait écho dans la grotte. Il se releva sur les coudes, puis il se mit debout.

En face de lui, il distingua un miroir. Il tourna la tête et vit plein d’autres miroirs. Paniqué, il fit un tour sur lui-même et constata avec effroi qu’il était entouré de miroirs. Dans chacun d’eux, il ne voyait pas seulement son reflet, mais aussi celui d’une ombre blanche. Mais il avait beau faire des tours et des tours sur lui-même, il ne voyait pas cette ombre blanche dans la réalité. C’est quand il arrêta de chercher désespérément cette ombre blanche qu’il remarqua que les miroirs qui l’encerclaient étaient en train de se rapprocher…

Comme tous les jours sans exception, la sonnerie-réveil d’Hayken Hills retentit à 7 heures. Thomas se réveilla brusquement, reprenant peu à peu conscience de la dure réalité qui l’entourait et dont il ne pouvait pas se soustraire -même si parfois il en aurait eu envie-. Il ne se rappelait pas de son cauchemar, il avait juste un profond sentiment d’insécurité.

Il entendit Newt remuer dans son lit en-dessous de lui, et malgré son envie de continuer à dormir, il se pressa de se lever et de se présenter devant la porte en silence. Le blond fit de même. Après que les gardes les aient comptés, les détenus du bloc A se dirigèrent vers le réfectoire pour prendre leur petit-déjeuner.

Comme d’habitude, Thomas manga isolé sur une table, mais d’autres détenus vinrent squatter le côté inoccupé. Le brun ne leur adressa pas un mot de tout le repas. Il ne savaient même pas qui ils étaient, sûrement des détenus des blocs B ou C.

Puis ils retournèrent dans leurs cellules. En entrant, le regard de Thomas se posa sur l’ancien lit d’Alby. Il y avait quelques affaires personnelles éparpillées dessus (surtout des tubes de dentifrice, il y en avait une vingtaine). Il leva les yeux et vit une silhouette masculine de dos, qui se tenait devant la fenêtre. Thomas se figea quand le jeune homme se retourna. Il était imposant, un peu plus grand que lui, il avait les cheveux blonds foncé et le visage crispé. Le brun entendit la respiration de Newt s’accélérer.

JAIL MATES  [newtmas]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant