Chapitre 1

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Un son. Une musique. Un air que l'on n'oublie jamais, comme une berceuse que l'on nous chante depuis notre plus jeune âge. Une sensation de légèreté. L'impression de pouvoir voler encore plus haut que le ciel ne nous le permettra jamais. Une envie irrésistible de se lâcher, de vivre enfin sa vie. Cette liberté qui se réveille peu à peu à chaque note jouée. Cette tristesse lorsque cela se termine et cette euphorie lorsque la mélodie repart. Ce désir de rire aux éclats. Un bonheur que l'on n'oublie pas. Une joie dont on ne veut plus se séparer. Cette euphorie qui devient comme une drogue dont on est dépendant.

On ne se souci plus de rien à ce moment-là. La seule chose qui compte à nos yeux, c'est cet instrument qui nous emmène au - delà des limites, au - delà des frontières, au - delà de tout ce qui est trop réel dans ce monde. Plus rien ne peut t'arrêter. Pas un mûr, pas une barrière. Plus aucun obstacle ne peut t'empêcher de réaliser tes rêves.

Il suffit d'y croire.

Ses yeux s'ouvrirent, l'écho des paroles murmurées par cette étrange voix résonnant dans sa tête. Elle se revoyait dans sa vision, autour d'un feu de camp, en train de danser et de rire aux éclats avec des adolescents dont elle ignorait le nom. Elle arrivait à sentir sous ses pieds nus chaque brindilles, chaque feuilles et chaque grains de sable. L'odeur des pins chatouillait encore ses narines. Il lui semblait même entendre au loin, emportée par une légère brise, cette envoûtante mélodie qu'elle connaissait si bien.

  À vrai dire, elle l'avait toujours connue, sans forcément qu'on la lui apprenne. Elle se souvenait très bien de ce jour où, aidant sa tante à cuisiner, elle sifflotait joyeusement cet air, comme si de rien n'était. Elle avait alors entendu le bruit d'une assiette se briser. Sa tante Regina semblait surprise, presque choquée. Immédiatement, elle avait appelé ses parents pour les prévenir.

Depuis ce jour, la jeune fille était suivie par le même psychologue qui s'était occupé de son frère, quelques années auparavant. Au début, elle devait juste raconter sa journée, parler de ses amis, de ce qu'elle aimait faire... Mais il n'y avait rien d'extraordinaire. À part aller à l'école, rester seule et lire, elle ne faisait pratiquement rien. Et lorsque le psychologue lui demandait pourquoi, elle répondait qu'elle était très bien toute seule, qu'elle était heureuse comme ça. Car la vérité était qu'elle avait peur que les enfants ne deviennent ses amis seulement pour la réputation de ses parents.

  Au fur et à mesure des années, les choses évoluèrent de façon incompréhensible pour tout le monde. Très tôt déjà, elle avait acquis des compétences incroyables en ce qui était du domaine scolaire, elle s'intéressait à tout et voulait vraiment tout faire. De la danse, du chant, de la boxe, de la musique... Sa manière de s'exprimer était parfaite, son raisonnement, sa logique...Ses parents insistèrent longtemps auprès du médecin pour lui faire passer un test afin d'évaluer son QI. Seulement, ils avaient toujours eu le droit à la même phrase :

" Navré, mais à chaque fois que j'essaye de lui en faire passer un, même en douce... Elle comprend et refuse de continuer plus loin. Elle trouve ça ennuyeux. Je crois qu'elle a peur d'être différente ou... Je sais pas, vraiment, cette enfant est très difficile à cerner. »

  Les deux adultes, étaient à chaque fois inquiets d'apprendre que même La Conscience n'arrivait pas à aider leur fille. Ils se sentaient coupables, persuadés qu'ils avaient fait une erreur quelque part avec elle. Mais, ils s'accrochaient. Malgré leurs craintes, ils voulaient à tout prix assurer la protection et le bonheur de leur fille.

  Seulement un jour, ils la surprirent seule, dans sa chambre à parler. À qui ? Ils ne savaient pas. Au début, ils se disaient qu'il ne s'agissait que d'amis imaginaires. Étant plutôt solitaire, elle en avait sûrement besoin. Mais un jour, alors que la petite famille faisait un pique-nique prêt du lac, la jeune enfant s'éclipsa. Tout le monde la chercha un long moment pour au final la trouver à l'autre bout du lac, à moitié dans l'eau, prête à plonger alors qu'elle ne savait même pas nager. Ses parents paniqués, l'avaient tout de suite écartés du bord. Sur le coup de la colère ils avaient haussé le ton, provocant ainsi les larmes de la jeune fille :

Peter Pan - Le prix à payer Où les histoires vivent. Découvrez maintenant