ADRIAN U.S. ARMY

5 - ALICIA

Mardi 28 juin 2011

08 h 25

Alicia

On frappe à la porte. Je m'empresse d'aller ouvrir à mon amie d'enfance qui a promis de passer prendre le café avec moi ce matin.

— Bonjour, ma douce ! me salue Solène d'une bise chaleureuse.

Nous avons grandi ensemble et fait nos études d'infirmières dans la même école. Notre diplôme en poche, elle m'a suivie en Caroline du Nord. Autant dire que nous sommes liées comme les deux doigts de la main.

— Comment vas-tu ? me demande-t-elle tout en posant son sac sur la console de l'entrée.

— Je vais bien, merci. Et toi ?

— On ne peut mieux ! dit-elle en entrant dans le salon où se trouve le coin-cuisine.

— Un café ? lui proposé-je.

Connaissant déjà sa réponse, je contourne l'îlot central et allume la machine à café. Solène s'installe sur un tabouret face à moi.

— Oui, un long, s'il te plaît. Tu as une mine affreuse ! remarque-t-elle, inquiète. Est-ce que tu es sûre que ça va ? demande-t-elle une nouvelle fois en fronçant les sourcils.

Je tente de trouver mes mots, mais rien ne sort. Le café s'écoule lentement et je reste là, à rêvasser à ce dîner parfait. J'attrape la tasse et la tends à mon amie en venant m'asseoir à ses côtés tandis qu'elle m'observe d'un air inquisiteur. Puis je m'accoude au comptoir et pose ma tête entre mes mains, complètement perdue et assaillie par les doux souvenirs de cette charmante soirée.

— Tu m'inquiètes, là ! Alicia ?

Je relève mon visage désemparé vers le sien et lui confie d'une petite voix :

— J'ai rencontré un homme.

Solène écarquille les yeux puis son expression étonnée laisse place à un sourire grandissant. Folle de joie, elle se trémousse sur sa chaise.

— Mais c'est une super nouvelle, ça ! se réjouit-elle, émerveillée. Allez, raconte-moi tout !

— J'avoue ne pas savoir par où commencer... Je me sens si perdue.

— Je ne comprends pas.

— Cet homme remue en moi des choses dont je ne soupçonnais même pas l'existence, lui avoué-je, le feu aux joues.

— Et alors, c'est bien, non ? continue-t-elle, sans comprendre.

Je soupire, lasse de ressasser notre rencontre et ce dîner parfait.

— C'est à cause de Billy, n'est-ce pas ?

— Non, je sais qu'il aurait souhaité me voir heureuse. Mais, d'un autre côté, c'est peut-être lié, oui.

Elle fait mine de ne pas saisir où je veux en venir en levant les mains. J'inspire profondément en guettant sa réaction :

— C'est un soldat des forces spéciales.

— Oh, putain ! s'exclame-t-elle en quittant sa chaise. Oh, la vache ! Le fantasme de beaucoup de femmes, Alicia ! dit-elle en posant une main sur sa poitrine, comme sous le choc de la nouvelle.

— Désolée, mais je ne suis pas aussi excitée que toi, lui fais-je remarquer, la mine déconfite.

— Non, mais attends... Il y a une chose que je ne capte pas, là ?

Elle revient s'asseoir près de moi et attrape mes mains qu'elle serre tendrement dans les siennes.

— Qu'est-ce qui te fait peur ?