Chapitre 12 : "Zwölf"

31 1 0
                                    

Après une nuit inexistante parsemée d'essais futiles de déclencher mon Némésis, je me trouve sur le chemin du lycée. Je ne sais pas pourquoi je possède une tendance à remplir aussi peu mes nuits. Cette réflexion est rapidement interrompue par un ouragan blond qui me percute dans le dos, me faisant tomber à la renverse.

- Cleïa. Tu te sens obligée de me frapper chaque jour ? Je demande alors à l'ouragan en question.

- Tu sais très bien que je ne fais pas exprès ! Et pourquoi marches-tu toujours au milieu de la route en même temps ? S'asseyant sur mon dos où elle était tombée.

- On arrête la conversation là, je te donne raison, et on en a fini, ok ? Je lui dis en me tournant.

- Comme d'habitude donc ?

- Et ouais. Je suis soumis ou pas, que veux-tu. Mais maintenant pousse-toi, on va au lycée.

- Et si je ne veux pas me pousser ? Me dit-elle, en me regardant d'un air complice, presque sadique, et en se baissant mais beaucoup trop près de mon visage pour que le système corporel d'un adolescent – aussi sportif et irrationnel soit-il – ne le supporte.

- Putain Cleïa. Qu'est-ce que t'es en train de faire, là ? Je la repousse légèrement, pour éviter l'évanouissement émotionnel.

Donc... résumé descriptif rapide. Moi, allongé sur le dos sur le bitume, dans une rue très peu fréquentée à cette heure. Ma meilleure amie, également celle que j'aime à sens unique, assise sur mon estomac, et repoussée légèrement de la proximité perturbante avec mon visage (tenue par les épaules en éloignement suffisamment calmant). Donc, 1 : je suis très perturbé et comprends que dalle à ce qui est en train de se passer. 2 : putain à quoi elle joue ! 3 : cette fille est vraiment magnifique bordel. 4 : On va être en retard si ça continue.

- Qu'est-ce que tu voudrais que je sois en train de faire ? Grand sourire.

Vraiment la pire phrase qu'elle pouvait sortir. Putain Abys reprends-toi. Genre très vite, parce que là commence à y avoir un problème de réception cérébrale.

- T'as oublié quel jour on est ?

Eh merde. C'était le moins que je puisse dire, là. Les entraînements et toutes ces nouvelles m'avaient enlevé ça de la tête. 12 septembre. « 15 ans aujourd'hui, joyeux anniversaire Abys. » je me dis dans ma tête. Puis je la dévisage d'un air questionneur et surpris.

- Allons. Ne soit pas si surpris, je t'en prie. Mais où est passée la vraie Cleïa un peu distraite et certainement pas aussi séductrice !?

- 15 ans aujourd'hui, joyeux anniversaire Abys. Et là, elle me fait la chose que j'avais espéré le plus et à laquelle je m'attendais le moins. Elle m'embrasse. La folle ! Putain, mais... Mais... Mais... Cleïa, quoi ! C'est quoi ce bordel !? Elle se lève, me laissant allongé sur le béton et les graviers à contempler son dos. Oui, c'est actuellement le néant total dans ma tête. Une fois qu'elle est assez loin pour que je ne sois pas en mesure de la voir, j'arrive à me remettre à penser de façon logique. Je me relève, prêt à affronter tous les dangers d'un lycée en effervescence suite à une date coïncidant avec celle de ma naissance, et d'une fille au comportement inhabituellement séducteur. Mais c'est sans prévoir l'existence d'un ami potentiellement très lourd, même s'il peut être très sympa par moments. Ah, Vlad merci beaucoup pour cette incomparable mandale foutue dans ma tête de lycéen choqué, sous une phrase d'anniversaire. Merci, kamarad, d'avoir pensé à ça, et d'être la deuxième personne à me faire m'évanouir aujourd'hui. « Je sais pas pourquoi, je la sens bien cette journée » me suis-je alors mis à penser, avant le noir complet.

Au bout d'une heure, je m'en tire avec des excuses de la part de Vlad, un bandage sur le front, et une réflexion sentimentale en miettes, mais je suis bien au lycée (1 heure en retard mais bien au lycée). J'arrive donc en plein milieu d'un cours d'histoire qui explique gentiment que les communistes étaient méchants, que Boukhanine et Marx sont des diables... Sentant à trois kilomètres de loin la niaiserie de ce cours, je pars m'asseoir au fond de la classe ayant comme programme de passer mon temps à jouer avec une lame plutôt qu'à écouter une professeure aussi niaise. Problème. Il y a quelqu'un à ma place. Quelqu'un que je ne connais pas. Des cheveux bleus courts, des yeux espiègles et un mètre soixante-quinze de concentré d'arrogance remarquable par des jambes bien trop découvertes pour une simple nouvelle élève. Je fais donc part de ma contradiction à cette semblante de salope en devenir – le matin m'avait un peu énervé – d'une façon assez subtile :

- Excuse-moi. Je suis assis ici d'habitude. Je peux savoir ce que tu fais à ma place ?

- Bah j'écoute le cours. Me répond-elle en me fixant d'un air d'éxaspération.

Je déteste déjà cette fille.

- Je ne voulais pas dire ça comme ça. Je souhaitais plutôt que tu dégages tout de suite, histoire que je puisse m'asseoir à MA place. Je réessaie.

- Tu voudrais te battre ? Vas-y, frappe-moi. Lance-t-elle en se levant.

Je précise que je ne tenais pas à en arriver là à la base. Je ne souhaitais pas commencer cette journée par une fille trop séductrice rapport à d'habitude, un ami qui me fout dans les vapes, et maintenant me battre avec une aguicheuse arrogante aux cheveux bleus à 9 heures du matin.

- Je n'ai pas besoin de te frapper pour te faire dégager.

Et là je commets l'erreur de ma vie. J'essaie d'activer mon Némésis, et pour la première fois en une nuit, ça marche. Mais l'effet obtenu n'est pas celui escompté. En gros,au lieu de simplement la plaquer contre le mur avec une petite charge, je la fais voler contre le mur qui se fendille, quasiment tout prend feu, mais un espace de 50 centimètres autour de moi reste intact. Instantanément, tous les élèves partent en courant, suaf Vlad qui reste immobile.

Je rejoins mon ami, et après une dizaine de secondes sans bouger, une voix vient nous sortir d'une torpeur commune.

- Oh, God. Je n'aurais pas cru que c'était toi, en même temps, avec une dégaine pareille, Abys Eftrass.

Vlad et moi nous retournons simultanément, apercevant dans la fumée une silhouette féminine aux cheveux bleus courts hérissés sur son crane. Putain de merde. D'une elle est pas tombée dans les vapes, et de deux elle est quasi nue. Déjà de base il y avait pas grand-chose, mais là le short est encore plus « mini », le tee-shirt part en lambeaux, mais cachant encore la poitrine et à peu près la moitié du ventre. Je ne sais pas ce qui est le plus choquant. Que ce soit une putain de bombe mais qu'elle me fasse rien, qu'il soit possible d'être aussi peu vêtue sans être nue, ou qu'elle ait réussi à rester consciente. Mais un élément avant caché par l'ancienne longeur du short sur l'abducteur de sa cuisse gauche les dépasse tout les trois. Je viens de remarquer un 12 en police gothique tatoué à cet endroit.

Voyant que je l'ai remarqué, elle me lance :

- Et ouais. Zwölf Schwert, Lardya Eftrass.

_____________________________

Sorry pour le retard, en plus ça fait une semaine que le chapitre est prêt mais la flemme dépasse tout. En tout cas joyeuses Pâques tout le monde, je sais pas quand sortira le prochain - mais alors pas du tout - alors passez de bonnes fêtes de fin d'année.

Aruuma


AbysOù les histoires vivent. Découvrez maintenant