Jamais séparés

9

Il est environ dix-huit heures trente. J'entends la porte d'entrée s'ouvrir : papa vient juste de rentrer. Je suis toujours en jogging, assise sur le canapé, et je regarde un feuilleton télévisé.

- Salut la compagnie ! s'écrie-t-il pour que tout le monde l'entende.

Mon petit frère descend lui dire bonjour puis s'apprête à remonter dans sa chambre quand maman l'interpelle :

- Thomy va vite te changer.
- Mais pourqu...
- Bonjour mon chéri, dit ma mère en déposant un baiser sur les lèvres de mon père. Ce soir, les voisins nous ont gentiment invités à dîner chez eux. Tu as trente minutes pour te préparer. Thomas, que fais-tu encore dans les escaliers ?! s'exclame-t-elle en tournant la tête ce dernier.

Quelle agitation... Et tout ça pour un petit repas entre voisins... J'augmente le volume de la télévision, n'entendant rien; quand quelqu'un me prend la télécommande des mains et éteint l'appareil.

- Mais...
- Alyson, montre l'exemple et habille-toi !
- Mais maman, je suis habillée...
- Pas de discussion, va te changer. Tu ne vas tout de même pas arriver chez eux dans cette tenue, dit-elle en regardant mes vêtements.
- Bah, je ne vais pas chez eux.
- Tiens donc, et pourquoi pas ?
- Je suis privée de sortie non ? J'aimerai respecter ma punition alors...
- Alyson, arrête de te foutre de moi; là on est invités, ce n'est pas la même chose, s'impatiente ma mère.
- Ah, eh bien, puisque tu en parles... Mes amis m'ont invitée au bowling, demain... Alors, je me disais que je pouvais sûrement y aller, puisque c'est une invitation; n'est-ce-pas ?
- On verra ça plus tard, vas te changer.

Je monte à l'étage et détaille mon dressing du regard. Puisque le jogging n'est apparemment pas une tenue convenable pour ma mère; je vais porter une tenue plus que convenable.
J'attrape une robe noire qui a un léger décolleté. Elle m'arrive au niveau des genoux; je juge donc inutile de porter des collants avec. De la dentelle orne les manches longues ainsi que le haut de mon dos. Je bouge un peu ma cheville, essayant de repérer une quelconque douleur : rien. Je retire alors mon bandage est enfile des escarpins noirs.
Je détache mes cheveux et les lisse rapidement. En ce qui concerne le maquillage, je me mets une légère touche de mascara; cela suffira amplement. Me voilà prête.
Lorsque je descends les escaliers, maman me fixe un instant et me lance :

- Tu n'avais rien de plus simple ?
- Si, un jogging, répondé-je en souriant pour l'énerver.

Maman soupire.

- Julia, tu peux m'aider avec ça ? demande papa en arrivant dans la pièce, des roses de notre jardin dans les mains.
- Ne touche pas les épines !
- Vous faites quoi en fait ? demandé-je.
- Ton père n'aime pas arriver chez les gens les mains vides; donc il est allé cueillir des fleurs, me répond ma mère.
- Hmm. On pourrait leur offrir ça, dis-je en désignant les cookies.
- Bien sûr, leur offrir le cadeau qu'ils nous ont offert; très intelligent, répond-elle en levant les yeux au ciel.

Mon père et moi rions, c'est vrai que c'est stupide comme idée. Une fois toute la famille prête, nous quittons la demeure pour aller chez les Carter.
A peine ai-je le temps de frapper à la porte que cette dernière s'ouvre laissant apparaître Tyler. Ou Matthew.

- E-euh... Sa-salut euh... Toi, bégayé-je en tentant d'avoir l'air naturelle.
- C'est Matthew, répond-il en souriant, juste avant de me m'embrasser sur la joue. Entrez, dit-il à l'intention de tout le monde.

Nous entrons. Cela me fait bizarre de ne pas voir les meubles de monsieur et madame Wisley. J'ai encore du mal à me faire à l'idée que ce n'est plus leur maison.

- Tyler descends saluer nos invités s'il te plait ! crie une jeune femme en arrivant devant nous.
- Bonsoir, dis-je.
- Bonsoir, je suis Jenna, la tante de Matthew et de Tyler, dit-elle en me faisant la bise.
- Bonsoir, ajoute mon père en lui tendant le bouquet de roses rouges.
- Oh, merci beaucoup, il ne fallait pas.