Chapitre 15 - Marie

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Je regarde vaguement une fille maigre sortir du réfectoire pendant que Gwetyll me parle de sa ville de naissance.
- Elle s'illuminait la nuit pendant les périodes de fête et tout le monde se rassemblaient au centre-ville pour danser et partager des plats. Je me rappelle une fois j'étais venue avec ma mère et elle avait préparé une tarte aux pommes si délicieuse ! J'aurais voulu apprendre à en faire également.
Je hoche la tête et interrompe son flot de parole par une simple question :
- Tu n'as pas d'histoire plus intéressante à me raconter ? Parce que je t'avoue que ce n'est pas trop mon genre les fêtes idéalistes où tout le monde est heureux.
Elle balbutie, sûrement vexée et surprise.
- Je... je... non.
- Bah moi j'en ai une. C'est l'histoire d'une fille qui en avait marre d'écouter une autre jeune fille et qui quitte la pièce pour trouver quelqu'un de plus captivant.
Sur ces mots je me lève et sors sans un regard en arrière de la salle. Je me dirige vers ma maisonnée quand je remarque un garçon habillé étrangement. Je l'observe avec peut-être un peu trop d'insistance et il finit par me regarder. Ses grands yeux bleus me transpercent et me sondent. Je lâche un petit bruit méprisant et reprend mon chemin. J'accélère, troublée par cet homme. Il me paraît totalement décalé. Il me rappelle les anciennes peuplades des pays d'Amérique du Sud. Sa tenue particulièrement. J'arrive à la porte et sors mes clés de ma poche. Je les rentre dans la serrure et la tourne quand une main se pose sur mon épaule. Je me retourne vivement et brandit ma clé comme une arme. Je reste figée dans cette position menaçante jusqu'à ce que je me rendes compte que c'est seulement le garçon de tout à l'heure. Il m'a fichu la frousse lui. Je retrouve mon souffle et inhale à large goulées. Tremblante, je m'assois sur la marche et prends 2 secondes.
- Tu vas bien ?
Je le regarde furtivement.
- Ça va, ça va... juste la surprise. Je suppose.
Il lâche un soupir, soulagé. Je le regarde et lui souris.
- Je suis rassuré dans ce cas.
- Ahahah t'inquiète pas.
Je rigole en repensant à la tête sue j'ai du faire. Je suis vraiment irrécupérable... Il commence à rigoler avec moi. On rigole pendant un moment jusqu'à ce que je me calme tant bien que mal en hoquetant. J'essuie une larme, mes joues sont chaudes et rouges.
- Je suis Marie. Et tu es ?
Il affirme, presque fier :
- Henri
Je le regarde intriguée mais me retiens de lui poser des questions.
- Tu voulais quoi du coup ?
- Je voulais savoir où été le réfectoire. Mais maintenant je préfère rester avec toi. J'ai tellement rigolé.
Je remarque qu'il a un accent chantant que je n'ai jamais entendu. La curiosité l'emporte.
- Tu viens d'où ? Je n'avais jamais vu ses vêtements et entendu cet prononciation.
Le changement est brusque. Henri passe du sourire éclatant  à une mine fermée. Mon cœur se serre de l'avoir blessé. J'agite la main.
- Oublie. On ne se connais pas encore après tout.
Je tente de changer de sujet, mal à l'aise face à son absence de réponse.
- Tu veux venir dans ma chambre pour que nous continuions de parler ?
Il reste silencieux. Puis soudain, le jeune homme se lève et me regarde, triste et me répond avec un sourire faible.
- Non. Merci Marie. À la prochaine.
Je reste assise sur ma marche pendant qu'il s'éloigne. Ses pas crispent sur le gravier ocre et disparait doucement. Henri. Que caches-tu ?

Loup-garou (À reprendre) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant