Chapitre 3 - Dans l'obscurité...

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Si le bâtiment sortait de l'ordinaire vu de l'extérieur, l'intérieur était tout bonnement incroyable. Une infinité d'ouvrages étaient disposés sur des rangées d'étagères se croisant, se chevauchant, serpentant à travers les différents étages et formant un magnifique labyrinthe coloré. Plusieurs escaliers en colimaçon aux rampes habilement sculptées s'enroulaient autour de piliers de pierre blanche, noire, rouge, violette ou émeraude dans lesquelles de petites alcôves avaient été creusées pour pouvoir y stocker toujours plus de livres. Ces derniers étaient parfois proprement alignés sur leurs piédestaux, parfois parsemés dans un désordre anarchique. Les rayons s'étendaient à perte de vue, et les étages semblaient s'empiler sans autre limite qu'un plafond distant. Enfin, un disque de vitraux multicolores irisait la lumière de la lune qui venait baigner l'intérieur du bâtiment d'un halo féérique.

« Ouah... »

Les quatre enfants observaient ce nouvel environnement, bouche bée. Ils étaient à la fois émerveillés, intrigués, et perplexes.

« C'est plus grand, non ? demanda Altaïr.

– Hein ? Plus grand que quoi ?

– Qu'à l'extérieur. Je veux dire, de dehors, on dirait qu'il y a trois étages, tout au plus. Mais ici, à l'intérieur, il y en a vraiment... beaucoup plus. J'arrive à peine à voir le plafond.

– C'est sans doute une illusion d'optique, avec tous ces livres, dit Pollux. Bon, je sais pas vous, mais moi, j'ai envie d'explorer un peu ! On a enfin réussi à pénétrer dans le bâtiment le plus secret de toute la ville, peut-être même du monde entier !

– Mais, et le bibliothécaire ? demanda Rigel d'une voix faible. Il va sûrement revenir...

– On sera parti avant... Je veux juste aller un peu voir ce que nous cachent ces livres si bien gardés !

– Va pour un peu d'exploration, dit Adhara. Mais le plus important, c'est qu'on reste groupés. Cet endroit est tellement grand qu'il doit être facile de se perdre. »

Tâchant de faire le moins de bruit possible pour ne pas alerter un éventuel deuxième gardien des lieux rôdant entre les rayons, le petit groupe progressa à petits pas entre les étagères bondées. Çà et là, ils s'arrêtaient pour feuilleter un ouvrage dont la couverture avait attiré leur regard.

« Regardez toutes ces histoires ! dit Altaïr. C'est génial !

– On doit être dans le rayon des récits d'aventure, fit remarquer Pollux. Toutes les couvertures sont très épiques.

– J'en ai trouvé une qui parle d'un super-héros ! s'écria Rigel. Il aide les enfants de sa ville...

– Et moi, j'en ai trouvé une qui parle d'une jeune fille qui mène une rébellion contre une armée de robots ! dit Adhara, de l'excitation dans la voix.

– Moi je comprends pas trop celle-là, elle est compliquée... dit Altaïr, les sourcils froncés.

– C'est parce que t'es trop bête ! ricana Rigel, que l'angoisse avait quitté.

– Même pas vrai ! répliqua le concerné.

– Les gars, arrêtez, on dirait des gamins ! lança Pollux, lui aussi absorbé par un livre.

– C'est lui qui a commen... »

Altaïr fut interrompu par le bruit sourd d'une lourde porte se refermant violemment. Une nouvelle fois, les quatre enfants infiltrés échangèrent un regard qui passa de l'émerveillement à l'inquiétude. Le bibliothécaire, qui était sans nul doute bien plus qu'une légende, venait de rentrer et de fermer la sortie.

Le BibliothécaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant