Seule dans le désespoir

Moi, me marier ?!

Sous le ciel de la nuit brumeuse, j'arrive à percevoir le son des rats déambulants dans la rue.

Sous les hurlements de mon cœur qui bat à toute allure, je sens l'odeur des égouts qui se trouvent actuellement sous mes pieds.

Sous mes pas hésitants qui marchent dans les flaques immenses, je frissone de froid mais surtout de peur.

Oui, vous auriez du comprendre que je prends encore des risques inconsidérables pour encore une fois découvrir ce qui cloche. Mais je ne veux pas me dire que j'ai perdu tout espoir d'avoir la vie que je n'attendais pas avant ma fuite en ville.

J'arrive enfin à la place Ste Audrey. Je sais qu'ils sont là. Alors je me cache derrière une voiture qui a l'air de ne pas avoir été touchée depuis quelques mois. J'entends leur conversation. Ils n'ont pas l'air d'être méchants. Il y en a un, petit et gringalet et un autre grand mais mince. Le petit dit à James :
- Alors, il paraît que tu as une petite sœur, n'est-ce pas ?
- Que veux-tu, William ? répond mon frère souciant.
- C'est moi qui pose les questions. D'accord ?
- Tu ne te rappelles donc pas la fois où je t'ai battu sur le tir à la carabine ? Tu veux que je te tire dans la tête, c'est ça ? Ne t'approche pas de ma sœur, pigé ?
- Calme-toi, voyons ! J'ai juste envie de la connaître...
- De te marier avec elle pour son argent, oui ! Tu me prends pour un de ses imbéciles qui ont cru à ce que tu racontais ?

James lui saute dessus mais le camarade de William le protège en se mettant devant mon agressif frère. Ce que j'ai dit avant leur discussion grotesque, oubliez. Pourquoi cette petite chose désire se marier avec moi ? C'est ridicule, je n'ai que quinze ans et quelques... Mais comme l'a dit mon frère, il veut peut-être juste être riche. Mais bon, dans tout les cas, je refuserai. Et puis, je ne suis qu'une fille perdue, seule avec mon frère que je connais depuis seulement quelques heures, alors, à quoi ça servirait ?

Soudain, j'éternue violemment. Les trois hommes que j'observai secrètement à l'instant observent la voiture comme si ils étaient à l'armée sur le point de lancer une grenade sur la voiture par peur d'être espionnés. William fait signe de la tête à son compagnon pour qu'il aille voir la personne en train de regarder la scène. Je commence à paniquer lorsque je sens que je me fais attraper sous la taille. J'essaie de me retourner tant bien que mal pour voir mon agresseur mais il me tient bien trop fort.

Alors je crie immédiatement : "James !" Il se retourne, il prend un air de surprise puis il soupire. Il se reprend vite et commence à courir vers moi. Mais William était parti avant alors il a eu le temps qu'il fallait pour m'attraper et me demander :
- Tu es donc la sœur de ton frère ?
- Bah c'est normal, si je suis une sœur, j'ai forcément un frère ou une sœur...
Il commence à émettre un petit rire plein d'ironie. Je le fixe mais il ne s'arrête pas. Puis il dit enfin :
- Non seulement tu es riche, mais en plus de ça tu es pleine d'humour !
- Alors James avait raison, tu ne veux que mon argent, c'est ça ? Eh bien, sache que tu perds ton temps avec moi : je n'ai pas de fortune et en plus, je n'aimerai au grand jamais un homme qui se croit malin en essayant d'embobiner les gens mais qui a l'air d'échouer à chaque essai. Sauf que, pas de chance, je ne suis pas stupide.

Il me regarde avec de gros yeux. Je pense que mes phrases vont le marquer jusqu'à la fin de ses jours. Puis il annonce, toujours sous le choc :
- Certes, tu as de la répartie mais je suis sûr et certain que tu es riche, bourgeoise. Et un jour, je t'aurai.

Dans mon lit en attendant que mon frère est terminé de préparer le thé, je repense à ce que William a dit. Ça me met dans un de ses états ! Mais je ne devrai pas avoir peur. Il ne se rend pas compte qu'il ne touchera pas à ma fortune invisible et encore moins à mon libre arbitre.