Chapitre 10

404 26 20
                                    

  Au début,  lorsque Peter avait parlé d'un village indien, Aerin se l'était immédiatement imaginé plein de vie. Avec des tipi aux couleurs flamboyantes, des totems imposants dans lesquels des animaux auraient étés sculptés à la main, des enfants courant un peu partout, des chevaux broutant dans les prés, un immense feu de joie, le son des tam-tams, l'odeur du tabac, etc... Mais hélas,  la réalité était beaucoup plus sombre.

  Il n'y avait que des vieux rondins de bois, sur lesquels étaient suspendus des haillons aux couleurs fades et tristes. Les totems quand à eux, étaient soit détruits, soit étendus au sol, comme des corps sans vie. Pas l'ombre d'un enfant, d'un animal. Rien. La seule chose que l'on pouvait entendre était le vent. Il soufflait, murmurait les paroles d'une chanson que personne ne pouvait comprendre. La jeune fille fronçait les sourcils, tout en regardant autour d'elle. On aurait dit qu'une tornade était passée par ici. Elle sursauta légèrement en sentant une petite main se glisser dans la sienne, avant de se rendre compte qu'il s'agissait de Jean.

  Le petit garçon reniflait, les yeux rouges et le visage inondé de larmes silencieuse. Prise par un élan de pitié et de compassion, Aerin décida de le porter dans ses bras, tout en suivant le groupe. Il passa ses petits bras tout maigrelets autour de son cou, se blottissant au maximum :

" On va les retrouver, je te le promet.
- Tu crois qu'ils sont tous vivants..? Demanda-t-il avec une petite voix. Je veux dire... J'ai peur pour mon amie.
- Ne t'en fais pas. Je suis sûr qu'il va bien.
- Elle. C'est une fille. Elle s'appelle Lili. Et c'est la fille la plus courageuse que je connaisse... Après toi. "

  Même si les circonstances étaient terribles, la jeune fille ne pu s'empêcher de sourire. Jean était adorable. Et puis, elle était confiante. Maintenant qu'elle savait maîtriser le feu, elle se sentait plus forte, et capable d'affronter n'importe qu'elle situation. Elle embrassa son petit protéger sur la joue, sous le regard attendrit de Tristan, qui n'avait rien raté de la conversation.

  Ils marchèrent un certain temps, avant d'arriver devant le seul tipi encore en bon état - même s'il avait perdu ses couleurs -. Devant celui-ci, deux hommes tenant une lance et portant plusieurs colliers de différents composants montaient la garde. Peter demanda aux enfants de l'attendre, et il alla échanger quelques mots avec eux. Lentement, les indiens sortirent de leurs cachettes, curieux de connaître la raison de leurs venus. Ils étaient dans un état lamentable. Leurs peaux étaient toutes plus sales les unes que les autres, et étaient recouvertes d'une sorte de boue grise ayant durcie. Mais le plus choquant était leurs blessures. Certains avaient le bras complètement ouvert, d'autre un membre en moins... Un simple petit bout de tissue faisait généralement office de pansement, et une branche d'attelle. Aerin se tourna vers Jean qu'elle avait posé. Il cherchait désespérément la jeune Lili des yeux, sans jamais la trouver. Au fond, l'adolescente pensait que c'était mieux ainsi. Elle ne voulait pas que Jean soit traumatisé s'il venait à voir son ami avec le corps mutilé.

  Peter revint rapidement vers eux, leur annonçant que le chef ne tarderait pas à venir. Et il avait raison. Après cinq minutes d'attentes, l'entrée du tipi s'ouvrit. Devant eux, apparut un homme à la carrure imposante. D'après Aerin, il devait facilement faire un mètre quatre-vingt-dix. Ses cheveux noirs avaient été tressés, et il portait un immense chapeau parsemé de plumes sur la tête. Il était le seul à ne pas être blessé, ce qui étonna légèrement Aerin. Il avançait vers eux, accompagné de ce qui devait être des servantes. Trop occupée à analyser l'homme, elle ne vit pas que tout le monde s'était agenouillé. Si Tristan ne le lui avait pas fait remarqué, elle serait surement restée debout durant une bonne vingtaine de minutes. Après s'être assis sur ce qui devait être autrefois un trône, le chef s'adressa à Peter :

" Peter Pan.  Le vent ne se trompait donc pas lorsqu'il annonçait ton retour parmi les vivants. Par quelle tour de passe-passe as-tu donc réussi cet exploit ? 

Peter Pan - Le prix à payer Où les histoires vivent. Découvrez maintenant