Chapitre 2 - Le plan

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A l'instar des générations qui les avaient précédées, les quatre enfants passaient tous les jours devant l'imposant bâtiment aux portes éternellement closes. Il ne se passait pas un jour sans que la Grande Bibliothèque ne surgisse au détour d'une conversation anodine, et qu'une nouvelle théorie ne naisse à propos de son supposé habitant. Cependant, les générations de leurs parents et de leurs grands-parents avaient fini par soit se désintéresser du mystère, soit devenir superstitieux au point de ne plus oser s'en approcher. Ce n'était pas le cas de Pollux, Adhara, Altaïr et Rigel.

Les quatre amis s'étaient un jour réunis et avaient mis au point un plan infaillible pour pénétrer dans la forteresse qu'était la Bibliothèque, et, non sans une impatiente excitation, ils avaient attendu qu'une nuit calme et claire recouvre le village pour passer à l'action.

Ainsi, chaque malfaiteur avait son rôle à remplir. Pollux et Altaïr avaient empoigné l'échelle que ce dernier avait « empruntée » à son père et la portaient à deux en fonçant vers la grande porte de la Bibliothèque. Adhara s'était glissée jusqu'aux larges baies vitrées qui laissaient entrevoir l'intérieur de l'édifice. Les yeux aux aguets, elle scrutait les innombrables couloirs remplis de livres à la recherche de la moindre activité. Le petit Rigel, quant à lui, était chargé de surveiller les alentours et de prévenir les autres si quelqu'un s'approchait de la place. Une tâche qu'il prenait à cœur, bien qu'il était fort peu probable que qui que ce soit s'approche de cet endroit réputé maudit à une heure aussi tardive.

Une fois l'échelle amenée à la porte à double battants, Pollux et Altaïr la redressèrent et tâchèrent de la positionner aussi verticalement que possible. Plus léger, Altaïr fut désigné pour y grimper tandis que Pollux la maintenait en place et surveillait la porte. Lorsque le garçon attint le dernier échelon, il put enfin admirer du plus près qu'il soit les magnifiques lettres argentées qui épelaient « Grande Bibliothèque ». S'agrippant aux barreaux avec le bras droit, il farfouilla dans le petit sac qui pendait à son épaule à l'aide de sa main gauche. Il en sortit un gros tournevis qu'il entreprit de glisser entre le « B » métallique et la façade de pierre.

« Alors ? s'impatienta Pollux.

– Attends ! C'est bizarre, j'arrive pas à trouver l'attache qui la maintient au mur... C'est comme si je cherchais dans le vide...

– On va pas y passer la nuit ! Essaye de forcer ! »

Le plus jeune s'exécuta et exerça un mouvement de levier avec son outil. A son grand étonnement, la lettre céda aussitôt et bondit de la surface du mur. Voyant un gros morceau de métal sculpté tomber dans sa direction, Pollux sursauta et fit un bond sur le côté, faisant dangereusement vaciller l'échelle. Il fut malheureusement trop lent et l'imposant « B » lui écrasa les orteils du pied gauche. Le jeune garçon lâcha un cri de douleur ainsi que l'échelle, à laquelle était toujours agrippé le malheureux Altaïr à présent en équilibre instable à trois mètres du sol. Alors qu'il basculait en arrière, ce dernier tenta de s'accrocher aux lettres métalliques, en vain. Il finit par s'effondrer sur Pollux tout en déversant l'intégralité du contenu de son sac d'outils sur le sol dans un fracas résonnant dans le silence du village.

« Bon sang mais faites moins de bruit ! rouspéta Adhara, qui guettait toujours l'intérieur de la Bilbiothèque. On avait dit qu'on allait d'abord se cacher avant d'attirer son attention !

– Je sais bien, je te rappelle que c'est moi qui ai échafaudé ce plan ! répondit Pollux en se redressant péniblement. C'est la faute d'Altaïr !

– C'est même pas vrai ! répliqua le concerné, en chuchotant aussi fort qu'il pouvait.

– QUELQU'UN ARRIVE ! »

Le BibliothécaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant