Chapitre 6

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29 novembre 2008, 17h12 :

Pia repoussa ses cheveux à présent roux et mi-longs sur une épaule, et sortit de l'Ecole de Journalisme sans prêter attention aux murmures et regards qui lui étaient adressés. Elle descendit doucement les marches qui menaient au bâtiment, avant de sourire en apercevant l'homme qui était nonchalamment appuyé contre sa voiture garée juste en face d'elle. Elle sauta presque au bas des trois marches restantes et alla le rejoindre. Il l'enlaça avant de lui ouvrir la portière côté passager et de la faire monter. Il grimpa sur le siège conducteur et ramena la jeune fille chez elle.

-Mes parents sont absents. Dit-elle en regardant les fenêtres fermées, et les rideaux tirés.

-Tu m'invites donc ?

Elle tourna la tête vers lui et sourit avant de lui faire un signe de la main pour l'inciter à sortir de la voiture.

-Allez, viens !

Il sourit à son tour et suivit la jeune fille à l'intérieur de chez elle, fermant la porte derrière eux. Il se débarrassa de sa veste, et restèrent ainsi debout, l'un à côté de l'autre dans un silence gêné.

-Tu... hm... tu veux boire quelque chose ? Du thé peut-être ?

-Ce... ce serait parfait.

Elle tourna les talons et se dirigea vers la cuisine, le laissant seul quelques instants. Il soupira et s'affala sur le canapé, regardant autour de lui. Elle revient avec deux tasses fumantes qu'elle posa sur la table basse, avant de s'asseoir à côté de lui en enlevant ses ballerines pour se mettre en tailleur.

-Tu te rends compte qu'on se retrouve à fêter ta première couverture de magasine avec des tasses de thé à la cannelle ?

-J'ai des cupcakes si tu veux.

Il sourit largement en la regardant s'éclipser de nouveau pour revenir avec une assiette pleine de pâtisseries.

-On regarde un film ? Demanda-t-elle la bouche pleine.

Il acquiesça, et elle alluma la télévision en zappant à travers les chaînes jusqu'à trouver un film

acceptable se blottissant dans les bras du photographe. Il entoura sa taille de ses bras et posa sa tête sur la sienne, humant l'odeur de ses cheveux.

Il la secoua doucement quand le film se termina, pour constater qu'elle s'était endormie. Il éteignit la télé et l'emmena dans ce qu'il supposait être sa chambre, la déposant sur le lit avant de partir, lui laissant un dernier baiser sur le front.

4 mai 2010, 8h29 :

Jack tournait continuellement son café dans sa tasse, fixant le liquide sombre et brûlant d'une intensité fervente. Il en bût une gorgée, et laissa le breuvage descendre le long de sa gorge tout en fermant les yeux. Ils s'étaient rapprochés de plus en plus, dangereusement. Il avait presque envie de courir pour franchir les deux malheureux mètres qui les séparaient encore, mais il conservait son rythme de marche soutenu. Au lieu de l'ignorer, elle garda son regard de glace rivé sur lui, du coin de l'oeil. Elle pinçait les lèvres de temps en temps, et, quand elle sentit son regard brûlant sur elle, et détourna rapidement les yeux. Ils étaient à moins d'un mètre l'un de l'autre. Il étendit sa main au moment où elle passait à côté de lui, effleurant la sienne doucement. Il la sentit frissonner au contact, mais son visage avait toujours la même rigueur. Au moment où ils allaient se séparer, il sentit ses ongles lui griffer la peau, tendrement.

Il pressa ses mains sur ses yeux, essayant de chasser cette vision qui le hantait, et bût une longue gorgée de café espérant qu'elle lui ferait oublier, mais non. Il ne pourrait pas oublier. De son plein gré, contre son gré il ne pouvait pas. D'ailleurs, sa peau le brûlait toujours à l'endroit où elle l'avait touché.

-Bonjour !

Il leva la tête, et vit une jolie rousse qui avait pris la place face à lui, et pourtant ce n'était pas les tables qui manquaient de ce café.

-J'ai vu que tu était seul, je suis venu te tenir compagnie.

Il la regarda attentivement, et, sans prévenir se leva brusquement et sortit du café. Il marcha rapidement à travers la foule dense de new-yorkais qui allaient travailler et se retrouva devant le bâtiment qui abritait le magazine pour lequel il devait faire une séance photo. Il installa son matériel, et attendit, le modèle n'étant pas encore sortit de la loge de maquillage-coiffure. Il soupira, espérant juste que ce n'était pas une de ces mannequins blondes aux portes de l'anorexie, prétentieuses et agaçantes.

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