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    J'ai passé pratiquement toute l'heure à réfléchir à ce qu'il vient de se passer. J'en suis arrivée à une conclusion; la seule qui me paraît logique : Tyler est complètement et irrémédiablement fou. Je sors la première de la classe, mon sac à main accroché au bras et me fais mentalement la liste des devoirs que j'ai à faire pour lundi. Je file direction mon casier; sans vraiment regarder où je mets les pieds. Je percute alors quelqu'un et fais tomber son téléphone qu'il avait dans les mains. C'est sûrement un garçon, si j'en crois l'odeur du parfum qui emplit mes narines. Son parfum.

- Non mais tu peux pas faire attention ?! Regarde où tu vas c'est pas compliqué imbécile ! me crie l'individu, visiblement très en colère, sans se donner la peine de me regarder.

    Ce même individu qui m'a faite verser des litres et des litres de larmes. Il va récupérer son petit appareil, et je baisse la tête; honteuse. Je ne veux pas qu'il me reconnaisse, je ne veux pas croiser son regard. Cachant mon visage avec mes cheveux, je passe à côté de lui en lui murmurant un "désolée" presque inaudible. Malheureusement pour moi, l'adolescent m'attrape par le bras, ce qui me force à me retourner.

- Désolé Aly, je n'avais pas vu que c'était toi. Excuse-moi.

    J'hoche la tête et fixe le sol; qui me paraît soudainement très intéressant.

- Alyson, regarde-moi s'il te plait.
- Je suis préssée, répondé-je sans lever les yeux et en tentant de me libérer de son emprise.
- Alyson, répète-t-il.

    Je regarde alors dans les yeux; pour la première fois depuis presque un mois. Quelques secondes suffisent pour faire remonter à la surface des centaines et des centaines de souvenirs; et ainsi inonder mes yeux d'un liquide que je connais bien maintenant.

- Comment tu vas ?

    Comment peut-il me demander comment je vais ? Comment je vais depuis qu'il m'a quittée ? Depuis qu'il m'a abandonnée du jour au lendemain ? Depuis qu'il m'a détruite sous prétexte que monsieur avait ses sentiments qui changeaient ? Depuis que je ne mets presque plus les pieds chez ma meilleure amie car je ne veux pas montrer que je souffre plus que je ne le devrai ? Comment je vais depuis que j'ai appris qu'il était déjà heureux avec une autre ?

- Bien, merci. Et toi ? finis-je par répondre.

    Je ne lui montrerai pas ma faiblesse. Hors de question de lui montrer que la plaie est encore grande ouverte. Hors de question de lui montrer que je suis vulnérable.

- Ça va, répond-il.
- Bon...
- Bon... dit-il sur le même ton.
- A plus Marck, lancé-je.
- A plus Alyson.

    Alors voilà à quoi vont se résumer toutes nos conversations désormais ? Des phrases courtes; des mensonges pour ma part. Après tout, au final, notre relation n'était-elle pas le plus gros des mensonges ?
Je file tout de même à mon casier. Caroline m'a dit qu'elle avait quelques courses à faire avec sa mère, mais je pourrais venir chez elle un peu plus tôt que prévu, dans l'après-midi. Tant mieux, j'ai vraiment besoin de me confier à elle. Un garçon me rejoint alors :

- Dis; tu sais que tu m'as envoyé dans la mauvaise direction tout-à-l'heure ?

    Tyler. Je commence à en avoir marre qu'il me prenne pour une idiote celui-là.

- C'est vrai ? Oh mince, quelle étourdie je fais... Mes plus plates excuses; dis-je.
- A cause de toi on ne m'a pas accepté en cours; je suis arrivé avec vingt minutes de retard.
- T'en as pas marre de t'inventer une vie ? m'impatienté-je en refermant mon casier.
- Hein ?
- Je t'ai vu en cours.
- N'importe quoi ! J'ai passé l'heure au B.V.S (Bureau de Vie Scolaire).
- Et moi j'ai de la barbe et huit orteils sur le pied droit, dis-je en levant les yeux au ciel.
- Oh, euh... Ça ne doit pas être terrible, répond-il sur un ton dégoûté.
- Crétin !

Jamais séparésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant