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Steve Jablonsky - There is no plan

Southport

Lundi 27 juin 2011

10 h 35

ADRIAN

Au volant de ma Chevrolet Camaro, je traverse la ville de mon enfance. J'y ai mes plus beaux souvenirs, mais également les plus douloureux. Chaque fois que je reviens à Southport, le visage des miens assaille mes pensées... Je vais aller boire une bière au bar de Peter avant de rentrer, cela me changera les idées. Cette rencontre m'a bouleversé...

Je me gare et sors de ma voiture. Brenda, une copine de lycée, me rejoint immédiatement en me sautant au cou, mais je la repousse gentiment.

— Adrian ! Comment vas-tu ? dit-elle en me passant au crible de ses yeux enflammés.

Je recule en tentant de remettre de l'ordre dans mon uniforme. Elle n'a pas changé, toujours aussi prétentieuse et à côté de ses pompes. Cela dit pour une partie de jambes en l'air, pourquoi pas ? Ça ne sera pas la première et encore moins la dernière fois que je coucherai avec cette nana.

— Je vais bien, merci, dis-je en m'avançant vers l'entrée pour l'esquiver.

Je viens à peine d'arriver en ville et c'est bien la dernière personne que j'ai envie de voir.

— Tu m'as beaucoup manqué, roucoule-t-elle en pressant mes fesses. Appelle-moi ! propose-t-elle en m'adressant un clin d'œil tout en rejoignant la table où l'attendent ses amies.

Je leur adresse un signe de tête, et elles se trémoussent aussitôt comme une bande de groupies névrosées à un concert de rock. Putain ! Qu'est-ce qu'elles me gonflent !

— Salut, Peter ! lancé-je en tapant du poing sur le comptoir en bois.

— Regardez-moi qui est de retour en ville ! s'exclame-t-il en me rejoignant, heureux de me revoir.

Il me prend immédiatement dans ses bras tout en me serrant avec affection contre lui.

— Ça va, fiston ? demande-t-il en reculant son visage pour m'admirer.

— Je vais bien, Peter.

Peter était un des meilleurs amis de mon père et faisait partie du même régiment que lui. Après avoir perdu sa jambe au front, il a pris sa retraite. Aujourd'hui, il porte une prothèse, et malgré son handicap, il mord la vie à pleines dents avec sa petite famille. J'admire cet homme. Cela fait maintenant quatre ans qu'il tient ce bar et je remarque qu'il s'en sort plutôt pas mal.

— Je vois qu'ici tout est resté fidèle à mes souvenirs ? dis-je en jetant un regard circulaire autour de moi.

— Oui, les affaires marchent plutôt bien... Je suis si heureux de te voir de retour. Combien de temps restes-tu, cette fois ?

— Pour les vacances d'été. J'ai une permission de deux mois, et après avoir passé un an à l'autre bout du monde, j'en ai grandement besoin, lui réponds-je en m'accoudant au comptoir.

Il le contourne et me sert une bière.

— Alors, raconte-moi... Ces douze derniers mois n'ont pas dû être faciles pour toi, suppose-t-il d'une voix compatissante.

Je secoue la tête en portant ma bouteille aux lèvres, puis la repose en grimaçant.

— C'est le moins que l'on puisse dire... C'est terrible, Peter. Je ne sais pas comment mon père et toi avez pu tenir aussi longtemps sur le terrain. La guerre est la pire chose qui soit.

ADRIAN U.S. ARMYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant